Depuis la semaine dernière, une campagne politique est lancée sous le hashtag #petrocaribechallenge. À travers cette mobilisation virtuelle, orchestrée par des politiciens notamment, des internautes demandent des comptes. Kote lajan Petwo Karibe a? (En français : où est passé l’argent de PetroCaribe ?), voilà la question qui revient en boucle sur les réseaux sociaux. Derrière cette infâme
Depuis la semaine dernière, une campagne politique est lancée sous le hashtag #petrocaribechallenge. À travers cette mobilisation virtuelle, orchestrée par des politiciens notamment, des internautes demandent des comptes. Kote lajan Petwo Karibe a? (En français : où est passé l’argent de PetroCaribe ?), voilà la question qui revient en boucle sur les réseaux sociaux.
Derrière cette infâme campagne politicienne, deux sources de motivation ont été décelées. D’abord, un secteur politique, appuyé par des hommes d’affaires sans vision ni devoir envers Haïti, qui tente de salir l’image de certains Haïtiens qui avaient dignement servi leur pays. Ce groupe est donc motivé par un seul but : conquérir le pouvoir par tous les moyens, maintenir la domination économique. Manipulations, mensonges, falsifications de données, ce secteur ne recule devant rien. Enfin, un autre secteur qui se laisse, par ignorance, manipulé consciemment ou inconsciemment. Donc, pure plaisanterie!
Voilà ce qui explique le caractère viral des interrogations les unes plus fausses que les autres sur les réseaux sociaux.
Kote lajan Petwo Karibe a? (En français : où est passé l’argent de Petrocaribe ?). La question est quand même intéressante pour qui veut véritablement savoir sans états d’âme.
En guise de réponse, commençons par dire que : l’accord de coopération PetroCaribe lancé en 2006 par feu Hugo Chavez permet à certains pays des Caraïbes et d’Amérique latine de s’approvisionner en produits pétroliers à un coût préférentiel et de payer leurs factures sur une période de 15 à 25 ans à un taux d’intérêt de 1%.
Le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD) qui est responsable de cet accord sert d’interface entre le fournisseur Petroleos de Venezuela S.A (PDVSA) et les compagnies pétrolières locales. Le BMPAD fait l’acquisition des produits pétroliers vénézuéliens et les vend aux compagnies haïtiennes qui disposent d’un délai de 30 jours pour payer l’institution étatique 100% des montants facturés.
Les modalités de paiement au Venezuela sont ainsi définies : une portion en cash payable dans un délai de 90 jours. La portion financée est payable sur le long terme. Économie faite de certains détails non moins importants!
De René Préval (2008) en passant par l’administration Michel Martelly (2012-2016) jusqu’à Jocelerme Pivert (2016), les fonds PetroCaribe ont servi au financement d’un nombre important de grands projets, soit trois cents (300) environ.
De septembre 2008 à septembre 2016, l’État haïtien a signé quatorze (14) résolutions engageant un montant de 1, 605,905 287,04 dollars américains.
Le saviez-vous?
Grâce aux fonds PetroCaribe, l’État a construit à travers tout le pays une trentaine de lycées, réhabilitant ainsi un nombre également important. Entre constructions et réhabilitations de kilomètres de route dans la Capitale jusque dans les zones les plus reculées, environ une vingtaine de projets y relatif, exécutés ou en phase de l’être sont dénombrés.
N’en parlons pas des bâtiments publics, certains achevés et d’autres encore en construction. Ne citons même pas les centres sportifs, une vingtaine environ, construits dans les différentes régions, les places publiques construites ou réhabilitées; les constructions de ponts d’envergure (une quinzaine construite seulement dans le département du Nord-Ouest); les aéroports construits et rénovés…
- Réhabilitation de certaines Prisons, commissariats de police et Tribunaux;
- Réhabilitation de la Route Nationale 1 : Frecyneau/Saint-Marc/Bigot (Gonaïves);
- Réhabilitation de la route de Miragoane-Petite Rivière des Nippes;
- Réhabilitation du tronçon Fermathe-Montagne Noire;
- Adoquinage des rues Fort-Liberté à Ouanaminthe;
- Réhabilitation de la Route Hasco La Saline/Base Navale Amiral Killick;
- Réhabilitation et entretien de la route Baie de l’Acul/Barriere battant/Milot (RN3);
- Construction au niveau de la route Carrefour Puilboreau/Marmelade;
- Réhabilitation de la route de Frères;
- Construction du Wharf de Petit-Goave;
- Réhabilitation du Wharf de Jeremie;
- Rénovation des routes du Village Artistique Nouailles à Croix-des-bouquets;
- Réhabilitation du Ciné Triomphe;
- Rénovation de l’Aérogare Guy Malary;
- Rénovation du gymnasium Vincent;
- Réparation des ports des Cayes;
- Remise en état et construction des SAEP (Nord, Sud-est, Nippes, Artibonite, Centre, Sud, Ouest, Nord-est, Grande-Anse);
- Réhabilitation de la route Colladere/Cerca Carvajal;
- Construction du viaduc de Delmas/Nazon;
- Réhabilitation et entretien des rues de la zone metropolitaine de Port-au-Prince;
- Constructions de plusieurs ponts (La Vallée de Jacmel, Marigot/Peredo, Roseaux, Voldrogue, Haut du Cap…);
- Réhabilitation de la Place Occide Jeanty;
- Réhabilitation de la route de Tabarre;
- Construction des Ministères de l’Intérieur et du commerce;
Toutes ces réalisations et d’autres encore ont été possibles grâce au programme Petrocaribe. Que dire des programmes sociaux dont des milliers d’Haïtiens ont été bénéficiaires : EDE PEP, TI MANMAN CHERI, KORE ETIDYAN… A ceux qui ne sont pas de mauvaise foi, s’ils ne savent pas où est passé l’argent de PetroCaribe, c’est peut-être parce que les multiples réalisations, les infrastructures construites à partir des fonds vénézuéliens ne portent, malheureusement pas, l’étiquette PETROCARIBE.
La grande partie non-visible de l’iceberg
Depuis plusieurs années, le Trésor public subventionne l’Ed’H à hauteur de plus de 200 millions de dollars chaque année pour lui permettre de faire face à des obligations envers les compagnies indépendantes de production d’énergie électrique (SOGENER, E-Power, Haytrac). Voilà ce que coûtent à l’État haïtien ces trois fournisseurs de courant à eux seuls sur une année, et ce, depuis dix ans. Il s’agit là de fonds en provenance de PetroCaribe.
Qui plus est, ces compagnies qui sont dénoncées par le Président de la République, Jovenel Moïse, comme des ‘’vendeurs de blackout’’, sont bénéficiaires de contrats conclus avec l’État sur une très longue période. Par exemple, la SOGENER, dont Dimitri Vorbe est le directeur exécutif, gagne par mois plus de 14 millions de dollars américains, alors que les centrales Varreux I et Varreux II appartiennent à l’État, même si elles avaient été réparées par ladite compagnie pour un montant de 20 millions de dollars provenant du Trésor public.
De plus, selon une clause du contrat paraphé, la SOGENER bénéficie d’une garantie lui permettant de récupérer directement de la BRH son dû mensuel (12 à 14 millions de dollars), s’il advient que l’État haïtien soit en retard de paiement. Pas seulement! Les fournisseurs d’énergie électrique sont bénéficiaires d’exonération fiscale et douanière totale.
Alors qu’elle est bénéficiaire de clauses léonines, la SOGENER, selon un rapport de la commission de pilotage de la réforme du secteur de l’énergie, de 2012 à 2015 avait une dette envers l’État haïtien dont le montant total était de 154, 084, 985, 52 dollars américains. Quid de cette dette?
Cette compagnie, vendeuse de blackout depuis dix ans, se livre également dans des opérations de surfacturation aux dépens de l’État.
À la question : Kote lajan Petwo Karibe a? (En français : où est passé l’argent de PetroCaribe ?), la réponse est simple. Ces fonds ont servi à la construction d’écoles d’hôpitaux, d’infrastructures routières, à l’alimentation du pays en énergie électrique, à la mise en œuvre de programmes sociaux.
Le programme PetroCaribe a été mis au service de trois administrations Préval-Martelly-Privert, pour un total de six chefs de gouvernement, et les résultats sont palpables.
Les mauvaises langues, les détracteurs, les manipulateurs peuvent poursuivre leur campagne de dénigrement, d’assassinat de caractère, mais ce qui est fait est fait.
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