Le skippeur français Yoann Richomme lors du départ de la 10ᵉ édition du Vendée Globe, au large des Sables-d’Olonne (Vendée), le 10 novembre 2024. SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP Cela pourrait ressembler à l’« eautoroute » du bonheur. Dans des conditions de navigation parfaites, le skippeur Yoann Richomme (Paprec Arkéa) a franchi, mardi 24 décembre à 0 h 27 GMT (1 h 27,
Cela pourrait ressembler à l’« eautoroute » du bonheur. Dans des conditions de navigation parfaites, le skippeur Yoann Richomme (Paprec Arkéa) a franchi, mardi 24 décembre à 0 h 27 GMT (1 h 27, heure de Paris), le cap Horn (Chili), en position de leader du Vendée Globe et dans un temps record.
Le navigateur varois a laissé à bâbord la pointe sud du continent américain – troisième et dernière marque symbolique du tour du monde en solitaire après les caps de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) et Leeuwin (Australie) – après 43 jours 11 heures 25 minutes de navigation, a annoncé la direction de course, soit plus de trois jours et demi d’avance sur la marque référence établie par Armel Le Cléac’h.
« Oh, trop bien, quel moment ! Absolument génial, trop d’excitation de passer le Horn, c’est magnifique, je n’aurais jamais imaginé le faire dans des conditions comme ça », s’est enthousiasmé Yoann Richomme, dans un message vocal transmis aux médias.
Poussé par un vent de 15 nœuds, il a précisé avoir « rasé » le cap légendaire, passant à deux milles (moins de quatre kilomètres) à peine de l’à-pic de 400 mètres qui marque l’extrémité australe du continent américain. Ses photos transmises à la direction de course le montrent navigant dans des conditions rarissimes à ces latitudes, sous un ciel bleu gris dégagé, avec une visibilité parfaite.
Dalin manque la passe de trois
Mais dans sa remontée de l’océan Atlantique, Richomme doit surveiller la course de Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance). Le navigateur havrais, qui avait franchi en tête les deux premiers grands caps – Bonne-Espérance le 29 novembre et Leeuwin le 9 décembre – de ce tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, ne réalisera pas la passe de trois, mais il a coché le cap Horn seulement neuf minutes et trente secondes derrière son rival. Fin 2012, rappelle la direction de course, François Gabart, futur vainqueur, avait passé la porte de l’océan Atlantique avec une heure et 20 minutes d’avance sur Le Cléac’h.
Selon les derniers modèles, encore très fragiles, Richomme et Dalin, qui ont quitté les Sables d’Olonne le 10 novembre, pourraient être de retour en Vendée dans les vingt et un ou vingt-deux prochains jours et pulvériser le record établi en 2017 par Le Cléac’h (74 jours, 3 heures et 35 minutes). « Tout est réuni pour battre le record », anticipait d’ailleurs ce dernier, interrogé par l’Agence France-Presse avant le départ des Sables d’Olonne.
« La bagarre, je pense qu’elle va continuer dans la remontée de l’Atlantique. Je pense qu’il y en a pour un moment encore de lutte avec Yoann », a commenté Charlie Dalin dans une communication vidéo avec les organisateurs dans l’après-midi. Le skippeur s’est dit par ailleurs « content » de retrouver l’Atlantique. « J’ai été sûrement le plus chanceux de toute la flotte car je n’ai pas eu une seule tempête même si j’ai senti le souffle d’une très, très grosse dans mon cou dans l’Indien », a-t-il rappelé.
« On est dans le frigo »
Les mers du Sud ont porté en revanche un sérieux coup au troisième de la course, Sébastien Simon, longtemps au coude à coude avec Dalin avant de perdre le rythme, diminué par la casse du foil droit de son Imoca.
Yoann Richomme, lui, a considérablement rallongé sa navigation afin de fuir vers le nord la dépression qui a frappé la flotte dans l’océan Indien et a dû cravacher pour refaire son retard, lui qui se trouvait à 400 milles de Dalin le 12 décembre.
L’approche du Horn a été rude pour les skippeurs, confrontés au froid. Charlie Dalin expliquait ainsi lundi qu’il devait accumuler les épaisseurs de vêtements pour ne pas risquer l’hypothermie alors que la température dans la zone de vie de son bateau ne dépassait pas les 9 °C.
Derrière, l’été austral n’a d’estival que le nom. « On est dans le frigo. Je sors les gants chauffants, je sors le bonnet, je sors un peu tout ce que je peux et j’avoue que ce n’est pas facile, facile », témoignait la Franco-Allemande Isabelle Joschke (MACSF), dix-huitième au pointage de 23 heures, lundi soir.
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