Barbancourt

le rhum des connaisseurs

Bruce Noll et Linda Ilsemann sont restés coincés dans leur maison perdue dans la montagne pendant cinq jours. Une trentaine d’arbres arrachés par l’ouragan Helene, qui a dévasté le sud-est des Etats-Unis, bloquaient toute issue depuis vendredi 27 septembre. « Nous étions sans eau, sans électricité, sans Internet », confie le couple de septuagénaires, habitant de la région d’Asheville, en Caroline du Nord. Ils se savent chanceux, alors que la rivière en crue et les éboulements ont fait plus de quarante morts dans le comté.

Enfin libérés, ils se sont rendus pour la première fois, mardi 1^er octobre, à Asheville. Tout endimanchés, avec un seul objectif, se marier ce jour-là. Comme ils l’avaient prévu, cinquante-six ans pile après s’être rencontrés puis perdus de vue. L’officier du comté ne peut pas le faire, dans la ville à l’arrêt, mais leur suggère de trouver un officier assermenté par Internet. Ainsi vont les ruraux américains, valeureux face à l’adversité, et toujours déterminés. « Le gouvernement local essaie d’aider les gens, c’est bien », confie Bruce Noll, qui doute que la gestion de l’ouragan aura un impact électoral, comme toutes les personnes interrogées, occupées à reconstruire leur communauté.

Las, dans les campagnes électorales, il y a la réalité du terrain et le champ de bataille politique, qui a besoin de mises en scène emblématiques. Donald Trump a vite compris l’intérêt de se saisir des effets de cet ouragan meurtrier qui a fait plus de cent cinquante morts et ravagé, à la surprise générale, par ses pluies diluviennes trois Etats décisifs pour la présidentielle : la Floride, traditionnellement républicaine, mais surtout la Géorgie et la Caroline du Nord dont le destin se jouera à quelques dizaines de milliers de voix.

Emplois du temps modifiés

Le candidat républicain s’est rendu dès lundi 30 septembre en Géorgie dans la petite ville de Valdosta, prétendant à tort que l’administration Biden n’était pas joignable par le gouverneur local. Peu importe la contrevérité, il fallait lancer l’offensive. « Le président Trump a rencontré les victimes de l’ouragan Helene, a livré des fournitures de secours et offert son soutien total pour un rétablissement, alors que Kamala [Harris] a disparu », a accusé le camp Trump. « Missing in action », comme une soldate disparue. La chaîne conservatrice Fox News a relayé ce message avec d’autant plus d’efficacité que, pendant ce week-end meurtrier, la candidate démocrate était sur la côte ouest. M^me Harris a participé à un dîner auprès de donateurs en Californie et tenu meeting à Las Vegas, la ville du jeu et de la fête, bien loin de ces montagnes Appalaches qui se sentent trop souvent oubliées.

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