Parler d’élections en Haïti aujourd’hui relève d’un paradoxe frappant. Comment peut-on envisager d’organiser un scrutin dans un pays où l’insécurité atteint des niveaux critiques, menaçant quotidiennement la vie des citoyens ? Cette question devient d’autant plus pertinente lorsqu’on se demande si le Premier ministre Garry Conille ne devrait pas prioritairement concentrer ses efforts sur la sécurité du pays avant d’aborder le sujet des élections.
Parfois, il faut faire preuve de courage pour dire à des pays amis, comme les États-Unis, le Canada et la France, que parler du CEP et d’élections en ce moment est un affront au peuple haïtien. La priorité actuelle doit être la sécurité du pays.
En effet, le simple fait de convoquer des représentants de divers secteurs pour intégrer le CEP et discuter des prochaines élections semble, pour certains, être davantage une quête de postes qu’un engagement sérieux envers l’avenir du pays. Comment les candidats aux prochaines élections mèneront-ils leur campagne alors que tant de zones du pays sont sous le contrôle de gangs armés ? Comment mobiliser une population qui vit dans la peur, déplacée de chez elle à cause de la violence et l’insécurité ?
Organiser des élections dans de telles conditions relève d’une pure démagogie. Parler d’un scrutin dans un environnement aussi chaotique et instable ne fera que renforcer le sentiment d’abandon chez une population déjà éprouvée. Avant toute chose, il faut restaurer la sécurité et redonner à la population la confiance en un État capable de protéger ses citoyens. Ce n’est qu’à ce prix que des élections auront un sens et que l’avenir d’Haïti pourra être envisagé avec un minimum de sérénité.