Le mouvement revendicatif de ces derniers jours visant à exiger des comptes sur l’utilisation des fonds PetroCaribe a connu un pic sur les réseaux sociaux en Haïti. Le hashtag #KotLajanPetwokaribeA est rapidement devenu viral à un point où il a fait les titres de certains médias internationaux importants. La mobilisation citoyenne qu’il suscite semble vouloir
Le mouvement revendicatif de ces derniers jours visant à exiger des comptes sur l’utilisation des fonds PetroCaribe a connu un pic sur les réseaux sociaux en Haïti. Le hashtag #KotLajanPetwokaribeA est rapidement devenu viral à un point où il a fait les titres de certains médias internationaux importants.
La mobilisation citoyenne qu’il suscite semble vouloir ouvrir enfin la voie à une véritable investigation, dénouée de toute perversion politique, tendant à rechercher la vérité sur ce dossier épineux. On ne peut donc qu’applaudir l’acharnement visible des citoyens à percer en profondeur les secrets de l’accord PetroCaribe que des secteurs politiques ont pendant longtemps accaparé soit pour en soustraire des alliés mêlés jusqu’au cou soit pour acculer certains adversaires politiques jugés dangereux.
En effet, face à cette nouvelle dynamique revendicative tendant à s’échapper à tout contrôle, et comme on pouvait s’y attendre, des mains puissantes d’un certain secteur privé qui entretient pendant une décennie un monopole au dépends de l’Etat haïtien, seraient en train de manigancer pour accaparer la mobilisation née des réseaux sociaux pour exiger la lumière sur les dépenses liées aux fonds PetroCaribe. Leur objectif est clair : brouiller les pistes afin de masquer leur implication dans la dilapidation de ces fonds à travers des contrats bidons obtenus sous la présidence de René Préval pour vendre de l’électricité fictive à l’Etat haïtien.
En fait, les banderoles et pancartes uniformes marquées «Kote lajan Petwokaribe a» placées à l’aube de ce jeudi 23 aout 2018 à travers la zone métropolitaine de Port-au-Prince révèlent clairement les mains qui cachent derrière cette nouvelle tournure du mouvement tenant compte de l’ampleur des fonds mobilisés à cet effet et de la grande organisation qui en découle. Il est donc évident que des protagonistes intéressés se sont mis dans la balance pour tenter une nouvelle fois de dérayer la machine.
Ce fut d’ailleurs cette même obsession qui avaient animé la commission sénatoriale éthique et anti-corruption dirigée par le sénateur Youri Latortue et celle dite spéciale conduite par le sénateur Evalière Beauplan qui devait approfondir l’enquête sur la gestion des fonds PetroCaribe. Ces deux structures, qui regorgeaient de sénateurs inféodés au secteur lavalas et poursuivant visiblement des objectifs politiques, avaient produit des rapports bâclés et biaisés qui n’aidaient pas véritablement à faire le jour sur le dossier PetroCaribe mais à éclabousser de préférence certains adversaires politiques. Des rapports qui n’avaient d’ailleurs jamais été entérinés par l’assemblée des Pères conscrits.
Alors qu’elles se sont fixées comme objectif de faire la lumière sur l’utilisation des fonds PetroCaribe, comment se fait-il que ces deux commissions ont fait étrangement fi de l’existence de la « Commission de Renégociation » des contrats d’Achat d’Energie passés par l’EDH, créée le 30 Avril 2013 par l’administration Martelly/Lamothe, dont les conclusions avaient pourtant relevé en 2015 «plusieurs cas de surfacturation et de trop payé au profit de SOGENER, totalisant plus de 123 millions de dollars US de déficit à l’Etat haïtien de 2007 à 2015» ?
Cette nouvelle tentative de récupération dans laquelle se livrent aujourd’hui les secteurs mafieux de l’énergie sera certainement marquée une nouvelle fois du sceau de l’échec puisqu’au final le peuple haïtien n’est pas dupe et comprend dans quelle direction il doit se tourner pour obtenir justice.