Réforme des retraites : en cas de « blocage », « le référendum est une issue », affirme François Bayrou

Réforme des retraites : en cas de « blocage », « le référendum est une issue », affirme François Bayrou

Le premier ministre, François Bayrou, à l’hôtel Matignon, à Paris, le 26 février 2025. LUDOVIC MARIN / AFP Au premier jour des concertations entre les partenaires sociaux sur la réforme des retraites de 2023, dont le syndicat Force ouvrière a claqué la porte, François Bayrou a estimé, dans un entretien au Figaro jeudi 27 février, qu’en cas

Le premier ministre, François Bayrou, à l’hôtel Matignon, à Paris, le 26 février 2025.

Au premier jour des concertations entre les partenaires sociaux sur la réforme des retraites de 2023, dont le syndicat Force ouvrière a claqué la porte, François Bayrou a estimé, dans un entretien au Figaro jeudi 27 février, qu’en cas de « blocage » sur les retraites « le référendum est une issue ».

Le premier ministre y réaffirme que « si personne ne se met d’accord (…) on en restera au système antérieur, défini en 2023 ». Mais il n’exclut pas de recourir au référendum « si nous étions un jour en situation de blocage ». « J’ai toujours dit que lorsque des questions sont bloquées, lorsqu’il n’y a pas de résolution possible, le référendum est une issue », explique-t-il. « Il faut que nous nous interrogions sur une trajectoire, peut-être à vingt ans, pour arriver à un rééquilibrage, avec des méthodes différentes, novatrices », affirme-t-il encore.

Dans une lettre de mission envoyée mercredi soir, François Bayrou demande désormais aux partenaires sociaux de rétablir l’équilibre du système dans cinq ans − ce qui veut dire trouver 6 milliards d’euros d’économies supplémentaires d’ici à 2030. Jusqu’à présent le gouvernement demandait que les comptes ne soient pas « dégradés ».

Mais François Bayrou « refuse d’envisager la baisse des pensions », car « l’accepter, ce serait rendre impossible la réforme ». « La retraite, disait-on autrefois, est un salaire différé. Je fais droit à cette approche. » Il « ne pense pas » non plus qu’un système de retraite à points, comme ébauché par le gouvernement d’Edouard Philippe, « sera la solution adoptée, car elle est très exigeante ».

« Mais elle offrait trois avantages auxquels on peut réfléchir », suggère le chef du gouvernement : « L’équilibre financier nécessaire du système, le choix plus individuel du départ en retraite et la responsabilité donnée aux partenaires sociaux de gérer le système, du moins dans le privé. » Interrogé pour savoir s’il faut intégrer une dose de capitalisation au système français par répartition, il répond que « la plupart des organisations ne l’écartent plus ».

Quant à Force ouvrière, qui a claqué la porte des négociations une quinzaine de minutes après le début de la première réunion entre partenaires sociaux, notamment en raison de cette nouvelle demande du gouvernement de rétablir l’équilibre du système d’ici 2030, sa « place » reste « évidemment à la table, s’ils souhaitent y revenir », a précisé Matignon dans un message à l’Agance France-Presse.

« Nous ne participerons pas à cette mascarade »

Les responsables syndicaux Cyril Chabanier (CFTC), François Asselin (CPME), Frédéric Souillot (FO) et Michel Beaugas (FO) arrivent au ministère du travail, à Paris, le 17 janvier 2025. Les responsables syndicaux Cyril Chabanier (CFTC), François Asselin (CPME), Frédéric Souillot (FO) et Michel Beaugas (FO) arrivent au ministère du travail, à Paris, le 17 janvier 2025.

« Pour nous, c’est terminé. Nous ne participerons pas à cette mascarade où on veut nous faire dire qu’effectivement la seule solution, c’est d’allonger la durée de travail pour les salariés dans ce pays », a lancé le négociateur de FO, Michel Beaugas, en sortant des locaux des services du premier ministre, où se tenait ce rendez-vous.

Au début de la réunion, une fois tous les participants assis, M. Beaugas a demandé à faire une déclaration liminaire pour annoncer directement son départ, a-t-il dit à la presse. « Ni le format, ni le périmètre, ni la méthode [de ces concertations] ne nous conviennent » et la lettre envoyée mercredi soir aux partenaires sociaux par le premier ministre, François Bayrou, pour cadrer les débats « a fini par nous convaincre de ne pas venir », a poursuivi le syndicaliste.

De son côté, la CGT a demandé de son côté à la Cour des comptes de chiffrer le coût d’un retour à 62 ans, ce que cette dernière n’avait pas inclus dans son rapport publié la semaine dernière.

« Programme de travail » pour les trois mois à venir

Selon un courrier adressé aux participants par l’animateur des débats, Jean-Jacques Marette, les négociateurs auront droit jeudi à un « retour » sur ce rapport et établiront ensuite leur « programme de travail » pour les trois mois à venir. Autour de la table siégeront donc quatre syndicats représentatifs au niveau national (CFDT, CGT, CFE-CGC et CFTC) ainsi que l’UNSA, qui ne l’est pas, et le Medef, la CPME et l’U2P dans le camp patronal ainsi que la FNSEA pour les agriculteurs.

Parallèlement, lors d’un déplacement au Salon de l’agriculture, l’ex-président François Hollande a dit jeudi qu’il conseillait « vivement » au premier ministre de « rester silencieux » sur les négociations qui ont démarré, et de ne pas rendre « impossible l’exercice » qui est demandé aux partenaires sociaux.

François Bayrou a fait savoir dans son courrier que les parlementaires seraient informés de l’avancée des travaux « à échéances régulières ». Il a promis que si les partenaires sociaux parviennent à un accord pour amender la très impopulaire réforme de 2023, le texte sera soumis au Parlement.

Journée « ports morts » en France

Plusieurs ports français étaient par ailleurs perturbés jeudi en raison d’une opération « ports morts » décidée par la CGT-Ports et Docks, qui réclame des aménagements de la récente réforme des retraites pour les salariés du secteur. « Nous réclamons le respect des engagements sur la non-application aux dockers de la réforme des retraites, promise par le président Macron et Clément Beaune », alors ministre des transports, a déclaré à l’Agence France-Presse le secrétaire général des dockers et portuaires du golfe de Fos, Christophe Claret.

Mardi, le syndicat a adressé une lettre à Emmanuel Macron dans laquelle il réclame l’élargissement du dispositif amiante, permettant à certains dockers de prendre une retraite anticipée. Ce dispositif ne concerne actuellement que les salariés dockers ayant travaillé entre 1980 et 2004 dans neuf ports et court jusqu’en 2027. « L’amiante est toujours présente dans les ports : dans les navires, dans les containers, les marchandises, les hangars, les outillages », écrit le syndicat, qui estime que l’espérance de vie des travailleurs portuaires est inférieure de sept à huit ans à la moyenne nationale.

Le Monde avec AFP

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