Haïti dénonce une « stratégie d’épuration ethnique » en République dominicaine

Haïti dénonce une « stratégie d’épuration ethnique » en République dominicaine

« Les images sont terribles », écrit Le Nouvelliste : « des Haïtiens vivant en République dominicaine se font courser, arrêter, dépouiller et expulser. Sans aucun respect pour la dignité humaine et leurs droits élémentaires ». Après l’annonce de déportation de 10 000 migrants haïtiens par semaine par l’administration du président dominicain Luis Abinader, rappelle le quotidien, « les dirigeants dominicains passent de la parole aux actes et ont déporté déjà plus de deux mille Haïtiens toutes catégories confondues » pour la seule période du 1er au 6 octobre 2024. Le quotidien évoque les « rafles » de la Seconde Guerre mondiale. Devant l’OEA, l’Organisation des États Américains, Haïti a même parlé, rapporte Alter Presse, d’« épuration ethnique ».C’était ce mardi (8 octobre 2024), lors d’une réunion d’urgence sur le dossier. L’ambassadeur Gandy Thomas, le représentant permanent ad intérim d’Haïti auprès de l’OEA, a condamné les déportations en masses de migrants et migrantes. Mais il a aussi dit la volonté de Port-au-Prince de maintenir le dialogue. D’autant que, écrit Frantz Duval dans le Nouvelliste, les Dominicains disposent non seulement « de l’arme migratoire contre Haïti », mais aussi de l’arme commerciale, « en raison de l’incapacité de développer depuis des années des alternatives pour assurer nos approvisionnements ». « Quand on ajoute que les deux branches de l’exécutif ne s’entendent sur rien, on comprend aisément que le piège dominicain affaiblit chaque jour un peu plus Haïti », conclut Frantz Duval – qui s’interroge sur les origines de la crise, que selon lui « seules les autorités haïtiennes connaissent ».En attendant, Haïti s’organise pour accueillir les migrants. Le gouvernement met en place un Groupe de multisectoriel sur l’accueil et la prise en charge des migrants haïtiens, rapporte Gazette Haïti. De nombreux ministres ont participé ce mardi à la première rencontre. Une nouvelle séance est prévue vendredi (11 octobre 2024). Les Haïtiens aux États-UnisLe sort des Haïtiens installés aux États-Unis est aussi un sujet de préoccupation, depuis qu’ils font l’objet d’une campagne de haine lancée par Donald Trump et son colistier pour la présidentielle. Malgré les démentis sur ces fausses informations, le candidat républicain persiste, et multiplie les déclarations incendiaires sans se soucier des conséquences pour les intéressés.Les envoyés spéciaux de RFI Vincent Souriau et Julien Boileau ont rencontré Marjorie George Alvares, une restauratrice qui vit depuis six ans à Nashville (Tennessee). Elle explique ne pas avoir subi de racisme ou de discrimination depuis qu’elle est arrivée de Jacmel en 2018. Mais l’évocation de la campagne présidentielle la met en colère : « On est en train de nous humilier, on est en train de nous traiter de n’importe quoi ».  L’immigration aux États-Unis  Fanny Lauby est professeure associée en Science politique à l’Université d’État de Montclair, dans le New Jersey. Elle revient pour RFI sur ce thème de l’immigration mis au cœur de la campagne par Donald Trump.Elle explique qu’en décembre 2023, il y a eu un pic d’arrivées à la frontière sud, lié à la fin des restrictions dues au Covid. Mais depuis juin 2024, les arrivées sont en baisse, car le président Biden a mis en place de nouvelles restrictions.Fanny Lauby explique que les groupes qui arrivent aujourd’hui aux États-Unis viennent d’Amérique centrale, mais aussi d’Haïti, du Venezuela, de Colombie, d’Inde et de l’ancienne Union soviétique : « les arrivées que l’on avait jusqu’à il y a une quinzaine d’années, qui venaient principalement du Mexique, sont en baisse ».La professeure revient aussi sur les « propos extrêmement choquants » tenus par Donald Trump, pour déplorer qu’ils fassent « maintenant partie de la manière dont on parle de l’immigration aux États-Unis ». Elle prend pour exemple l’interview accordée lundi soir (7 octobre 2024) à CBS par Kamala Harris, et note que les questions posées à la candidate démocrate « parlaient de l’immigration en termes d’invasion, et d’une rivière qui ne s’arrêterait jamais : c’est vrai que les propos de Donald Trump vont au-delà de ça, mais cela fait partie maintenant de la manière dont on parle de l’immigration aux États-Unis ».Enfin, Fanny Lauby estime qu’« on voit depuis dix ans une hésitation de la part des démocrates à soutenir une réforme de l’immigration qui serait favorable aux immigrés en situation irrégulière aux États-Unis. Cela fait quinze ans qu’ils ignorent la question de l’immigration, et qu’ils durcissent la ligne quant aux entrées à la frontière sud, mais également en n’augmentant pas le nombre de personnes qui peuvent venir de manière légale chaque année ». Milton s’approcheLa Floride évacue en masse avant l’arrivée du méga ouragan Milton, qui doit toucher terre dans les prochaines heures : des centaines de milliers de personnes ont déserté la ville de Tampa et ses environs. La police circule à coups de mégaphone pour inciter les derniers récalcitrants à évacuer, raconte le correspondant de RFI en Floride David Thomson. Mais encore faut-il avoir les moyens de quitter sa maison, explique une mère de famille à bout de nerfs dans une vidéo postée sur les réseaux : « si je pouvais partir je le ferais, mais où est-ce que je peux aller avec six enfants, trois adultes et quatre chiens ? Dans un hôtel ? J’ai pas les moyens pour ça ». Sur la route, beaucoup de stations-service prises d’assaut sont à sec, et à la sortie de Tampa des embouteillages monstres se sont formés. Gustavo Petro dans la tourmenteCoup de tonnerre en Colombie : le Conseil national électoral ouvre une enquête sur un possible dépassement des comptes de campagne de Gustavo Petro, lors de la présidentielle de 2022. « Le leader de gauche aurait violé les plafonds électoraux pour un montant de plus de 5 millions 300 pesos » – l’équivalent de 250 mille euros, écrit Semana, qui parle d’un « véritable coup » pour le président colombien qui n’a pas du tout apprécié ces accusations, qu’il a formellement démenties, nous dit El Universal, mardi soir dans une allocution de huit minutes. Gustavo Petro a affirmé que la décision du CNE « mettait en danger l’institution qu’il représentait », que cette décision était illégale, et il a appelé à descendre dans les rues, rapporte El Espectador – tout en prévoyant d’en appeler aux tribunaux internationaux.Mais, selon les analystes politiques contactés par El Universal, « cette décision du CNE n’est pas un coup d’État », contrairement à ce que pense le président : « l’enquête porte sur les finances, ce qui signifie qu’elle ne pourra pas le faire tomber ». « Quel coup d’État ? », se demande d’ailleurs le quotidien dans son éditorial : « laisser l’organisation électorale faire son travail, et garantir qu’elle puisse le faire en toute autonomie, pour pouvoir ensuite présenter devant elle les recours légaux, c’est ce qui correspond à la tâche du chef de l’exécutif ». Le journal de La PremièreAprès la Martinique, la mobilisation « contre la vie chère » va sans doute s’étendre en Guadeloupe, mais d’une manière un peu différente.

« Les images sont terribles », écrit Le Nouvelliste : « des Haïtiens vivant en République dominicaine se font courser, arrêter, dépouiller et expulser. Sans aucun respect pour la dignité humaine et leurs droits élémentaires ».

Après l’annonce de déportation de 10 000 migrants haïtiens par semaine par l’administration du président dominicain Luis Abinader, rappelle le quotidien, « les dirigeants dominicains passent de la parole aux actes et ont déporté déjà plus de deux mille Haïtiens toutes catégories confondues » pour la seule période du 1er au 6 octobre 2024. Le quotidien évoque les « rafles » de la Seconde Guerre mondiale. Devant l’OEA, l’Organisation des États Américains, Haïti a même parlé, rapporte Alter Presse, d’« épuration ethnique ».

C’était ce mardi (8 octobre 2024), lors d’une réunion d’urgence sur le dossier. L’ambassadeur Gandy Thomas, le représentant permanent ad intérim d’Haïti auprès de l’OEA, a condamné les déportations en masses de migrants et migrantes. Mais il a aussi dit la volonté de Port-au-Prince de maintenir le dialogue. D’autant que, écrit Frantz Duval dans le Nouvelliste, les Dominicains disposent non seulement « de l’arme migratoire contre Haïti », mais aussi de l’arme commerciale, « en raison de l’incapacité de développer depuis des années des alternatives pour assurer nos approvisionnements ». « Quand on ajoute que les deux branches de l’exécutif ne s’entendent sur rien, on comprend aisément que le piège dominicain affaiblit chaque jour un peu plus Haïti », conclut Frantz Duval – qui s’interroge sur les origines de la crise, que selon lui « seules les autorités haïtiennes connaissent ».

En attendant, Haïti s’organise pour accueillir les migrants. Le gouvernement met en place un Groupe de multisectoriel sur l’accueil et la prise en charge des migrants haïtiens, rapporte Gazette Haïti. De nombreux ministres ont participé ce mardi à la première rencontre. Une nouvelle séance est prévue vendredi (11 octobre 2024).

 

Les Haïtiens aux États-Unis

Le sort des Haïtiens installés aux États-Unis est aussi un sujet de préoccupation, depuis qu’ils font l’objet d’une campagne de haine lancée par Donald Trump et son colistier pour la présidentielle. Malgré les démentis sur ces fausses informations, le candidat républicain persiste, et multiplie les déclarations incendiaires sans se soucier des conséquences pour les intéressés.

Les envoyés spéciaux de RFI Vincent Souriau et Julien Boileau ont rencontré Marjorie George Alvares, une restauratrice qui vit depuis six ans à Nashville (Tennessee). Elle explique ne pas avoir subi de racisme ou de discrimination depuis qu’elle est arrivée de Jacmel en 2018. Mais l’évocation de la campagne présidentielle la met en colère : « On est en train de nous humilier, on est en train de nous traiter de n’importe quoi ».

  

L’immigration aux États-Unis  

Fanny Lauby est professeure associée en Science politique à l’Université d’État de Montclair, dans le New Jersey. Elle revient pour RFI sur ce thème de l’immigration mis au cœur de la campagne par Donald Trump.

Elle explique qu’en décembre 2023, il y a eu un pic d’arrivées à la frontière sud, lié à la fin des restrictions dues au Covid. Mais depuis juin 2024, les arrivées sont en baisse, car le président Biden a mis en place de nouvelles restrictions.

Fanny Lauby explique que les groupes qui arrivent aujourd’hui aux États-Unis viennent d’Amérique centrale, mais aussi d’Haïti, du Venezuela, de Colombie, d’Inde et de l’ancienne Union soviétique : « les arrivées que l’on avait jusqu’à il y a une quinzaine d’années, qui venaient principalement du Mexique, sont en baisse ».

La professeure revient aussi sur les « propos extrêmement choquants » tenus par Donald Trump, pour déplorer qu’ils fassent « maintenant partie de la manière dont on parle de l’immigration aux États-Unis ». Elle prend pour exemple l’interview accordée lundi soir (7 octobre 2024) à CBS par Kamala Harris, et note que les questions posées à la candidate démocrate « parlaient de l’immigration en termes d’invasion, et d’une rivière qui ne s’arrêterait jamais : c’est vrai que les propos de Donald Trump vont au-delà de ça, mais cela fait partie maintenant de la manière dont on parle de l’immigration aux États-Unis ».

Enfin, Fanny Lauby estime qu’« on voit depuis dix ans une hésitation de la part des démocrates à soutenir une réforme de l’immigration qui serait favorable aux immigrés en situation irrégulière aux États-Unis. Cela fait quinze ans qu’ils ignorent la question de l’immigration, et qu’ils durcissent la ligne quant aux entrées à la frontière sud, mais également en n’augmentant pas le nombre de personnes qui peuvent venir de manière légale chaque année ».

 

Milton s’approche

La Floride évacue en masse avant l’arrivée du méga ouragan Milton, qui doit toucher terre dans les prochaines heures : des centaines de milliers de personnes ont déserté la ville de Tampa et ses environs. La police circule à coups de mégaphone pour inciter les derniers récalcitrants à évacuer, raconte le correspondant de RFI en Floride David Thomson. Mais encore faut-il avoir les moyens de quitter sa maison, explique une mère de famille à bout de nerfs dans une vidéo postée sur les réseaux : « si je pouvais partir je le ferais, mais où est-ce que je peux aller avec six enfants, trois adultes et quatre chiens ? Dans un hôtel ? J’ai pas les moyens pour ça ». Sur la route, beaucoup de stations-service prises d’assaut sont à sec, et à la sortie de Tampa des embouteillages monstres se sont formés.

 

Gustavo Petro dans la tourmente

Coup de tonnerre en Colombie : le Conseil national électoral ouvre une enquête sur un possible dépassement des comptes de campagne de Gustavo Petro, lors de la présidentielle de 2022. « Le leader de gauche aurait violé les plafonds électoraux pour un montant de plus de 5 millions 300 pesos » – l’équivalent de 250 mille euros, écrit Semana, qui parle d’un « véritable coup » pour le président colombien qui n’a pas du tout apprécié ces accusations, qu’il a formellement démenties, nous dit El Universal, mardi soir dans une allocution de huit minutes. Gustavo Petro a affirmé que la décision du CNE « mettait en danger l’institution qu’il représentait », que cette décision était illégale, et il a appelé à descendre dans les rues, rapporte El Espectador – tout en prévoyant d’en appeler aux tribunaux internationaux.

Mais, selon les analystes politiques contactés par El Universal, « cette décision du CNE n’est pas un coup d’État », contrairement à ce que pense le président : « l’enquête porte sur les finances, ce qui signifie qu’elle ne pourra pas le faire tomber ». « Quel coup d’État ? », se demande d’ailleurs le quotidien dans son éditorial : « laisser l’organisation électorale faire son travail, et garantir qu’elle puisse le faire en toute autonomie, pour pouvoir ensuite présenter devant elle les recours légaux, c’est ce qui correspond à la tâche du chef de l’exécutif ».

 

Le journal de La Première

Après la Martinique, la mobilisation « contre la vie chère » va sans doute s’étendre en Guadeloupe, mais d’une manière un peu différente.

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