Présidentielle aux États-Unis, le jour J

Présidentielle aux États-Unis, le jour J

Après une dernière journée de campagne, Donald Trump et Kamala Harris ont rejoint leurs quartiers généraux, alors que le scrutin a commencé, il y a plusieurs semaines, pour les plus de 80 millions de personnes qui ont voté par anticipation. Avec Julien Toureille, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l’Université du Québec, à Montréal, retour d’abord sur une campagne marquée par son lot de surprises, du désistement de Joe Biden aux tentatives d’assassinat visant Donald Trump.Et plongée dans le processus de traitement des bulletins de vote anticipé, qu’ils soient postaux ou validés en personne dans les bureaux : vérification de la légalité des votes par courrier à travers les dates d’envoi des plis postaux, un processus sensible et placé sous haute surveillance, puisque Donald Trump en avait fait un sujet brûlant lors du scrutin de 2020. Cette année encore, en Pennsylvanie, souligne Julien Toureille, « les républicains aimeraient faire annuler un nombre assez significatif de ces bulletins transmis par voie postale ».La période d’incertitude la plus cruciale va s’ouvrir ce soir ou dans la nuit et s’achever le 11 décembre, date limite à laquelle les autorités doivent certifier les votes dans chaque État avant le vote symbolique des grands électeurs le 17 décembre. La peur des Haïtiens de Springfield, dans l’OhioReportage de notre envoyé spécial Achim Lippold à Springfield, dans l’Ohio, à la rencontre d’une communauté haïtienne en émoi. Depuis les accusations mensongères proférées par le candidat républicain et son colistier JD Vance, selon lesquels les Haïtiens mangeraient les chats et les chiens des habitants de la ville, un climat de peur s’est installé, et bon nombre des résidents haïtiens de Springfield envisagent désormais de quitter les lieux. « Beaucoup d’Haïtiens commencent à quitter Springfield, ils ont peur, relate Philomène Philostin, une commerçante d’origine haïtienne et citoyenne américaine depuis 20 ans. Cette histoire a bouleversé les gens, surtout les enfants. Mes propres filles m’ont demandé si j’avais déjà mangé des chiens ! À l’église, certains enfants me racontent qu’ils sont harcelés à l’école »Philomène Philostin, qui soutient depuis toujours le Parti démocrate, s’apprête à voter pour Kamala Harris, dans l’espoir qu’une femme parvienne au pouvoir aux États-Unis. « Une possible victoire de Donald Trump nous inquiète beaucoup, car on ne sait vraiment pas ce qui pourrait arriver. »À écouter aussiPrésidentielle américaine: après Springfield, les Haïtiens de Charleroi en Pennsylvanie dans le collimateur des républicains  Sénat, Chambre des représentants, quels enjeux ?Deux scrutins dans l’ombre de la présidentielle, le renouvellement d’un tiers du Sénat et de la totalité de la Chambre des représentants. Ces élections s’annoncent au moins aussi serrées que le duel entre Donald Trump et Kamala Harris et l’on pourrait assister, observe Julien Toureille, à un évènement rarissime dans l’histoire politique américaine : un changement de majorité dans les deux chambres du Congrès, à l’occasion de la même élection.« Les républicains ont une très faible majorité à la Chambre (220 sièges pour une majorité à 218 sièges) et les démocrates ont bon espoir, grâce au redécoupage partisan de certaines circonscriptions, en particulier dans l’État de New York, de pouvoir reprendre la majorité aux Républicains. Au Sénat, c’est l’inverse, il y a 34 postes à renouveler, 23 étaient aux mains de démocrates, y compris dans des zones à domination républicaine, et les républicains n’ont besoin que d’un gain net de deux sièges pour en reprendre le contrôle. On se dirige très probablement vers une forme de cohabitation avec un président, quel qu’il soit, qui aura en face de lui au moins l’une des deux chambres du Congrès qui ne devrait pas être de son parti. Un Donald Trump confronté à une Chambre des représentants démocrate lui poserait le problème de l’adoption des budgets, car c’est cette chambre qui initie le processus d’examen de toutes les lois budgétaires, et évidemment si les démocrates y sont majoritaires, ils ne feront aucune faveur à Donald Trump et aux républicains. Ils veilleront par exemple à ce que la réforme de la Santé (l’Obamacare), qui a des dimensions financières, ne soit pas abrogée.Dans le cas d’une Kamala Harris élue à la présidence avec un Sénat sous contrôle républicain, elle aurait des difficultés à faire confirmer ses nominations, et dans un premier temps, peut-être du mal à constituer son cabinet, l’équivalent de son Conseil des ministres, car elle devrait donner des gages aux républicains. Et à plus long terme, des difficultés à faire confirmer ses nominations dans le champ judiciaire et l’on sait que le pouvoir de nomination des juges au cours d’une présidence est un sujet très sensible. »Julien Toureille, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l’Université du Québec, à Montréal, interrogé par Anne Cantener, entretien à réécouter dans son intégralité dans le Journal d’Haïti et des Amériques de ce jour.À lire aussiLa présidentielle américaine scrutée de près par les Européens, de tous bords 

Après une dernière journée de campagne, Donald Trump et Kamala Harris ont rejoint leurs quartiers généraux, alors que le scrutin a commencé, il y a plusieurs semaines, pour les plus de 80 millions de personnes qui ont voté par anticipation.

Avec Julien Toureille, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l’Université du Québec, à Montréal, retour d’abord sur une campagne marquée par son lot de surprises, du désistement de Joe Biden aux tentatives d’assassinat visant Donald Trump.

Et plongée dans le processus de traitement des bulletins de vote anticipé, qu’ils soient postaux ou validés en personne dans les bureaux : vérification de la légalité des votes par courrier à travers les dates d’envoi des plis postaux, un processus sensible et placé sous haute surveillance, puisque Donald Trump en avait fait un sujet brûlant lors du scrutin de 2020. Cette année encore, en Pennsylvanie, souligne Julien Toureille, « les républicains aimeraient faire annuler un nombre assez significatif de ces bulletins transmis par voie postale ».

La période d’incertitude la plus cruciale va s’ouvrir ce soir ou dans la nuit et s’achever le 11 décembre, date limite à laquelle les autorités doivent certifier les votes dans chaque État avant le vote symbolique des grands électeurs le 17 décembre.

 

La peur des Haïtiens de Springfield, dans l’Ohio

Reportage de notre envoyé spécial Achim Lippold à Springfield, dans l’Ohio, à la rencontre d’une communauté haïtienne en émoi. Depuis les accusations mensongères proférées par le candidat républicain et son colistier JD Vance, selon lesquels les Haïtiens mangeraient les chats et les chiens des habitants de la ville, un climat de peur s’est installé, et bon nombre des résidents haïtiens de Springfield envisagent désormais de quitter les lieux. 

« Beaucoup d’Haïtiens commencent à quitter Springfield, ils ont peur, relate Philomène Philostin, une commerçante d’origine haïtienne et citoyenne américaine depuis 20 ans. Cette histoire a bouleversé les gens, surtout les enfants. Mes propres filles m’ont demandé si j’avais déjà mangé des chiens ! À l’église, certains enfants me racontent qu’ils sont harcelés à l’école »

Philomène Philostin, qui soutient depuis toujours le Parti démocrate, s’apprête à voter pour Kamala Harris, dans l’espoir qu’une femme parvienne au pouvoir aux États-Unis. « Une possible victoire de Donald Trump nous inquiète beaucoup, car on ne sait vraiment pas ce qui pourrait arriver. »

À écouter aussiPrésidentielle américaine: après Springfield, les Haïtiens de Charleroi en Pennsylvanie dans le collimateur des républicains

 

 

Sénat, Chambre des représentants, quels enjeux ?

Deux scrutins dans l’ombre de la présidentielle, le renouvellement d’un tiers du Sénat et de la totalité de la Chambre des représentants. Ces élections s’annoncent au moins aussi serrées que le duel entre Donald Trump et Kamala Harris et l’on pourrait assister, observe Julien Toureille, à un évènement rarissime dans l’histoire politique américaine : un changement de majorité dans les deux chambres du Congrès, à l’occasion de la même élection.

« Les républicains ont une très faible majorité à la Chambre (220 sièges pour une majorité à 218 sièges) et les démocrates ont bon espoir, grâce au redécoupage partisan de certaines circonscriptions, en particulier dans l’État de New York, de pouvoir reprendre la majorité aux Républicains.

Au Sénat, c’est l’inverse, il y a 34 postes à renouveler, 23 étaient aux mains de démocrates, y compris dans des zones à domination républicaine, et les républicains n’ont besoin que d’un gain net de deux sièges pour en reprendre le contrôle. 

On se dirige très probablement vers une forme de cohabitation avec un président, quel qu’il soit, qui aura en face de lui au moins l’une des deux chambres du Congrès qui ne devrait pas être de son parti. 

Un Donald Trump confronté à une Chambre des représentants démocrate lui poserait le problème de l’adoption des budgets, car c’est cette chambre qui initie le processus d’examen de toutes les lois budgétaires, et évidemment si les démocrates y sont majoritaires, ils ne feront aucune faveur à Donald Trump et aux républicains. Ils veilleront par exemple à ce que la réforme de la Santé (l’Obamacare), qui a des dimensions financières, ne soit pas abrogée.

Dans le cas d’une Kamala Harris élue à la présidence avec un Sénat sous contrôle républicain, elle aurait des difficultés à faire confirmer ses nominations, et dans un premier temps, peut-être du mal à constituer son cabinet, l’équivalent de son Conseil des ministres, car elle devrait donner des gages aux républicains. Et à plus long terme, des difficultés à faire confirmer ses nominations dans le champ judiciaire et l’on sait que le pouvoir de nomination des juges au cours d’une présidence est un sujet très sensible. »

Julien Toureille, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l’Université du Québec, à Montréal, interrogé par Anne Cantener, entretien à réécouter dans son intégralité dans le Journal d’Haïti et des Amériques de ce jour.

À lire aussiLa présidentielle américaine scrutée de près par les Européens, de tous bords

 

RFI
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