Soupçons de Corruption : quel avenir pour le Conseil présidentiel de transition ?

Soupçons de Corruption : quel avenir pour le Conseil présidentiel de transition ?

Le Conseil présidentiel de Transition (CPT) est pris dans une tempête sans précédent. Les soupçons de corruption impliquant au moins trois de ses membres s’amplifient chaque jour, renforçant les doutes sur l’efficacité de l’institution et son manque de transparence. Un avenir sombre se dessine pour cette institution de l’Etat qui devrait être au-dessus de tout soupçon.

Rien n’est fait pour clarifier la situation ou pour redresser le navire, laissant planer des doutes sur l’intégrité des membres du Conseil. Sinon, une note, parue ce vendredi, du Conseiller-président Smith Augustin, apportant un démenti aux allégations de corruption et dénonçant une tentative de ternir l’image de l’ancien ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine.

Accusations de Corruption

L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a officiellement reçu une dénonciation de corruption visant trois membres du Conseil présidentie, Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles. Ces derniers auraient réclamé 100 millions de gourdes au président du Conseil d’administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pascal Pierre-Louis pour le maintenir à son poste. Une enquête est cours à l’ULCC, et le président du Conseil d’administration de la BNC est invité à répondre aux questions des enquêteurs mardi prochain, selon une correspondance dont notre rédaction a obtenu une copie.

Dans une correspondance adressée le 24 juillet 2024 au Premier ministre Garry Conille, M. Pierre-Louis accuse nommément ces conseillers qui cherchent à le corrompre. Il demande au chef du gouvernement d’intervenir rapidement afin de renforcer sa sécurité car il est devenu « cible de ces individus » et est exposé « à des menaces d’attaques potentielles ».

Le Conseil présidentiel, dirigé par Edgard Leblanc, est accusé de manœuvres politiques et de favoritisme, ce qui mine sa crédibilité et son efficacité. Plusieurs observateurs estiment que le Conseil, tel qu’il est actuellement constitué, ne pourra pas mener à bien la transition politique nécessaire pour stabiliser le pays. Il faudra, soit remplacer les membres épinglés ou aller vers la dissolution du Conseil.

Il est clair que les États-Unis jouent un rôle important dans les affaires haïtiennes. Si le Conseil venait à être dissous, il est probable que la solution américaine serait de soutenir une figure de consensus, comme Edgard Leblanc, ou même de continuer à soutenir le Premier ministre Gary Conille, comme cela a été le cas pour Ariel Henry. Cette influence extérieure ajoute une couche de complexité à une situation déjà difficile, où les intérêts internationaux et nationaux se confrontent.

La Nécessité d’une Réforme

Les artisans du Conseil présidentiel savent très bien que la situation est complexe. Une réorganisation complète et une transparence accrue sont indispensables pour restaurer la confiance du peuple haïtien dans ses institutions. De plus, une sortie officielle de l’institution sur ce dossier engageant indirectement les autres membres s’avère nécessaire s’ils veulent au moins garder une certaine crédibilité et laver leur image dans l’opinion publique.

Les récentes crises et les luttes intestines au sein du Conseil montrent à quel point une réforme profonde est nécessaire pour sortir de cette impasse. Le Conseil présidentiel haïtien est à un tournant décisif. La question est de savoir s’il pourra se réformer de l’intérieur ou s’il devra être remplacé par une structure plus robuste et transparente. En attendant, les citoyens haïtiens restent dans l’incertitude, espérant que leurs dirigeants prendront enfin les mesures nécessaires pour mettre fin à la corruption et restaurer la stabilité du pays.