Canada : quelle marge de manœuvre pour Mark Carney ?

Canada : quelle marge de manœuvre pour Mark Carney ?

Mark Carney a remporté l’élection législative au Canada et peut rester Premier ministre. Mais il doit s’appuyer sur une majorité relative. Quels défis attendent le chef du gouvernement face à la menace de Donald Trump ? Nous en parlons avec Catherine Ouellet, professeur adjointe de Sciences politiques à l’Université de Montréal.

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Selon Catherine Quellet, la carte électorale de ce scrutin révèle une nette division entre les provinces favorables aux libéraux et celles acquises aux conservateurs, notamment dans l’Ouest. Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) détiennent donc la clé du pouvoir. Malgré l’effondrement du vote néo-démocrate par rapport à 2021, les chefs des partis d’opposition ont affiché leur volonté de collaborer avec les libéraux, notamment pour faire face aux tensions commerciales croissantes avec les États-Unis.La figure de Mark Carney a largement pesé dans la campagne, estime la politologue canadienne, en particulier face à Donald Trump, qui a alimenté la peur d’une annexion du Canada et déclenché une guerre commerciale. Ces menaces ont recentré le débat électoral sur la capacité à tenir tête au président américain, reléguant au second plan des enjeux de politique intérieure comme la santé ou l’environnement. Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, est perçu comme un homme fort en matière économique, ce qui a rassuré de nombreux électeurs, contrairement à Justin Trudeau, souvent raillé par Trump. Le ton plus mesuré du président américain envers Carney pourrait annoncer une dynamique différente entre les deux pays.Cependant, rappelle Catherine Quellet, ce succès personnel de Mark Carney pourrait ne pas suffire à faire oublier les critiques récurrentes contre le Parti libéral, au pouvoir depuis quatre mandats. Le malaise grandit dans les provinces de l’Ouest, comme l’Alberta et la Saskatchewan, gouvernées par les conservateurs. Le Canada traverse une grave crise économique marquée par l’inflation, la crise du logement et une forte dépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis. Si le Premier ministre veut maintenir le cap, il devra proposer une politique économique crédible, tout en rassurant une classe moyenne de plus en plus inquiète face aux menaces de récession.En Haïti, la commune de Carrefour paralysée par les gangs Avec notre confrère Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, nous ferons un point sur l’actualité haïtienne. La situation dans la commune de Carrefour est particulièrement préoccupante. En ce début de semaine, toutes les activités commerciales, scolaires et administratives sont suspendues : les écoles, les transports publics, les banques, les tribunaux et la Direction générale des Impôts ont fermé leurs portes. Les rues sont désertes, les stations de transport vides et même les motos-taxis ne circulent plus, ce qui plonge la population dans une grande incertitude. Cette paralysie est la conséquence directe d’un ordre lancé par Christ-Roi Chéry, alias Krisla, chef de gang contrôlant la zone. Dans un message audio, il a exigé l’arrêt total des activités du 28 au 30 avril, à l’exception des hôpitaux.Gotson Pierre nous explique aussi que face à la progression des gangs, et pas seulement dans la capitale ou ses environs, les communes commencent à s’organiser. Confrontées à l’absence de l’État, elles tentent, par la création des dispositifs sécuritaires, freiner l’expansion des bandes criminelles et protéger la population.Le climat est tendu à Washington dans les agences de sécurité Le Washington Post révèle que le FBI, le Pentagone et d’autres agences ont lancé plusieurs enquêtes pour identifier les auteurs de fuites vers les médias. Et dans certains cas, ils utilisent… des détecteurs de mensonges ! Oui, des tests polygraphiques pour interroger leurs propres agents. Résultat : un climat de peur, de suspicion, et une ambiance délétère.Selon le journal, les nouvelles consignes du ministère de la Justice permettent même de convoquer des journalistes pour obtenir leurs communications personnelles, et d’engager des poursuites non seulement en cas de fuite de documents classifiés, mais aussi d’informations jugées «sensibles».Un ancien cadre du FBI, cité anonymement, décrit un moral au plus bas. « Les gens ont peur », dit-il. « Ils sont surveillés, et les noms de ceux qui ont travaillé sur l’attaque du Capitole sont transmis au ministre de la Justice ». Et il conclut, amer : « Mais c’est quoi ce bazar ? Vous vous rendez compte où on en est ? »Le soutien des Latinos à Donald Trump s’effondre Pendant que Donald Trump poursuit ses purges au sein de l’administration, certains de ses électeurs commencent à lui tourner le dos. C’est notamment le cas chez les Latinos. Ils étaient 46% à voter pour lui en novembre 2024, en hausse par rapport à 2020. Mais aujourd’hui, leur soutien s’effondre.El País cite un sondage publié à la veille des 100 premiers jours de la nouvelle administration Trump. Résultat : une majorité de Latinos rejette désormais sa politique d’expulsion, et estime que l’économie s’est dégradée, contrairement à ce qu’il avait promis. L’étude révèle aussi que la peur est revenue dans le quotidien. Des enfants manquent l’école parce que leurs parents craignent des arrestations. Certains évitent les restaurants, les magasins. Des employés ne vont plus travailler. Et les zones qui étaient jusque-là protégées — écoles, lieux de culte, hôpitaux — ne le sont plus car Donald Trump a levé ces protections.

Mark Carney a remporté l’élection législative au Canada et peut rester Premier ministre. Mais il doit s’appuyer sur une majorité relative. Quels défis attendent le chef du gouvernement face à la menace de Donald Trump ? Nous en parlons avec Catherine Ouellet, professeur adjointe de Sciences politiques à l’Université de Montréal.

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Selon Catherine Quellet, la carte électorale de ce scrutin révèle une nette division entre les provinces favorables aux libéraux et celles acquises aux conservateurs, notamment dans l’Ouest. Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique (NPD) détiennent donc la clé du pouvoir. Malgré l’effondrement du vote néo-démocrate par rapport à 2021, les chefs des partis d’opposition ont affiché leur volonté de collaborer avec les libéraux, notamment pour faire face aux tensions commerciales croissantes avec les États-Unis.

La figure de Mark Carney a largement pesé dans la campagne, estime la politologue canadienne, en particulier face à Donald Trump, qui a alimenté la peur d’une annexion du Canada et déclenché une guerre commerciale. Ces menaces ont recentré le débat électoral sur la capacité à tenir tête au président américain, reléguant au second plan des enjeux de politique intérieure comme la santé ou l’environnement. Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, est perçu comme un homme fort en matière économique, ce qui a rassuré de nombreux électeurs, contrairement à Justin Trudeau, souvent raillé par Trump. Le ton plus mesuré du président américain envers Carney pourrait annoncer une dynamique différente entre les deux pays.

Cependant, rappelle Catherine Quellet, ce succès personnel de Mark Carney pourrait ne pas suffire à faire oublier les critiques récurrentes contre le Parti libéral, au pouvoir depuis quatre mandats. Le malaise grandit dans les provinces de l’Ouest, comme l’Alberta et la Saskatchewan, gouvernées par les conservateurs. Le Canada traverse une grave crise économique marquée par l’inflation, la crise du logement et une forte dépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis. Si le Premier ministre veut maintenir le cap, il devra proposer une politique économique crédible, tout en rassurant une classe moyenne de plus en plus inquiète face aux menaces de récession.

En Haïti, la commune de Carrefour paralysée par les gangs

Avec notre confrère Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, nous ferons un point sur l’actualité haïtienne. La situation dans la commune de Carrefour est particulièrement préoccupante. En ce début de semaine, toutes les activités commerciales, scolaires et administratives sont suspendues : les écoles, les transports publics, les banques, les tribunaux et la Direction générale des Impôts ont fermé leurs portes. Les rues sont désertes, les stations de transport vides et même les motos-taxis ne circulent plus, ce qui plonge la population dans une grande incertitude. Cette paralysie est la conséquence directe d’un ordre lancé par Christ-Roi Chéry, alias Krisla, chef de gang contrôlant la zone. Dans un message audio, il a exigé l’arrêt total des activités du 28 au 30 avril, à l’exception des hôpitaux.

Gotson Pierre nous explique aussi que face à la progression des gangs, et pas seulement dans la capitale ou ses environs, les communes commencent à s’organiser. Confrontées à l’absence de l’État, elles tentent, par la création des dispositifs sécuritaires, freiner l’expansion des bandes criminelles et protéger la population.

Le climat est tendu à Washington dans les agences de sécurité

Le Washington Post révèle que le FBI, le Pentagone et d’autres agences ont lancé plusieurs enquêtes pour identifier les auteurs de fuites vers les médias. Et dans certains cas, ils utilisent… des détecteurs de mensonges ! Oui, des tests polygraphiques pour interroger leurs propres agents. Résultat : un climat de peur, de suspicion, et une ambiance délétère.

Selon le journal, les nouvelles consignes du ministère de la Justice permettent même de convoquer des journalistes pour obtenir leurs communications personnelles, et d’engager des poursuites non seulement en cas de fuite de documents classifiés, mais aussi d’informations jugées «sensibles».

Un ancien cadre du FBI, cité anonymement, décrit un moral au plus bas. « Les gens ont peur », dit-il. « Ils sont surveillés, et les noms de ceux qui ont travaillé sur l’attaque du Capitole sont transmis au ministre de la Justice ». Et il conclut, amer : « Mais c’est quoi ce bazar ? Vous vous rendez compte où on en est ? »

Le soutien des Latinos à Donald Trump s’effondre

Pendant que Donald Trump poursuit ses purges au sein de l’administration, certains de ses électeurs commencent à lui tourner le dos. C’est notamment le cas chez les Latinos. Ils étaient 46% à voter pour lui en novembre 2024, en hausse par rapport à 2020. Mais aujourd’hui, leur soutien s’effondre.

El País cite un sondage publié à la veille des 100 premiers jours de la nouvelle administration Trump. Résultat : une majorité de Latinos rejette désormais sa politique d’expulsion, et estime que l’économie s’est dégradée, contrairement à ce qu’il avait promis. L’étude révèle aussi que la peur est revenue dans le quotidien. Des enfants manquent l’école parce que leurs parents craignent des arrestations. Certains évitent les restaurants, les magasins. Des employés ne vont plus travailler. Et les zones qui étaient jusque-là protégées — écoles, lieux de culte, hôpitaux — ne le sont plus car Donald Trump a levé ces protections.

RFI
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