Diplomatie: Haïti doit-elle s’abstenir ou voter pour le maintien du Vénézuela à l’OEA?

Diplomatie: Haïti doit-elle s’abstenir ou voter pour le maintien du Vénézuela à l’OEA?

Empêtrée dans un dilemme cornélien, Haïti a rendez-vous avec l’histoire à l’occasion de la 48ème Assemblée générale de l’OEA.

Pour ou contre le maintien du Vénézuéla dans l’organisation des États américains(OEA), la première République noire doit prendre position.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

Haïti et Venezuela ont depuis longtemps (deux siècle environ) tissé des rapports cordiaux et surtout de solidarité. La première République noire du monde a volé au secours de Simon Bolivar et les siens à un moment crucial de l’histoire des vénézuéliens: la lutte pour la conquête de leur indépendance.

À son tour, fidèle à cette dynamique d’un rapport basé davantage sur la solidarité que le profit et l’hégémonie, le Vénézuela est venu à la rescousse de nombreux pays latino-américains et Caraïbeens dont Haïti, en leur offrant le fameux programme Petrocaribe grâce auquel ils peuvent acheter du carburant remboursable en nature ou en espèce sur une période de 25 ans ce, à un très faible taux, soit 1%. Une initative dont l’objectif premier est de permettre à ces pays dont Haïti de se relever de leur marasme économique en engageant des projets d’envergure susceptibles de poser les jalons du progrès et du développement durable.

Fort de cela, on estime qu’il est de bon ton qu’Haïti adopte une position à la dimension de son histoire, de son symbolisme aux yeux du monde entier en faisant soit abstention ou en votant pour le maintien du Vénézuela à l’ OEA. Ce qui ne sera pas, probablement, sans conséquence sur le plan diplomatique notamment vis-à-vis de l’un de ses partenaires de vieilles dates. Les États-Unis d’Amérique qui ne jurent que par le rejet de la République bolivarienne dans cette entité de l’hémisphère. À court terme, cela risque d’être douloureux pour le pays compte tenu de son état de vulnérabilité économique qui pourrait s’aggraver éventuellement par la non participation de la puissance étoilée à son appui budgétaire de l’exercice fiscal en cours qui accuse déjà un déficit de 14 milliards de gourdes. Sans compter les risques de rupture ou de renégociation du programme temporaire de résidence pour les immigrants dont ceux d’Haïti. Si ces derniers venaient à être expulsés du territoire américain, ce serait, pour le moins, une entrave à l’administration Moïse-Lafontant en quête irrémédiablement d’un second souffle pour apaiser les tensions dans un contexte de frustration généralisée.

À court terme, Haïti, via le président de la République Jovenel Moïse, le chef de la diplomatie haïtienne, serait tentée à l’idée de s’aligner sur la position des USA en votant contre le Vénézuela comme ce fut le cas, en 1962 quand le vote d’Haïti coûta à Cuba sa place à l’OEA. Mais à long terme, le verdict de l’histoire sera plus pesant sur les épaules des générations futures qui devront payer le prix fort du manque de solidarité de la première République noire vis-à-vis de ses partenaires dans la région et du fait de marcher à contre courant de son histoire.

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