La ministre du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, lors d’une visite au siège de France Travail, à Paris, le 4 février 2025. ABDUL SABOOR / REUTERS La ministre chargée du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a défendu l’idée « de travailler plus longtemps » et jugé que l’introduction d’une dose de capitalisation dans le système « doit
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La ministre chargée du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a défendu l’idée « de travailler plus longtemps » et jugé que l’introduction d’une dose de capitalisation dans le système « doit faire partie des sujets en discussion », dimanche 23 février, sur Franceinfo. Publié jeudi, le rapport de la Cour des comptes sur l’état financier du système de retraites, qui doit servir de base à trois mois de travaux des partenaires sociaux pour « revoir » la réforme des retraites de 2023, « montre qu’il y a une trajectoire financière inquiétante », a-t-elle dit.
« Un régime par répartition (…), quand il n’est pas équilibré, ce n’est pas un système soutenable », a encore déclaré la ministre. Interrogée pour savoir s’il faudrait, selon elle, aller plus loin que le décalage de l’âge légal à 64 ans, Astrid Panosyan-Bouvet a répondu : « Il faut regarder l’ensemble des leviers aujourd’hui, ça peut être la mesure d’âge, ça peut être la durée de cotisation, ça peut être la sous-indexation » des retraites par rapport à l’inflation.
Mme Panosyan-Bouvet a dit ne pas vouloir « préempter le débat » conduit par les syndicats et le patronat. Mais « ma préférence, elle est connue (…) Je pense que dans un dans un monde où il y a une espérance de vie en bonne santé » qui augmente, « il y a la nécessité de travailler plus longtemps, notamment pour aussi augmenter le taux d’emploi de nos seniors », a poursuivi la ministre macroniste. Sa ministre de tutelle, la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, Catherine Vautrin, a, elle, assuré dans La Tribune dimanche que le patronat et les syndicats auront toute latitude pour négocier sur la réforme des retraites, refusant de prendre position sur plusieurs pistes, dont l’introduction d’une dose de capitalisation.
« Ne pas interférer »
Des négociations vont s’ouvrir jeudi entre patronat et syndicats pour amender la très contestée réforme de 2023, qui avait fait passer de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite. Les négociations entre partenaires sociaux, à qui le gouvernement laisse jusqu’à « début juin », s’annoncent ardues, tant les positions sont antagonistes.
« Nous avons décidé de ne pas interférer », a dit Mme Vautrin au nom du gouvernement, affirmant « donner une feuille blanche aux partenaires sociaux » : « La balle est dans leur camp. » « Cela va se décliner très concrètement : nous ne serons pas présents pendant les négociations afin de laisser aux partenaires sociaux une totale liberté dans les échanges et les idées », a-t-elle promis, poursuivant : Notre seul objectif est de trouver les moyens d’aller vers l’équilibre financier. »
Catherine Vautrin a aussi refusé de considérer que le rapport de la Cour des comptes sur l’état financier du système des retraites, publié jeudi, constitue un désaveu pour le premier ministre, François Bayrou. La Cour des comptes a évoqué un tableau « préoccupant » mais a évalué le déficit à une quinzaine de milliards d’euros en 2035, alors que M. Bayrou avait évoqué plus d’une cinquantaine de milliards. « Le premier ministre a alerté sur le déficit de notre système de retraite, et ce constat est manifestement partagé par la cour », juge Mme Vautrin.
Interrogé lui aussi sur l’épineux sujet des retraites, le ministre du commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a toutefois lui aussi déclaré sur LCI dimanche que revenir sur l’âge de départ à la retraite à 64 ans pourrait être, à ses yeux, « une erreur très grave ».
Le Medef veut maintenir l’âge légal de départ à 64 ans
Pour les syndicats de salariés, la priorité est de revenir en arrière sur l’âge légal de départ en retraite, fixé à 64 ans. Le patronat exclut, lui, toute augmentation de sa contribution financière.
Le président du Medef, Patrick Martin, a défendu dimanche qu’il faudrait au minimum maintenir à 64 ans l’âge légal de départ, dans une interview donnée au Journal du dimanche. « Si l’on était réaliste, il faudrait peut-être même le pousser un peu plus loin », a-t-il ajouté. « Si l’on veut, dans la durée, assurer des pensions de retraite au même niveau qu’aujourd’hui, et donc préserver le niveau de vie des retraités, il n’y a pas 50 solutions : soit on augmente les cotisations des entreprises comme des salariés – pour nous, c’est non – (…), soit on augmente la durée de cotisation », a insisté M. Martin.
Par ailleurs, le patron du Medef a aussi insisté sur la nécessité d’une « unité du monde patronal » sur le sujet des retraites, quelques jours après que son homologue de la CPME, Amir Reza-Tofighi, s’est déclaré prêt à envisager un retour au départ à la retraite à 63 ans, à condition que cette mesure s’assortisse d’une indexation automatique de l’âge de départ sur l’espérance de vie. Amir Reza-Tofighi plaide pour « travailler plus », « ajouter une retraite par capitalisation » et aligner la contribution sociale généralisée des retraités sur celle des actifs.
La numéro un de la CFDT, Marylise Léon, s’est, elle, réjouie jeudi de passer « aux choses sérieuses » après la présentation aux partenaires sociaux du rapport de la Cour des comptes, qui écarte l’hypothèse d’un « déficit caché ». Toujours désireuse « d’un bougé sur l’âge », elle a déclaré que la « boussole » de la CFDT lors de négociations qui vont s’ouvrir serait d’« obtenir des choses concrètes » en insistant sur l’emploi des seniors. Sur le financement du système, la syndicaliste a jugé que le « problème, c’est les recettes ».
A la tête de la CGT, Sophie Binet a, elle, considéré que le rapport de la Cour des comptes offrait « un démenti cinglant aux chiffres farfelus qui avaient été retenus par le premier ministre ». « L’objectif de la CGT, c’est d’abroger » la réforme de 2023, ce qui coûterait « 10 milliards d’euros à horizon 2030 », un chiffre « tout à fait soutenable », a affirmé Mme Binet.
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