Présidentielle américaine 2024 : en Arizona, dans le comté de Maricopa, le vote sous haute surveillance

Présidentielle américaine 2024 : en Arizona, dans le comté de Maricopa, le vote sous haute surveillance

Le greffier du comté de Maricopa, Stephen Richer (au centre), le superviseur du district 3, Bill Gates (à droite), le shérif Russ Skinner (à gauche), lors d’une conférence de presse, à Phoenix (Arizona), le 4 novembre 2024. OLIVIER TOURON / AFP Il a la mine de ceux qui ont beaucoup vu et beaucoup encaissé. « Quatre ans. On

Le greffier du comté de Maricopa, Stephen Richer (au centre), le superviseur du district 3, Bill Gates (à droite), le shérif Russ Skinner (à gauche), lors d’une conférence de presse, à Phoenix (Arizona), le 4 novembre 2024.

Il a la mine de ceux qui ont beaucoup vu et beaucoup encaissé. « Quatre ans. On est épuisés », soupire-t-il. A ce stade du dépouillement des bulletins – il s’agit encore des votes anticipés –, Stephen Richer, l’un des responsables des opérations, s’est permis une petite récréation à l’extérieur du bunker, le centre des élections du comté de Maricopa, dans l’Arizona (sud-ouest).

Il fait 23 °C, en milieu de journée, et les responsables électoraux de ce comté crucial pour l’Etat de l’Arizona, avec 62 % des électeurs, sont soulagés : aucun incident n’est venu alimenter la suspicion – paranoïa pour certains – des extrémistes sur le processus électoral. Il n’y a pratiquement pas de file d’attente devant les bureaux de vote : deux minutes en moyenne et il suffit de consulter l’application du comté sur son téléphone pour anticiper le temps d’attente dans chacun des 426 bureaux de vote et faire son choix.

Un seul accrochage a été signalé : quand le superintendant de l’instruction publique, Tom Horne, s’est approché à moins de 75 pieds (23 m) du bureau de vote du Community College de Paradise Valley. L’homme, âgé de 79 ans, essayait de recueillir des signatures pour sa campagne de réélection… en 2026.

Stephen Richer a le titre de « recorder » du comté : il dirige le bureau chargé de l’enregistrement des électeurs sur les listes électorales et de l’administration des votes par correspondance. Depuis l’ouverture du vote anticipé, le 9 octobre, il lui arrive de passer lui-même la nuit à examiner les bulletins, avant de poster des photos de piles d’enveloppes et de corbeilles sur les réseaux sociaux, par souci de transparence. Poursuivi depuis quatre ans par la vindicte des trumpistes, Stephen Richer n’a pas désespéré de faire comprendre au public qu’il est impossible de truquer les élections et que lui-même, républicain depuis toujours, et les citoyens recrutés pour le dépouillement font leur travail honnêtement.

Vue du parking du bunker situé sur Lincoln Avenue, au sud de Phoenix, l’élection 2024 – la soixantième depuis la fondation de la république – fait peine à voir. Le shérif du comté, Russ Skinner, en est lui-même désolé. « Vous voyez la différence avec 2020 », souligne-t-il, en déplorant le renforcement de la sécurité devenu nécessaire pour « assurer que la démocratie peut fonctionner ».

Vendetta contre les « traîtres »

Après l’élection de novembre 2020, des centaines de fidèles de Trump, en armes, avaient fait le siège du centre pendant plusieurs jours, sous le choc : pour la première fois depuis 1996, un démocrate, Joe Biden, s’emparait du bastion républicain qu’est l’Arizona. Ils étaient persuadés que l’élection était en train d’être « volée » à leur candidat à la faveur de la généralisation du vote par correspondance pendant la pandémie de Covid-19. Le milliardaire n’a jamais concédé sa défaite (de 10 457 voix seulement) et l’Etat est devenu le haut lieu des complotistes, des deniers (qui rejettent le résultat des élections) et des menaces de mort contre les employés électoraux.

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Corine Lesnes
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