Ski alpin : le retour de la star Marcel Hirscher, entre prestige et sentiment d’injustice

Ski alpin : le retour de la star Marcel Hirscher, entre prestige et sentiment d’injustice

La légende du ski austro-néerlandaise Marcel Hirscher entretient le doute quant à son retour à la Coupe du monde de ski à Sölden (Autriche), le 27 octobre 2024. JAVIER SORIANO / AFP Marcel Hirscher revient comme il est parti, en prenant tout le monde de court. L’octuple vainqueur de la Coupe du monde de ski alpin avait créé

La légende du ski austro-néerlandaise Marcel Hirscher entretient le doute quant à son retour à la Coupe du monde de ski à Sölden (Autriche), le 27 octobre 2024.

Marcel Hirscher revient comme il est parti, en prenant tout le monde de court. L’octuple vainqueur de la Coupe du monde de ski alpin avait créé la surprise en annonçant en avril son retour sur le circuit. Vendredi 25 octobre, il a confirmé qu’il serait au départ dimanche, à 10 heures, de la première manche du slalom géant de Sölden (Autriche).

« Tout le monde était surpris. C’est génial pour le monde du ski, se réjouit déjà François-Xavier Rallet, commentateur sportif du ski alpin sur Eurosport. J’ai eu la chance de commenter sa dernière saison et j’aurai à nouveau le privilège de commenter celui qu’on surnomme le GOAT [The Greatest of All Time, “le plus grand de tous les temps”]. »

Le 4 septembre 2019, en direct à la télévision autrichienne, le triple médaillé olympique avait mis un terme à sa carrière de skieur. « C’est comme si Roger Federer annonçait son retour en tennis. Je suis curieux de voir ce qu’il est capable de faire. Cinq ans sans compétition, c’est une éternité, et j’espère que ce ne sera pas un gros flop », prévient Johan Clarey, sacré vice-champion olympique de descente à 41 ans, en 2022.

Dimanche, dans le portillon de départ, Marcel Hirscher se sait attendu à domicile. D’autant qu’il va concourir sous les couleurs de la nation de sa mère, les Pays-Bas. « Il se met du bon côté de l’histoire », explique François-Xavier Rallet.

L’homme dont la carrière ne compte pas moins de 67 succès pourrait devenir le premier skieur néerlandais à monter sur un podium, voire à décrocher une victoire en Coupe du monde. Seul Maarten Meiners, spécialiste du slalom géant, est parvenu à donner un peu de visibilité à ce pays dont le point culminant s’élève à 322 mètres au-dessus du niveau de la mer.

« Il le fait de manière sincère. La fédération néerlandaise n’a pas d’argent, ce qui lui confère le bon rôle », relève François-Xavier Rallet. En changeant de nationalité sportive à 35 ans, Marcel Hirscher laisse également un quota supplémentaire à son ancienne fédération, qui a toutefois regretté sa décision.

Discrétion

Si les exigences du haut niveau et la pression physique endurée depuis son plus jeune âge avaient expliqué son départ, Marcel Hirscher n’a jamais totalement décroché du cirque blanc.

En octobre 2021, il avait lancé sa propre marque de skis, Van Deer – utilisée par le Norvégien Henrik Kristoffersen, champion du monde de géant 2019. Régulièrement présent dans les aires d’arrivée des épreuves de Coupe du monde, il avait ouvert la mythique descente de Kitzbühel, en Autriche, début 2022.

En revanche, depuis l’annonce de son retour à la compétition, Marcel Hirscher a entretenu une grande discrétion sur les réseaux sociaux. Au mois d’août, il se serait envolé pour la Nouvelle-Zélande, pour prendre part à quelques courses afin de retrouver le rythme. « Viser une place dans le top 15 ne serait pas réaliste. Il y a encore quatre secondes à rattraper par rapport aux meilleurs », a-t-il confié début octobre à la télévision autrichienne.

« Il y a un vrai flou autour de son niveau », se méfie Johan Clarey. Si ce dernier minimise l’écart entre Marcel Hirscher et l’actuel meilleur skieur du monde, le Suisse Marco Odermatt, lauréat des trois derniers globes de cristal, récompensant le vainqueur du classement général, il ne s’attend pas à le voir gagner des courses cette saison. « C’est impossible qu’il retrouve son niveau de 2019. Il peut viser quelques points [seuls les 30 meilleurs en inscrivent], sur une piste ouverte aux remontées. »

« Règle sur mesure injuste »

Marcel Hirscher bénéficiera cette saison d’une nouvelle règle introduite par la Fédération internationale de ski (FIS) le 9 juillet. L’article 3.2.1 précise qu’une wild card (« invitation ») est accordée « aux athlètes [ayant quitté la compétition depuis plus de deux ans] qui ont remporté soit un globe du classement général de la Coupe du monde, soit un globe dans une discipline (sous réserve d’un minimum de cinq victoires en Coupe du monde), soit une médaille d’or olympique (individuelle), soit une médaille d’or de championnat du monde (individuelle) ».

Ainsi, au lieu de partir avec un dossard élevé, sur une piste abîmée par le passage des autres concurrents, il s’élancera après les 30 premiers dossards. Blessé depuis le mois de janvier, le Français Alexis Pinturault ne pourra par exemple pas profiter d’un tel avantage puisqu’il ne sera protégé que pour trois descentes.

Cette « règle sur mesure » est « injuste » pour Johan Clarey : « Tous les athlètes doivent être traités à la même enseigne. On a créé une jurisprudence pour faciliter son retour. » Pour François-Xavier Rallet, Marcel Hirscher n’aurait pas repris la compétition sans cette wild card.

Si on ne touche pas au skieur le plus titré de l’histoire (20 globes toutes disciplines confondues), certains coureurs – dont Marco Odermatt – se sont plaints de ce passe-droit. Le Suisse Justin Murisier a critiqué ouvertement cette décision : « La FIS souligne toujours que le fair-play doit être au centre de chaque règle, mais pour Marcel Hirscher, on ajoute une règle qui n’est définitivement pas équitable », a-t-il déclaré au quotidien suisse Blick.

Le retour au premier plan de Marcel Hirscher, combiné à celui du Brésilien Lucas Braathen, permet au ski de retrouver la lumière. « C’est gagnant-gagnant, juge François-Xavier Rallet. C’est un sport qui manque parfois de visibilité. » Selon les organisateurs de Sölden, le nombre de billets vendus pour le week-end de course a explosé par rapport à l’édition précédente. Il fallait bien cela pour dérouler le tapis rouge à la star Marcel Hirscher.

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Oscar Korbosli
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