Au Chili, la natalité en crise

Au Chili, la natalité en crise

Avec un taux de fécondité de 1,17 enfant par femme, le Chili se classe parmi les pays les moins féconds du monde. En dix ans, le nombre de naissances sur le sol chilien a baissé de près d’un tiers, conséquence de l’autonomie grandissante des Chiliennes, pour qui être femme n’est plus obligatoirement synonyme d’être mère. Dans son dossier Amériques, notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné, relate les mouvements de fond qui ont mené à cette petite révolution de la natalité chilienne : autonomie reproductive, meilleur accès des femmes à l’éducation et au monde du travail, perception plus moderne de la famille et baisse massive des grossesses juvéniles.Extrait du témoignage de Florencia, rencontrée devant l’Université du Chili : « Moi, je respecte complètement la décision de ne pas être mère, parce que je crois qu’il y a bien plus de raisons de ne pas vouloir d’enfants plutôt que d’en vouloir. Je pense qu’une femme ne peut pas complètement se réaliser une fois qu’elle devient mère. Elle est reléguée socialement, que ce soit dans ses études, dans sa carrière ou même dans son rôle dans la société. Et je crois que la pression pour devenir mère, elle vient des générations précédentes. Car il y a cette conception que la femme naît pour être mère. Elle naît pour prendre soin des autres. Elle naît pour rester à la maison. »Les Chiliennes veulent étudier, développer leur carrière professionnelle, et sont très conscientes de la vulnérabilité de leurs aînées, qui n’avaient pas accès à l’enseignement supérieur, souligne Martina Yopo Diaz, sociologue à l’Université de Cambridge et professeure à l’Université Catholique du Chili : « Il y a un facteur en particulier qui a participé à l’émancipation des Chiliennes face à l’injonction de la maternité. Après le retour de la démocratie, dans les années 1990, le taux de participation des femmes a fortement augmenté dans l’enseignement supérieur. Et aujourd’hui, « être une femme » ce n’est plus nécessairement « être une mère ». Les femmes ont d’autres aspirations. Dans le passé, les Chiliennes n’étaient pas indépendantes financièrement et n’avaient pas fait d’études qui leur permettent d’accéder à cette indépendance. »Reportage de Naïla Derroisné à écouter dans son intégralité dans l’émission du jour. Haïti toujours sur le pied de guerreInauguration hier (18 novembre 2024) d’une nouvelle base militaire dans le district de Port-au-Prince, la base Vertières, pensée comme un symbole du renforcement des Forces armées d’Haïti. En théorie, 2 000 nouveaux soldats doivent s’y installer, avec des infrastructures modernisées, capables, par exemple, d’accueillir et d’entretenir plusieurs hélicoptères.L’évènement s’est tenu en grande pompe en présence des plus hauts représentants de l’État (Conseil présidentiel de transition, Premier ministre, chef de la police) et le n°1 de l’armée haïtienne, le lieutenant-général Derby Guerrier, a sauté sur l’occasion pour réclamer davantage de moyens afin de lutter contre les groupes armés : « Nous devons nous atteler à mettre de côté nos rancœurs et nos intérêts pour nous mettre au service de la patrie bien-aimée. Excellences, a-t-il lancé aux responsables politiques présents dans l’assistance, permettez que l’armée qui souffre dans sa chair comme dans son âme, réclame de vous les moyens nécessaires lui permettant, à côté de notre police, de récupérer les zones de non-droit et de garantir la tranquillité et la paix pour les fils de notre Nation. »Ironie de l’histoire, relate Echo Haïti News, cette cérémonie solennelle a dû s’interrompre après des tirs sporadiques entendus aux abords de la nouvelle base, près de l’aéroport international de Port-au-Prince. Évacuation précipitée des invités qui a, conclut le média en ligne, « jeté une ombre sur cette journée historique ». La galère des Haïtiens de l’étrangerOn a beaucoup parlé des discours de Donald Trump pendant sa campagne, mais tout n’est pas rose de l’autre côté du miroir. Dans le Boston Globe, reportage à lire au Chili, un pays que les communautés haïtiennes ont longtemps considéré comme un refuge, par la grâce de sa politique migratoire bienveillante et de son économie prospère. Chiffre stupéfiant cité par le Boston Globe, entre 2012 et 2020, le nombre d’Haïtiens au Chili est passé de 2 000 à plus de 182 000. Et sont arrivés en parallèle des ressortissants vénézuéliens, péruviens et boliviens. On y lit dans la bouche d’un sénateur chilien que « le pays n’était pas prêt à ça », qu’il n’y a pas d’emploi, que les immigrants haïtiens se retrouvent marginalisés, réduits aux petits boulots de vendeurs de rue, chassés par la police et logés dans des camps de fortune. Et pour conclure, qu’entre relents de racisme et pression politique, le Chili d’avant n’est plus comme avant. Nominations Trump, la valse continue à WashingtonLa liste des nommés s’allonge, les polémiques aussi. Deux piliers de l’administration Trump sont pointés du doigt dans des affaires de mœurs : Matt Gaetz, le futur patron de la justice américaine, accusé de relations sexuelles avec une mineure et Pete Hegseth, nommé à la Défense. Ce dernier reconnaît s’être fendu d’un gros chèque pour acheter le silence d’une femme qui avait porté plainte contre lui.Gaetz et Hegseth restent présumés innocents et nient toute infraction pénale. Mais vont-ils survivre à la vague #metoo aussi facilement que Trump lui a survécu ? C’est ce que se demande le Boston Globe. Et la réponse est dans la question, écrit Joan Vennochi dans sa tribune, « l’époque où les hommes étaient enfin tenus responsables de leurs transgressions sexuelles a déjà l’air si vieux et si loin, c’est presque un mirage » lorsque l’on sait que la majorité des femmes blanches a voté pour lui.Sombres prédictions qui semblent se confirmer puisque la Chambre des représentants ne veut rien rendre public de l’affaire impliquant Matt Gaetz, qui doit prendre le portefeuille de la Justice. On sait que le comité d’éthique de la Chambre a pondu un rapport sur ses agissements, on ne sait pas exactement ce qu’il y a dedans, mais on sait qu’il y est question de sexe, de drogue et de cadeaux à ses proches. On sait aussi que ce n’est pas près de sortir, puisque Mike Johnson, le speaker républicain, ne veut pas selon ses mots, « ouvrir la boîte de Pandore ». Ruth Marcus dans le Washington Post y voit un positionnement d’une « faiblesse pathétique », d’autant plus que Matt Gaetz a visiblement fait des pieds et des mains pour retarder la procédure. Et a démissionné le plus vite possible, le jour même de sa nomination à la Justice, sachant très bien que le comité d’éthique ne publierait rien s’il n’était plus membre de la Chambre. Le Post rappelle qu’avant de prendre ses fonctions, Gaetz va pourtant devoir être auditionné par le Sénat, l’autre chambre du Congrès, qui va le passer à la moulinette. Comment les sénateurs peuvent-ils se prononcer si l’enquête de la Chambre ne sort pas ? « Le Sénat n’aura qu’une seule option, refuser de confirmer la nomination de Matt Gaetz, ce qu’il devrait faire dans tous les cas ». Au Venezuela, le spectre de la catastrophe monétaireDepuis des années, les Vénézuéliens ont connu l’hyperinflation – jusqu’à 130 000% – et les dévaluations successives de la monnaie officielle, le bolivar. Rare parenthèse : le cours du bolivar était resté stable depuis la fin de l’année 2023, 36 bolivars pour un dollar. Mais ces derniers mois, depuis le scrutin présidentiel, il s’est remis à baisser. Il faut compter cette semaine 45 bolivars pour un dollar sur le marché officiel. Et il en va de même sur le marché parallèle, celui du dollar, où son prix augmente de façon exponentielle (53 bolivars pour un dollar). Le pays vit actuellement avec les deux monnaies, on achète et on paie en bolivars ou en dollars. Et le spectre des catastrophes monétaires passées pèse encore et toujours sur le Venezuela, rapporte notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle. Reportage à écouter dans son intégralité dans l’édition du jour. L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1èreUne épidémie de dengue se propage en ce moment en Guadeloupe.

Avec un taux de fécondité de 1,17 enfant par femme, le Chili se classe parmi les pays les moins féconds du monde. En dix ans, le nombre de naissances sur le sol chilien a baissé de près d’un tiers, conséquence de l’autonomie grandissante des Chiliennes, pour qui être femme n’est plus obligatoirement synonyme d’être mère.

Dans son dossier Amériques, notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné, relate les mouvements de fond qui ont mené à cette petite révolution de la natalité chilienne : autonomie reproductive, meilleur accès des femmes à l’éducation et au monde du travail, perception plus moderne de la famille et baisse massive des grossesses juvéniles.

Extrait du témoignage de Florencia, rencontrée devant l’Université du Chili : « Moi, je respecte complètement la décision de ne pas être mère, parce que je crois qu’il y a bien plus de raisons de ne pas vouloir d’enfants plutôt que d’en vouloir. Je pense qu’une femme ne peut pas complètement se réaliser une fois qu’elle devient mère. Elle est reléguée socialement, que ce soit dans ses études, dans sa carrière ou même dans son rôle dans la société. Et je crois que la pression pour devenir mère, elle vient des générations précédentes. Car il y a cette conception que la femme naît pour être mère. Elle naît pour prendre soin des autres. Elle naît pour rester à la maison. »

Les Chiliennes veulent étudier, développer leur carrière professionnelle, et sont très conscientes de la vulnérabilité de leurs aînées, qui n’avaient pas accès à l’enseignement supérieur, souligne Martina Yopo Diaz, sociologue à l’Université de Cambridge et professeure à l’Université Catholique du Chili : « Il y a un facteur en particulier qui a participé à l’émancipation des Chiliennes face à l’injonction de la maternité. Après le retour de la démocratie, dans les années 1990, le taux de participation des femmes a fortement augmenté dans l’enseignement supérieur. Et aujourd’hui, « être une femme » ce n’est plus nécessairement « être une mère ». Les femmes ont d’autres aspirations. Dans le passé, les Chiliennes n’étaient pas indépendantes financièrement et n’avaient pas fait d’études qui leur permettent d’accéder à cette indépendance. »

Reportage de Naïla Derroisné à écouter dans son intégralité dans l’émission du jour.

 

Haïti toujours sur le pied de guerre

Inauguration hier (18 novembre 2024) d’une nouvelle base militaire dans le district de Port-au-Prince, la base Vertières, pensée comme un symbole du renforcement des Forces armées d’Haïti. En théorie, 2 000 nouveaux soldats doivent s’y installer, avec des infrastructures modernisées, capables, par exemple, d’accueillir et d’entretenir plusieurs hélicoptères.

L’évènement s’est tenu en grande pompe en présence des plus hauts représentants de l’État (Conseil présidentiel de transition, Premier ministre, chef de la police) et le n°1 de l’armée haïtienne, le lieutenant-général Derby Guerrier, a sauté sur l’occasion pour réclamer davantage de moyens afin de lutter contre les groupes armés : « Nous devons nous atteler à mettre de côté nos rancœurs et nos intérêts pour nous mettre au service de la patrie bien-aimée. Excellences, a-t-il lancé aux responsables politiques présents dans l’assistance, permettez que l’armée qui souffre dans sa chair comme dans son âme, réclame de vous les moyens nécessaires lui permettant, à côté de notre police, de récupérer les zones de non-droit et de garantir la tranquillité et la paix pour les fils de notre Nation. »

Ironie de l’histoire, relate Echo Haïti News, cette cérémonie solennelle a dû s’interrompre après des tirs sporadiques entendus aux abords de la nouvelle base, près de l’aéroport international de Port-au-Prince. Évacuation précipitée des invités qui a, conclut le média en ligne, « jeté une ombre sur cette journée historique ».

 

La galère des Haïtiens de l’étranger

On a beaucoup parlé des discours de Donald Trump pendant sa campagne, mais tout n’est pas rose de l’autre côté du miroir. Dans le Boston Globe, reportage à lire au Chili, un pays que les communautés haïtiennes ont longtemps considéré comme un refuge, par la grâce de sa politique migratoire bienveillante et de son économie prospère. Chiffre stupéfiant cité par le Boston Globe, entre 2012 et 2020, le nombre d’Haïtiens au Chili est passé de 2 000 à plus de 182 000. Et sont arrivés en parallèle des ressortissants vénézuéliens, péruviens et boliviens. On y lit dans la bouche d’un sénateur chilien que « le pays n’était pas prêt à ça », qu’il n’y a pas d’emploi, que les immigrants haïtiens se retrouvent marginalisés, réduits aux petits boulots de vendeurs de rue, chassés par la police et logés dans des camps de fortune. Et pour conclure, qu’entre relents de racisme et pression politique, le Chili d’avant n’est plus comme avant.

 

Nominations Trump, la valse continue à Washington

La liste des nommés s’allonge, les polémiques aussi. Deux piliers de l’administration Trump sont pointés du doigt dans des affaires de mœurs : Matt Gaetz, le futur patron de la justice américaine, accusé de relations sexuelles avec une mineure et Pete Hegseth, nommé à la Défense. Ce dernier reconnaît s’être fendu d’un gros chèque pour acheter le silence d’une femme qui avait porté plainte contre lui.

Gaetz et Hegseth restent présumés innocents et nient toute infraction pénale. Mais vont-ils survivre à la vague #metoo aussi facilement que Trump lui a survécu ? C’est ce que se demande le Boston Globe. Et la réponse est dans la question, écrit Joan Vennochi dans sa tribune, « l’époque où les hommes étaient enfin tenus responsables de leurs transgressions sexuelles a déjà l’air si vieux et si loin, c’est presque un mirage » lorsque l’on sait que la majorité des femmes blanches a voté pour lui.

Sombres prédictions qui semblent se confirmer puisque la Chambre des représentants ne veut rien rendre public de l’affaire impliquant Matt Gaetz, qui doit prendre le portefeuille de la Justice. On sait que le comité d’éthique de la Chambre a pondu un rapport sur ses agissements, on ne sait pas exactement ce qu’il y a dedans, mais on sait qu’il y est question de sexe, de drogue et de cadeaux à ses proches. On sait aussi que ce n’est pas près de sortir, puisque Mike Johnson, le speaker républicain, ne veut pas selon ses mots, « ouvrir la boîte de Pandore ». Ruth Marcus dans le Washington Post y voit un positionnement d’une « faiblesse pathétique », d’autant plus que Matt Gaetz a visiblement fait des pieds et des mains pour retarder la procédure. Et a démissionné le plus vite possible, le jour même de sa nomination à la Justice, sachant très bien que le comité d’éthique ne publierait rien s’il n’était plus membre de la Chambre. Le Post rappelle qu’avant de prendre ses fonctions, Gaetz va pourtant devoir être auditionné par le Sénat, l’autre chambre du Congrès, qui va le passer à la moulinette. Comment les sénateurs peuvent-ils se prononcer si l’enquête de la Chambre ne sort pas ? « Le Sénat n’aura qu’une seule option, refuser de confirmer la nomination de Matt Gaetz, ce qu’il devrait faire dans tous les cas ».

 

Au Venezuela, le spectre de la catastrophe monétaire

Depuis des années, les Vénézuéliens ont connu l’hyperinflation – jusqu’à 130 000% – et les dévaluations successives de la monnaie officielle, le bolivar. Rare parenthèse : le cours du bolivar était resté stable depuis la fin de l’année 2023, 36 bolivars pour un dollar. Mais ces derniers mois, depuis le scrutin présidentiel, il s’est remis à baisser. Il faut compter cette semaine 45 bolivars pour un dollar sur le marché officiel. Et il en va de même sur le marché parallèle, celui du dollar, où son prix augmente de façon exponentielle (53 bolivars pour un dollar). Le pays vit actuellement avec les deux monnaies, on achète et on paie en bolivars ou en dollars. Et le spectre des catastrophes monétaires passées pèse encore et toujours sur le Venezuela, rapporte notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle. Reportage à écouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

Une épidémie de dengue se propage en ce moment en Guadeloupe.

RFI
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