Monsieur le Président de la République
En mes qualités de Sénateur de la République et Vice-Président de la Commission des affaires sociales et des droits de la Famille du Gand Corps, je me sens concerné et indigné par le constat de nombre de nos jeunes compatriotes haitiennes et haïtiens qui s’envolent vers des pays de l’Amérique latine, particulièrement le Chili, ce, en quête d’un mieux-être sous d’autres cieux.
SEM, la plupart des jeunes qui fuient Haïti, à l’instar d’un pays en guerre, sont formés aux frais de la République dans nos universités et écoles professionnelles et sont détenteurs de diplômes. Pour ne pas pouvoir mettre à profit leur science au service du développement de la patrie commune, ils ont décidé malheureusement de quitter, quel que soit le prix, cette terre de liberté et de dignité. Notre passivité, notre laxisme les contraignent à s’orienter vers d’autres rives.
Suivant certaines informations disponibles, les haïtiens ne sont plus les bienvenus tant en République dominicaine qu’au chili sans préjudicier les grands pays occidentaux.
Pour preuve, des spots de sensibilisation contre la migration haïtienne sont en diffusion en boucle dans les médias de certains pays, comme on voit des affiches en circulation dans divers quartiers d’un pays de l’Amérique latine alors que, d’un autre côté, des cas d’agressions physiques sur certains de nos concitoyennes et concitoyens auraient été déjà enregistrés.
Nous devrions nous sentir gênés et embarrassés avec ce constat. Notre dignité de peuple libre est mise à grande épreuve, nous sommes presque déshumanisés. J’ai honte !
SEM, je viens d’apprendre qu’au parlement de la république voisine, une iniatitive de loi vient d’être déposée en vue de stopper nos compatriotes illégaux dont la présence constitue, pense-t-il, une menace pour la stabilité et le progrès de l’Ile. Nous sommes humiliés partout.
Son Excellence, Nos compatriotes sont victimes des conséquences de la mauvaise gouvernance chronique, empreinte d’amateurisme politique , d’irresponsabilité et de manque de vision de nos dirigeants et surtout ceux- La qui nous ont précédés.
Notre jeunesse haïtienne vit dans le désespoir le plus total, et jusqu’à date, il parait incontestable que personne ne se soucie de cette réalité macabre, car aucune mesure visant à stopper cet état de fait n’est encore adoptée. Un laxisme qui m’inquiète.
Son Excellence, je vous adresse la présente dans l’objectif d’attirer votre attention sur la nécessité qui nous incombe de nous pencher sur les problèmes de ce secteur ( La jeunesse) qui n’est pas l’avenir, comme on se contente de le répéter, mais le présent de notre pays.
Monsieur le président, on a pas besoin d’être savant pour décoder que nous dirigeons, depuis des décennies, le pays avec une certaine non-chalance et une désinvolture acerbe qui font de nous des amateurs qui procèdent par tâtonnement et pour preuve :
– Pas de politique publique en matière de jeunesse;
– pas de politique publique d’emploi;
– pas de politique d’intégration de la jeunesse;
-pas de politique publique de promotion du travail.
-Même l’accès au stage est fermé à cette importante franche de la société.
Monsieur le Président, encore une fois, j’estime qu’il est impérieux et urgent de faire appel aux trois (3) pouvoirs de l’Etat dans la perpective d’engager un franc dialogue en vue d’adresser la problématique liée au désespoir de la jeunesse haïtienne, et d’entrevoir la nécessité de l’adoption d’une politique publique de jeunesse qui soit capable de répondre aux besoins de la conjoncture, et de jeter, par ce même geste, les bases de reconstruction du pays. C’est, en réalité, le moment d’utiliser les ressources du pays pour le progrès et le développement endogènes. Et je connais ta bonne volonté en ce sens.
Espérant que cette proposition retiendra votre attention, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, mes patriotiques salutations.
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