« Y en a marre, parlons d’autre chose que des finances publiques ! » : au cœur du dérapage budgétaire du second quinquennat d’Emmanuel Macron

« Y en a marre, parlons d’autre chose que des finances publiques ! » : au cœur du dérapage budgétaire du second quinquennat d’Emmanuel Macron

Michel Barnier (au centre), lors de la séance de questions au gouvernement, le 15 octobre 2024, à l’Assemblée nationale. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Comment la France est-elle passée en un an des 4,4 % de déficit public initialement prévus pour fin 2024, à 6,1 % finalement attendus ? Soit une dérive de 50 milliards d’euros, inédite hors période

Michel Barnier (au centre), lors de la séance de questions au gouvernement, le 15 octobre 2024, à l’Assemblée nationale.

Comment la France est-elle passée en un an des 4,4 % de déficit public initialement prévus pour fin 2024, à 6,1 % finalement attendus ? Soit une dérive de 50 milliards d’euros, inédite hors période de crise ? Le budget 2024 était-il insincère ? Pour quelles raisons les chiffres annonçant cette dégringolade spectaculaire n’ont-ils été divulgués qu’après les élections législatives ? Le précédent gouvernement a-t-il caché la vérité au Parlement et aux Français ? Autant de questions auxquelles devra répondre la commission d’enquête sur la « dérive des finances publiques » lancée, mercredi 16 octobre, à l’Assemblée nationale. Une instance transpartisane sur laquelle le premier ministre, Michel Barnier, compte pour « dire la vérité aux Français ».

Bruno Le Maire, ministre de l’économie de mai 2017 à septembre 2024, est au cœur de l’énigme. « Je me tiens naturellement à [la] totale disposition » de la commission d’enquête, a écrit, mercredi, sur X l’ancien ministre : « Je répondrai à toutes ses questions en toute transparence. » Hasard du calendrier ou pas, celui qui donne désormais des cours d’économie et de géopolitique dans un établissement universitaire de Lausanne, en Suisse, et s’astreint à une diète médiatique, invitait, mardi, à déjeuner une dizaine de députés dans un restaurant gastronomique situé à deux pas du Palais-Bourbon. Une tablée devant laquelle l’ancien numéro deux du gouvernement s’est dit « heureux » à la perspective de « pouvoir établir la responsabilité de chacun » devant les parlementaires de la commission d’enquête, rapporte un convive.

Car Bruno Le Maire n’entend pas porter seul la lourde charge de ce dérapage inédit. « Nous avons dépensé beaucoup », admettait-il le 12 septembre à Bercy, alors qu’il faisait ses adieux devant plusieurs centaines d’invités, anticipant le procès qui allait lui être fait. « Mais qui oserait dire sincèrement que ces dépenses de protection dont certains nous font le reproche maintenant, après nous avoir suppliés de dépenser plus hier, ne répondaient pas à un cas économique de force majeure ? », lançait-il, avec une pointe d’amertume.

Sombres prévisions du Trésor

Depuis la sortie de la crise du Covid-19, l’ancien ministre de l’économie tente d’incarner le sérieux budgétaire. N’annonçait-il pas, dès le 25 août 2021, la « fin du quoi qu’il en coûte » ? Un discours inaudible à l’époque, au sein même du gouvernement. Quelques semaines plus tard, le premier ministre Jean Castex accordait une « indemnité inflation » de 100 euros par mois aux Français gagnant moins de 2 000 euros net mensuels, et bloquait le prix du gaz. En avril 2022, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le locataire de Matignon dégainait une « remise carburant » de 18 centimes par litre aux automobilistes, qui pèsera lourd sur les finances de l’Etat (7,5 milliards d’euros en 2022).

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