PetroCaribe : les chiffres ne mentent pas !

PetroCaribe : les chiffres ne mentent pas !

Ces derniers jours, on assiste à une levée de boucliers d’une quantité importante d’internautes haïtiens qui questionnent l’utilisation des fonds PetroCaribe à travers un mouvement sur les réseaux sociaux baptisé : «#KòtLajanPetwokaribeA» (Où sont passés les fonds PetroCaribe?). Pour plus d’un, il s’agit d’une demande légitime de la part de citoyens et citoyennes qui souhaitent

Ces derniers jours, on assiste à une levée de boucliers d’une quantité importante d’internautes haïtiens qui questionnent l’utilisation des fonds PetroCaribe à travers un mouvement sur les réseaux sociaux baptisé : «#KòtLajanPetwokaribeA» (Où sont passés les fonds PetroCaribe?). Pour plus d’un, il s’agit d’une demande légitime de la part de citoyens et citoyennes qui souhaitent s’enquérir sur la manière dont ces fonds avaient été dépensés.

Cependant, par souci d’équité et d’impartialité, il convient également d’établir toute la vérité sur les tenants et aboutissants de cet accord pour qu’il ne soit pas instrumentalisé au profit des intérêts de groupes politiques.

Suite à l’élection de René Préval en 2006, le président vénézuélien Hugo Chavez avait permis à la République d’Haïti d’intégrer l’Accord de Coopération Energétique PetroCaribe, cette structure chargée de la vente et de la livraison de produits pétroliers à des prix inférieurs aux cours mondiaux. Environ 200 mille barils de pétrole au total sont fournis quotidiennement aux Etats bénéficiaires de ce programme. Ces derniers, selon les clauses de l’accord Petrocaribe, ont la possibilité de payer 60% de leur approvisionnement pétrolier, dependement du prix de marché. Les 40% restant peuvent être financés sur un delai de 25 ans à un taux d’intérêt infime de 1%.

Les fonds récoltés à travers ce mécanisme devaient servir à financer des programmes sociaux et des projets d’infrastructure. Il est important de souligner que de 2006 à 2018, quatre chefs d’Etat (René Préval, Michel Martelly, Jocelerme Privert, Jovenel Moïse) et neuf Premiers ministres (Jacques Edouard Alexis, Duvivier Pierre-Louis, Jean Max Bellerive, Garry Conille, Laurent Lamothe, Florence Duperval Guillaume, Evans Paul, Enex Jean Charles, Jack Guy Lafontant) ont été en charge durant cette période où les dépenses ont été effectuées.

Dans le cadre des différentes résolutions prises en Conseil des Ministres de 2006 à 2018, soit 13 au total, un nombre de 398 projets d’infrastructure avaient été sélectionnés par l’ensemble des gouvernements qui se sont succédés pour un montant total de 1,605,905,287.04 de dollars. Un montant qui est de loin inférieur à celui de 3,8 milliards mis en avant par les secteurs de l’opposition pour tenter d’occulter la vérité et traîner l’opinion publique dans leur sillage.

En ce qui a trait au volet énergétique de l’accord PetroCaribe, il est opportun d’apporter certaines clarifications importantes susceptibles de faire luire la lumière sur la question. Le Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement (BMPAD), responsable de la mise en œuvre dudit accord, sert d’interface entre le fournisseur Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA) et les compagnies pétrolières locales. Cette institution étatique fait l’acquisition des produits pétroliers du Venezuela et les vend aux dites compagnies. Ces dernières ont un délai de 30 jours pour payer au BMPAD 100% des montants facturés.

Fait troublant, la compagnie locale Sogener, qui, selon un contrat obscur conclu avec l’Etat haïtien sous la présidence de René Préval, doit vendre de l’électricité à l’Ed’H, a paradoxalement une dette de 200 millions de dollars envers le BMPAD pour l’achat de carburants pour faire fonctionner son usine, qui peine cependant à fournir le courant électrique nécessaire à la consommation des ménages haïtiens. Soulignons également qu’un montant de 480 millions de dollars est par ailleurs fourni par le BMPAD pour le fonctionnement des moteurs des usines du Venezuela (Port-au-Prince-30 mégawatts, Gonaïves-15 mégawatts, Cap-Haïtien-15 megawatts).

Contrairement aux allégations qui ont récemment été faites par le responsable de Sogener, Dimitri Vorbe, laissant croire que l’ancien Premier Ministre n’avait rien fait dans le cadre des contrats à perte entre l’Etat haïtien et la Sogener, il est important de rappeler que le gouvernement Martelly/Lamothe avait adopté en Conseil des Ministres en date du 30 avril 2013 une résolution créant la « Commission de Renégociation » des contrats d’Achat d’Energie passés par l’EDH. La Commission était placée sous la tutelle du MEF et du MTPTC. Cette résolution donnait lieu à la création par Arrêté Ministériel du 4 septembre 2015 d’une Commission de 7 membres. Cette Commission publiait le 3 novembre 2015 un Rapport Intérimaire sur les travaux effectués dans la mise en œuvre de son mandat. Lequel rapport avait relevé «Plusieurs cas de surfacturation et de trop payé au profit de SOGENER ont été identifiés par la Commission, totalisant plus de 123 millions de dollars US de déficit à l’Etat Haïtien de 2007 à 2015». «Dans le cas ou le Contrat de la SOGENER ne serait pas renégocié, le cout total à l’Etat Haïtien d’ici 2023 sera de USD 1,115,766,720», dénonçait le rapport.

Face à la mobilisation citoyenne engagée sur les réseaux sociaux pour trouver la vérité sur l’utilisation des fonds PetroCaribe, Haiti24 a donc fait parler les chiffres qui ne sauraient mentir.

Haiti 24
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