La chute d’Alep-Est, tombée aux mains des rebelles lors de l’offensive djihadiste en Syrie, a suscité des réactions ambiguës des pays occidentaux. Alors que la situation aurait dû appeler à une condamnation unanime de la progression des groupes armés, y compris des factions radicales, une partie des puissances occidentales a exprimé une satisfaction voilée, estimant que ce revers affaiblissait le régime syrien soutenu par la Russie.
Un soutien indirect au chaos
L’attitude occidentale dans ce contexte met en lumière une dangereuse contradiction. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme a été érigée en priorité absolue, mobilisant des ressources militaires et économiques considérables. Pourtant, lorsque ces mêmes forces djihadistes s’opposent à des gouvernements non alignés sur les intérêts occidentaux, leur avancée est perçue comme une opportunité géopolitique.
Alep, jadis un symbole de la diversité culturelle et économique de la Syrie, est devenue un champ de bataille où les intérêts stratégiques priment sur les considérations humanitaires. L’Occident, en soutenant indirectement certains groupes armés sous prétexte de promouvoir la démocratie, a contribué à alimenter un conflit où la distinction entre rebelles modérés et extrémistes est souvent floue.
Un cynisme destructeur
Ce positionnement révèle un cynisme alarmant. Les mêmes pays qui dénoncent, à juste titre, les attentats terroristes sur leur sol semblent prêts à fermer les yeux sur la montée en puissance de ces factions dans d’autres régions du monde, tant que cela sert leurs objectifs stratégiques. En se réjouissant de la chute d’Alep aux mains des rebelles, sans distinguer les factions, l’Occident envoie un message trouble : le terrorisme peut être toléré, voire encouragé, lorsqu’il s’agit de déstabiliser un adversaire.
Les conséquences désastreuses
Cette politique à courte vue a des conséquences tragiques. D’une part, elle renforce les groupes djihadistes qui exploitent ces opportunités pour consolider leur pouvoir, ce qui aggrave l’instabilité régionale. D’autre part, elle alimente un ressentiment profond envers l’Occident, perçu comme hypocrite et insensible à la souffrance des populations locales.
Un appel à la cohérence
Pour que la lutte contre le terrorisme ait un sens, elle doit être menée sans distinction ni calculs opportunistes. La chute d’Alep et les réactions qui l’ont suivie devraient inciter les puissances occidentales à revoir leur approche, en privilégiant des solutions politiques qui respectent la souveraineté des nations et les droits des peuples. Le double discours ne fait qu’affaiblir la crédibilité de l’Occident sur la scène internationale et exacerber les tensions dans un monde déjà fragilisé.
En définitive, seule une politique étrangère cohérente et respectueuse des principes universels pourra prévenir la répétition de tels drames et contribuer à une paix durable. L’Occident ne peut pas, d’un côté, se poser en rempart contre le terrorisme, et, de l’autre, encourager indirectement les forces qui en sont les vecteurs. Le temps du cynisme doit céder la place à celui de la responsabilité.
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