Le taux d’affluence des Haïtiens au Chili, considéré depuis plusieurs années comme” l’El Dorado” de nos compatriotes, est va croissant.
Le nombre d’Haïtiens au Chili avoisine les 60 000, selon l’ambassadeur Patricio Utreras.
Cependant, le racisme fait partie de leur lot des soucis quotidiens.
À santiago, la bande dessinée grisonne crie “Hola Negrito” dans la foule rassemblée à la Plaza de Armas, espionnant un couple en mangeant de la glace à la vanille.
“D’où venez-vous?”, demande Cristián Matias à l’homme et à la femme qui répondent fièrement: ”Haïti”.
”C’est une bonne chose que tu ne manges pas de chocolat, sinon tu mangerais tes doigts”, ironise l’artiste de rue.
Ce qui suscite le rire de la foule composée de chilienne en majeure partie. Le couple a l’air offensé et garde le silence.
Comme si cela ne suffisait pas, quelques instants plus tard, le comédien lance une autre insulte, criant cette fois-ci ”Masisi”(en créole : homosexuel) alors que deux jeunes hommes haïtiens traversent les masses.
Pour se défendre, le comédien français prétend qu’il n’est pas un raciste et que les blagues sont bien amusantes.
Un avis que les Haïtiens et les experts sur le racisme et la discrimination au Chili ne partagent pas. Ils dénoncent ces remarques grossières qui sont le genre d’actes subtils s’assimilant à des humiliations et au racisme dont les migrants noirs sont régulièrement frappés au sein de la nation sud-américaine.
“Le racisme est vraiment fort au Chili en ce moment”, a indiqué Yvenet Dorsainvil, un immigrant haïtien qui a emmenagé au Chili depuis neuf ans pour aller au collège. “C’est tellement fort que parfois vous pensez que les gens appartiennent à un autre siècle”, peste t-il.
Au Chili, pays considéré depuis quelques temps comme une terre de refuge pour les migrants d’Haïti, de République Dominicaine et d’Amérique du Sud et des populations noires, la montée des migrants suscite des inquiétudes.
La xénophobie et le racisme sont montés d’un cran dans une société qui se considère depuis longtemps comme plus blanche que la plupart des autres pays d’Amérique latine.
“Il ne devrait pas y avoir de raison de lier migration et racisme, car ce sont deux phénomènes très distincts”, croit María Emilia Tijoux, sociologue chilienne et experte de la course. Mais elle a reconnu que les migrants afro-latino-américains et ceux d’Haïti connaissent différents niveaux de violence à cause du racisme au Chili, et que “ceux qui souffrent le plus directement de ce racisme sont les Haïtiens”.
“La situation des hommes et des femmes haïtiens ici est très sérieuse”, a-t-elle renchéri.
De plus en plus de phénomènes liés au racisme se produisent au Chili rappelant aux Haïtiens que ce pays n’est pas la terre promise.