Los Angeles : « Les travailleurs immigrés ont tout perdu et risquent en plus, l’expulsion »

Los Angeles : « Les travailleurs immigrés ont tout perdu et risquent en plus, l’expulsion »

La vaste offensive anti-immigration de Donald Trump a pris forme dès son discours d’investiture. Dans la soirée du 20 Janvier, il a signé depuis la Maison Blanche le décret déclarant l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique. Donald Trump compte aussi s’attaquer au droit d’asile et au droit du sol. À Los Angeles, à des centaines de kilomètres de Washington, c’est l’incrédulité qui domine avec le renforcement de cette politique anti-immigration. Des opérations d’arrestations et d’expulsions massives pourraient débuter très vite.Dans le quartier d’Altadena, ces mêmes immigrés que Donald Trump veut renvoyer dans leur pays aident à déblayer les quartiers dévastés par les incendies qui ont fait 27 morts.« C’est un message que nous voulons envoyer, le jour même de l’investiture », explique Nadia Marin-Molina de l’organisation de défense des droits des travailleurs immigrés, NDLON, rencontré par notre envoyé spécial Achim Lippold. « Alors que les immigrants sont stigmatisés par le nouveau gouvernement, ici, des travailleurs immigrés se mobilisent pour aider leur quartier », poursuit-elle. Certains ont tout perdu : leur maison, leur travail et à présent ils risquent l’expulsion.José, un migrant venu du Guatemala il y a 18 ans est en situation irrégulière et il est inquiet : « J’ai perdu mon emploi parce que je travaillais pour une famille de Pacific Palisades qui a perdu sa maison. Je m’occupais de leur jardin. Alors, comme je n’ai plus rien à faire, je viens ici depuis plusieurs jours pour aider à nettoyer. J’essaie de redonner un peu à ce pays qui m’a tant donné. »Chaque matin, des centaines de bénévoles affluent pour donner un coup de main dans ce quartier particulièrement touché par les feux. Beaucoup sont dans des situations extrêmement précaires : ils n’ont pas accès à l’aide fédérale. Certains évitent même les centres d’aide publiques, par peur des contrôles de la police fédérale de l’immigration qu’ils appellent « la Migra », en espagnol.L’inquiétude sur ce qui va se passer dans les prochains jours est bien réelle, explique José : « Tous mes amis, ceux qui n’ont pas de papiers, disent : mais comment je vais faire ? J’ai une voiture, j’ai un crédit… Ça fait des années que je suis ici, comment je vais faire s’ils me renvoient dans mon pays alors que j’ai des enfants ici ? » À la frontière mexicaine, des milliers de migrants bloqués dans l’attente d’un rendez-vousPremier effet concret de la vaste offensive anti-immigration de Donald Trump : la plateforme de demandes d’asile lancée par l’administration Biden Customs and Border Protection (CBP One) a cessé de fonctionner dès lundi. «Les rendez-vous existants ont été annulés», a indiqué le service sur son site internet.Au Mexique, des milliers de migrants principalement d’origine d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont déconcertés. Dans la ville frontalière de Ciudad Juarez, Carly Fernandez, rencontré par notre correspondante Gwendolina Duval vient de recevoir un courriel d’annulation de son rendez-vous prévu en février. « On a tant lutté pour arriver là », témoigne-t-elle, « Ma soeur veut rentrer, elle fatigue de tout ce qu’on a enduré pour arriver ici… pour rien… »Au Paso de Norte, lui des points d’entrée pour aller à pied aux États-Unis, Yaledi a eu l’espoir d’être parmi les dernières à bénéficier du programme CBP One comme une centaine d’autres personnes qui attendaient depuis tôt le matin. Mais elle vient d’apprendre qu’elle ne pourra plus déposer une demande d’asile aux États-Unis, malgré son rendez-vous programmé l’après-midi même. « Je trouve que c’est injuste », dit-elle, « ce matin encore des personnes encore sont entrées. Pourquoi on ne nous donne pas cette chance ? Pourquoi ? ». Haïti : la fin du programme Humanitarian Parole « un jour triste pour des milliers d’Haïtiens »Donald Trump a également mis fin au programme « Humanitarian Parole » spécifiquement conçu pour les migrants en provenance d’Haïti, de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela.Pour Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, « c’est un jour triste pour des milliers d’Haïtiens qui comptaient sur ce programme appelé aussi « programme Biden » comme moyen pour fuir le pays ». « C’était une voie pour trouver refuge aux États-Unis et tenter de se créer un autre avenir », poursuit-il, « c’est un coup dur pour eux et c’est également l’incertitude pour d’autres qui bénéficiaient du programme temporaire : ils ne savent pas ce que sera leur sort, alors que le président américain brandit la menace de centaines de milliers d’expulsions »Pour Frantz Duval, qui signe un éditorial dans le Nouvelliste intitulé Trump, Haïti et les Haïtiens, Donald Trump « avait fait des Haïtiens installés à Springfield dans l’Ohio les emblèmes de l’immigration délétère » et le président américain avait à plusieurs reprises insulté ceux qui « habitent un sale trou (pour employer un euphémisme) et sont porteurs du Sida ». « Si l’on ignore si Donald Trump va se pencher sur les affaires haïtiennes autrement que via son programme restrictif sur l’immigration », poursuit l’éditorialiste, « il a déjà annoncé la couleur : le programme humanitarian Parole » qui bénéficie à de nombreux Haïtiens, « a pris fin ce jour même quelques heures après sa prestation de serment ». « Le président Trump peut nous enfoncer, nous laisser cuire dans notre jus ou nous ignorer. Dans tous les cas, nous avons des devoirs à faire. », conclut le Nouvelliste. Certains décrets anti-immigration de Trump « compliqués voire impossibles à mettre en œuvre »État d’urgence à la frontière avec le Mexique et «millions» d’expulsions promises, retrait de l’accord de Paris sur le climat, grâces pour des centaines d’assaillants du Capitole… L’avalanche de décrets signés par Donald Trump pour son retour au pouvoir compte quelques mesures spectaculaires qui risquent néanmoins d’être difficiles à mettre en œuvre. Elles promettent aussi de vives contestations devant les tribunaux. Certaines semblent même violer la constitution américaine.«Si le message est très clair», dit le NY Times, certains de ces décrets anti-immigration feront face à « de gros défis d’un point de vue légal et pourraient être compliqués voire impossible à appliquer ». Pour exemple, l’état d’urgence décrété à la frontière mexicaine et le rôle de l’armée qui pourrait être sollicité pour autre chose qu’un simple maintien de l’ordre. Le décret indique que l’armée aidera à « refermer les frontières et maintenir la souveraineté, l’intégrité du territoire et la sécurité des États-Unis en repoussant les différentes formes d’invasion ».« Cette directive pourrait entrer en opposition avec une loi datant de 1870 appelée le Posse Comitatus Act qui limite l’usage des troupes fédérales à des fins de maintien de l’ordre à l’intérieur des États-Unis », explique le NY Times qui fait aussi allusion à la volonté de Donald Trump de mettre fin au droit du sol, qui viendrait contredire le « 14ième amendement vieux de 157 ans, et d’ailleurs, dans les heures qui ont suivi cette annonce », explique le quotidien américain, « l’union américaine des libertés civiles a déjà annoncé sa volonté d’intenter un procès. » Colombie : l’état d’urgence décrété pour 90 joursLa Colombie fait face à une vague de violences, des affrontements entre guérillas qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts et 20 000 déplacés. Le président Gustavo Petro a déclaré l’état d’urgence, un décret qui sera effectif pour 90 jours avec possibilité de prolongation jusqu’à 270 jours, précise El espectador dans son édition du jour, mais le président colombien aura besoin de l’aval du Parlement s’il veut prolonger.Pour Semana qui cite des sources gouvernementales, l’état d’urgence ne s’appliquera pas à tout le territoire mais « dans les municipalités les plus touchées du nord de Santander en raison des affrontements entre l’ELN et les dissidents des FARC. »« C’est un caprice pour gouverner par décret », fustige l’opposition dans El espectador. La sénatrice María Fernanda Cabal du Centre Démocratique estime que « la situation dans la région du Catatumbo autour du contrôle de la production de cocaïne a été créée par le président lui-même. »

La vaste offensive anti-immigration de Donald Trump a pris forme dès son discours d’investiture. Dans la soirée du 20 Janvier, il a signé depuis la Maison Blanche le décret déclarant l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique. Donald Trump compte aussi s’attaquer au droit d’asile et au droit du sol.

À Los Angeles, à des centaines de kilomètres de Washington, c’est l’incrédulité qui domine avec le renforcement de cette politique anti-immigration. Des opérations d’arrestations et d’expulsions massives pourraient débuter très vite.

Dans le quartier d’Altadena, ces mêmes immigrés que Donald Trump veut renvoyer dans leur pays aident à déblayer les quartiers dévastés par les incendies qui ont fait 27 morts.« C’est un message que nous voulons envoyer, le jour même de l’investiture », explique Nadia Marin-Molina de l’organisation de défense des droits des travailleurs immigrés, NDLON, rencontré par notre envoyé spécial Achim Lippold. « Alors que les immigrants sont stigmatisés par le nouveau gouvernement, ici, des travailleurs immigrés se mobilisent pour aider leur quartier », poursuit-elle. Certains ont tout perdu : leur maison, leur travail et à présent ils risquent l’expulsion.

José, un migrant venu du Guatemala il y a 18 ans est en situation irrégulière et il est inquiet : « J’ai perdu mon emploi parce que je travaillais pour une famille de Pacific Palisades qui a perdu sa maison. Je m’occupais de leur jardin. Alors, comme je n’ai plus rien à faire, je viens ici depuis plusieurs jours pour aider à nettoyer. J’essaie de redonner un peu à ce pays qui m’a tant donné. »

Chaque matin, des centaines de bénévoles affluent pour donner un coup de main dans ce quartier particulièrement touché par les feux. Beaucoup sont dans des situations extrêmement précaires : ils n’ont pas accès à l’aide fédérale. Certains évitent même les centres d’aide publiques, par peur des contrôles de la police fédérale de l’immigration qu’ils appellent « la Migra », en espagnol.

L’inquiétude sur ce qui va se passer dans les prochains jours est bien réelle, explique José : « Tous mes amis, ceux qui n’ont pas de papiers, disent : mais comment je vais faire ? J’ai une voiture, j’ai un crédit… Ça fait des années que je suis ici, comment je vais faire s’ils me renvoient dans mon pays alors que j’ai des enfants ici ? »

 

À la frontière mexicaine, des milliers de migrants bloqués dans l’attente d’un rendez-vous

Premier effet concret de la vaste offensive anti-immigration de Donald Trump : la plateforme de demandes d’asile lancée par l’administration Biden Customs and Border Protection (CBP One) a cessé de fonctionner dès lundi. «Les rendez-vous existants ont été annulés», a indiqué le service sur son site internet.

Au Mexique, des milliers de migrants principalement d’origine d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale sont déconcertés. Dans la ville frontalière de Ciudad Juarez, Carly Fernandez, rencontré par notre correspondante Gwendolina Duval vient de recevoir un courriel d’annulation de son rendez-vous prévu en février. « On a tant lutté pour arriver là », témoigne-t-elle, « Ma soeur veut rentrer, elle fatigue de tout ce qu’on a enduré pour arriver ici… pour rien… »

Au Paso de Norte, lui des points d’entrée pour aller à pied aux États-Unis, Yaledi a eu l’espoir d’être parmi les dernières à bénéficier du programme CBP One comme une centaine d’autres personnes qui attendaient depuis tôt le matin. Mais elle vient d’apprendre qu’elle ne pourra plus déposer une demande d’asile aux États-Unis, malgré son rendez-vous programmé l’après-midi même. « Je trouve que c’est injuste », dit-elle, « ce matin encore des personnes encore sont entrées. Pourquoi on ne nous donne pas cette chance ? Pourquoi ? ».

 

Haïti : la fin du programme Humanitarian Parole « un jour triste pour des milliers d’Haïtiens »

Donald Trump a également mis fin au programme « Humanitarian Parole » spécifiquement conçu pour les migrants en provenance d’Haïti, de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela.

Pour Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, « c’est un jour triste pour des milliers d’Haïtiens qui comptaient sur ce programme appelé aussi « programme Biden » comme moyen pour fuir le pays ». « C’était une voie pour trouver refuge aux États-Unis et tenter de se créer un autre avenir », poursuit-il, « c’est un coup dur pour eux et c’est également l’incertitude pour d’autres qui bénéficiaient du programme temporaire : ils ne savent pas ce que sera leur sort, alors que le président américain brandit la menace de centaines de milliers d’expulsions »

Pour Frantz Duval, qui signe un éditorial dans le Nouvelliste intitulé Trump, Haïti et les Haïtiens, Donald Trump « avait fait des Haïtiens installés à Springfield dans l’Ohio les emblèmes de l’immigration délétère » et le président américain avait à plusieurs reprises insulté ceux qui « habitent un sale trou (pour employer un euphémisme) et sont porteurs du Sida ». « Si l’on ignore si Donald Trump va se pencher sur les affaires haïtiennes autrement que via son programme restrictif sur l’immigration », poursuit l’éditorialiste, « il a déjà annoncé la couleur : le programme humanitarian Parole » qui bénéficie à de nombreux Haïtiens, « a pris fin ce jour même quelques heures après sa prestation de serment ». « Le président Trump peut nous enfoncer, nous laisser cuire dans notre jus ou nous ignorer. Dans tous les cas, nous avons des devoirs à faire. », conclut le Nouvelliste.

 

Certains décrets anti-immigration de Trump « compliqués voire impossibles à mettre en œuvre »

État d’urgence à la frontière avec le Mexique et «millions» d’expulsions promises, retrait de l’accord de Paris sur le climat, grâces pour des centaines d’assaillants du Capitole… L’avalanche de décrets signés par Donald Trump pour son retour au pouvoir compte quelques mesures spectaculaires qui risquent néanmoins d’être difficiles à mettre en œuvre. Elles promettent aussi de vives contestations devant les tribunaux. Certaines semblent même violer la constitution américaine.

«Si le message est très clair», dit le NY Times, certains de ces décrets anti-immigration feront face à « de gros défis d’un point de vue légal et pourraient être compliqués voire impossible à appliquer ». Pour exemple, l’état d’urgence décrété à la frontière mexicaine et le rôle de l’armée qui pourrait être sollicité pour autre chose qu’un simple maintien de l’ordre. Le décret indique que l’armée aidera à « refermer les frontières et maintenir la souveraineté, l’intégrité du territoire et la sécurité des États-Unis en repoussant les différentes formes d’invasion ».

« Cette directive pourrait entrer en opposition avec une loi datant de 1870 appelée le Posse Comitatus Act qui limite l’usage des troupes fédérales à des fins de maintien de l’ordre à l’intérieur des États-Unis », explique le NY Times qui fait aussi allusion à la volonté de Donald Trump de mettre fin au droit du sol, qui viendrait contredire le « 14ième amendement vieux de 157 ans, et d’ailleurs, dans les heures qui ont suivi cette annonce », explique le quotidien américain, « l’union américaine des libertés civiles a déjà annoncé sa volonté d’intenter un procès. »

 

Colombie : l’état d’urgence décrété pour 90 jours

La Colombie fait face à une vague de violences, des affrontements entre guérillas qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts et 20 000 déplacés. Le président Gustavo Petro a déclaré l’état d’urgence, un décret qui sera effectif pour 90 jours avec possibilité de prolongation jusqu’à 270 jours, précise El espectador dans son édition du jour, mais le président colombien aura besoin de l’aval du Parlement s’il veut prolonger.

Pour Semana qui cite des sources gouvernementales, l’état d’urgence ne s’appliquera pas à tout le territoire mais « dans les municipalités les plus touchées du nord de Santander en raison des affrontements entre l’ELN et les dissidents des FARC. »

« C’est un caprice pour gouverner par décret », fustige l’opposition dans El espectador. La sénatrice María Fernanda Cabal du Centre Démocratique estime que « la situation dans la région du Catatumbo autour du contrôle de la production de cocaïne a été créée par le président lui-même. »

RFI
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