Quand Abinader marche sur les traces idéologiques de Trujillo

Quand Abinader marche sur les traces idéologiques de Trujillo

L’histoire sombre du « Massacre du Persil » de 1937, où entre 20 000 et 25 000 Haïtiens furent sauvagement exterminés en République dominicaine sous l’ordre de Rafael Trujillo, ne doit jamais être oubliée. Cette purge ethnique, conçue pour « blanchir » la population dominicaine, a profondément marqué les relations entre Haïti et la République dominicaine. L’idéologie raciste et anti-haïtienne de Trujillo, ancrée dans la haine de l’autre, trouve écho dans les politiques contemporaines du président Luis Abinader, bien que les méthodes aient changé avec le temps.

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Aujourd’hui, au XXIe siècle, la violence physique de Trujillo a été remplacée par des stratégies plus subtiles, mais tout aussi cruelles. Au lieu de machettes, les armes sont désormais les déportations massives, les répressions institutionnalisées et les lois discriminatoires. Sous le mandat d’Abinader, la République dominicaine a intensifié les déportations d’Haïtiens, souvent sans distinction entre migrants en situation irrégulière et citoyens dominicains d’origine haïtienne. Les rapports indiquent des violations des droits humains, des séparations de familles et des expulsions arbitraires.

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Le processus de déportation rappelle, d’une manière plus moderne, la volonté de purification ethnique de Trujillo. Sous couvert de gestion migratoire, on voit se dessiner une politique qui stigmatise et persécute les Haïtiens. À l’instar du tristement célèbre test du « persil » utilisé en 1937 pour différencier les Haïtiens des Dominicains, les procédures actuelles semblent également reposer sur des distinctions ethniques et raciales injustes, poussant ainsi à la marginalisation d’une partie de la population dominicaine.

Ce lien entre passé et présent soulève des inquiétudes légitimes quant à l’avenir des relations entre les deux nations. Si Trujillo a tenté d’anéantir les Haïtiens par le sang, Abinader semble chercher à les expulser par la bureaucratie et la force légale. Ces politiques sont-elles une réminiscence d’une idéologie ancrée dans l’histoire dominicaine, ou simplement une réponse à des défis migratoires ? Quelle qu’en soit la justification, ces actions rappellent douloureusement les fantômes du passé.

Il est impératif de rappeler que la persécution d’un groupe, quel qu’il soit, pour des raisons ethniques, religieuses ou culturelles, est une violation des droits humains fondamentaux. Le devoir de mémoire pour les victimes du massacre de 1937 est plus que jamais nécessaire pour éviter que l’histoire ne se répète sous une autre forme. C’est un appel à la justice, à la reconnaissance des erreurs du passé, et à l’urgence de protéger la dignité humaine dans toutes ses formes.

Si le gouvernement dominicain veut réellement tourner la page de cette histoire douloureuse, il doit s’efforcer de construire des ponts avec Haïti et cesser de perpétuer des politiques qui divisent et oppressent. Le devoir de mémoire, c’est non seulement se souvenir des victimes du passé, mais aussi éviter que d’autres ne subissent les mêmes injustices aujourd’hui.

La tragédie de 1937 reste un avertissement : tant que la haine ethnique est utilisée comme un outil politique, la paix entre les deux nations restera fragile.

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