Les cas de trafic humains sont fréquents au niveau de la frontière de Belladère, l’un des points frontaliers qu’Haïti partage avec la République Dominicaine. Leronel Mortimé, coordonnateur de l’Observatoire Haïtien sur la Traite et le Trafic de Personnes, invite les autorités compétentes à prendre des mesures appropriées afin de renforcer la présence de l’État sur les lieux pour décourager les agresseurs.
Les trafiquants contournent les règles, utilisent la faiblesse de l’État pour atteindre leurs objectifs. Sur les quelques 104 points frontaliers qu’Haïti partage avec la République Dominicaine seulement 4 sont contrôlés par les autorités haïtiennes. Et c’est dans les points non officiels que les criminels opèrent le plus. Le 03 août 2020, la Brigade de la Protection des Mineurs (BPM) a intercepté le couple Julien qui tentaient de traverser illégalement la frontière de Belladère avec un groupe de six (6) enfants, a rapporté l’Observatoire Haïtien sur la Traite et le Trafic de Personnes.
« Cinq (5) de ces enfants n’ont aucun lien de parenté avec leurs accompagnateurs qui n’ont pu fournir, en outre, aucune autorisation de déplacement relative à ces mineurs âgés de trois (3) à neuf (9) ans », a rapporté Leronel Mortimé, défenseur de droits humains qui identifie le mode opératoire des trafiquants d’êtres humains qui passe par le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes (caractéristique de la traite des personnes).
« Les parents interrogés ont affirmé avoir payé à un passeur en contact avec Monsieur Julien pas moins de cent (100) dollars américains par enfant dans l’espoir d’une adoption en territoire voisin ». C’est une fausse promesse croit monsieur Mortimé qui précise que dans ces genres de cas, ce passeur est probablement en contact avec une autre personne qui décidera du sort des enfants. « Ces enfants pourraient être utilisés à des fins d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes », a t-il expliqué.
Ce cas de traite d’enfants à Belladère vient s’ajouter à la liste des cas de traite frappant des mineurs en divers points de la frontière. L’Observatoire Haïtien sur la Traite et le Trafic de Personnes croit utile de rappeler les Prescrits de la Loi du 2 Juin 2014, en son article 11 : « Toute personne reconnue coupable de la traite des personnes telle que définie à l’article 11 commet un crime et est passible de sept (7) à quinze (15) ans d’emprisonnement et d’une amende de deux cent mille (200.0000) gourdes à un million cinq cent mille (1,500.000) gourdes ».
Au regard de ces dispositions inscrites dans la législation nationale, l’Observatoire Haïtien sur la Traite et le Trafic de Personnes exhorte, une nouvelle fois, les autorités concernées à agir, à assurer la protection des victimes, en particulier des mineurs, tout en poursuivant sans relâche les trafiquants et fermer ainsi la porte à l’impunité.