Après une longue période d’échanges, la 48e Assemblée générale de l’Organisationa des États américains (OEA) a pris fin. Le Vénézuela garde encore sa place au sein de l’OEA. Mais, le pays sud-américain pourrait être suspendu du groupe hémisphérique. Alors que l’instance de décision avait besoin de 26 voix pour expulser le Vénézuela de l’OEA, 19 pays ont voté pour, 4 contre son retrait et 11 autres États se sont abstenus dont Haïti.
Dans ce grand rendez-vous diplomatique, Haïti a enfin tranché. Elle a choisi de s’abstenir. Un vote histoirique pour la République d’Haïti. D’aucuns pensent que c’est le meilleur choix. Car, elle adopte une position stratégique.
Survol des relations entre Haïti et Vénézuela
Haïti et Venezuela ont depuis longtemps (deux siècle environ) tissé des rapports cordiaux et surtout de solidarité. La première République noire du monde a volé au secours de Simon Bolivar et les siens à un moment crucial de l’histoire des vénézuéliens: la lutte pour la conquête de leur indépendance.
À son tour, fidèle à cette dynamique d’un rapport basé davantage sur la solidarité que le profit et l’hégémonie, le Vénézuela est venu à la rescousse de nombreux pays latino-américains et Caraïbeens dont Haïti, en leur offrant le fameux programme Petrocaribe grâce auquel ils peuvent acheter du carburant remboursable en nature ou en espèce sur une période de 25 ans ce, à un très faible taux, soit 1%. Une initiative dont l’objectif premier est de permettre à ces pays dont Haïti de se relever de leur marasme économique en engageant des projets d’envergure susceptibles de poser les jalons du progrès et du développement durable.
Fort de cela, on estime qu’il est de bon ton qu’Haïti adopte une position à la dimension de son histoire, de son symbolisme aux yeux du monde entier en faisant abstention.
Cette position adoptée par Haïti ne sera pas, nul doute, sans conséquence sur le plan diplomatique notamment vis-à-vis de l’un de ses partenaires de vieilles dates. Les États-Unis d’Amérique qui ne jurent que par le rejet de la République bolivarienne dans cette entité de l’hémisphère. Une tentative ratée des USA.
Cela risque d’être douloureux pour le pays compte tenu de son état de vulnérabilité économique qui pourrait s’aggraver éventuellement par la non participation de la puissance étoilée à son appui budgétaire de l’exercice fiscal en cours qui accuse déjà un déficit de 14 milliards de gourdes. Sans compter les risques de rupture ou de renégociation du programme temporaire de résidence pour les immigrants dont ceux d’Haïti. Si ces derniers venaient à être expulsés du territoire américain, ce serait, pour le moins, une entrave à l’administration Moïse-Lafontant en quête irrémédiablement d’un second souffle pour apaiser les tensions dans un contexte de frustration généralisée.
Le verdict de l’histoire, enfin donné, sera plus pesant sur les épaules des générations futures qui devront payer le prix fort du manque de solidarité de la première République noire vis-à-vis de ses partenaires dans la région et du fait de marcher à contre courant de son histoire.
Tout compte fait, ce n’est que le début de la saga diplomatique qui vient d’être enclenchée entre les USA, le Vénézuela et la République d’Haïti.