Des personnes participent à une manifestation appelant à la démission du président sud-coréen Yoon Suk Yeol à l’Assemblée nationale à Séoul le 4 décembre 2024. ANTHONY WALLACE / AFP Les Sud-Coréens sont descendus dans les rues mercredi 4 décembre, en colère contre un seul homme : le président Yoon Suk Yeol, dont le coup de force avorté pour tenter
Les Sud-Coréens sont descendus dans les rues mercredi 4 décembre, en colère contre un seul homme : le président Yoon Suk Yeol, dont le coup de force avorté pour tenter d’imposer la loi martiale dans le pays a choqué les citoyens de cette jeune démocratie. Les rues de la capitale Séoul ont été investies par des milliers de manifestants et de policiers, alors que les syndicats appelaient à une grève générale, et que l’opposition demandait la démission du président en l’accusant de rébellion.
Avec des banderoles appelant à la destitution du président, des bougies et des distributions de boissons chaudes, les Sud-Coréens ont défilé en direction du palais présidentiel, montrant qu’ils étaient profondément choqués, alors que l’opposition déposait une motion de destitution au Parlement contre l’ancien procureur général du pays. Une manifestation devant le palais présidentiel coréen s’est dispersée sans violence mercredi dans la soirée, ont constaté des photographes de l’Agence France-Presse présents sur place.
La motion de destitution, qui devra réunir une majorité des deux tiers pour être adoptée, pourrait être soumise au vote dès vendredi, ont fait savoir les six partis d’opposition représentés au Parlement, dont le principal d’entre eux, le Parti démocrate (centre gauche). Ils écrivent que le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, a « gravement et largement violé la Constitution » et a également cherché à échapper à une enquête criminelle qui le visait, en tentant d’imposer la loi martiale, selon l’Agence France-Presse qui a obtenu copie de leur déclaration.
M. Yoon, dont la cote de popularité était déjà au plus bas, est mis dos au mur par l’opposition comme par son propre parti après avoir instauré la loi martiale lors d’une allocution surprise tard mardi, avant d’abroger cette mesure quelques heures plus tard sous la pression des députés et de la rue.
Dans le contexte de l’adoption difficile du budget 2025, le président avait justifié ce coup de force en disant vouloir « éliminer les éléments hostiles à l’Etat » et « protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes ».
M. Yoon, élu de justesse en 2022 et qui n’a jamais disposé de la majorité au Parlement, avait pointé du doigt une « dictature législative » et accusé les élus de l’opposition de bloquer « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation ».
Tourner le dos à près de quarante ans de démocratie
Après l’annonce de M. Yoon, des troupes ont été déployées et des hélicoptères de l’armée ont atterri sur le toit du Parlement coréen, mais les députés ont pu se réunir en catastrophe pour adopter une résolution exigeant l’abrogation de la mesure. Au total, plus de 280 militaires ont fait irruption dans le Parlement, selon l’agence de presse Yonhap. Un total de 190 députés sur 300 ont quand même réussi à se réunir dans l’hémicycle, où des soldats des forces spéciales tentaient de pénétrer. Ils sont parvenus à voter à l’unanimité une motion réclamant la levée de la loi martiale.
L’imposition de la loi martiale impliquait la suspension de la vie politique, la fermeture du Parlement et la mise sous contrôle des médias.
En début de soirée mercredi, le chef de l’Etat n’était toujours pas réapparu en public et certains des manifestants se disaient choqués d’avoir vu leur pays si proche de tourner le dos à près de quarante ans de démocratie.
« Grève générale illimitée » jusqu’à la démission de M. Yoon
Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, qui avait perdu de justesse la présidentielle contre M. Yoon, a qualifié cette mesure d’« illégale ». « Nous allons porter plainte pour rébellion » contre le président, ses ministres de la défense et de l’intérieur et des « personnalités-clés de l’armée et de la police, telles que le commandant de la loi martiale et le chef de la police », a annoncé le Parti démocrate mercredi.
Le ministre de la défense, Kim Yong-hyun, a annoncé qu’il avait proposé sa démission au président. « Je regrette profondément et j’assume l’entière responsabilité de la confusion et de la préoccupation causées au public par la loi martiale », a-t-il écrit dans un communiqué. Même la formation de M. Yoon, le Parti du pouvoir au peuple, s’est démarquée de l’initiative du président.
La Confédération coréenne des syndicats, plus importante intersyndicale du pays avec ses quelque 1,2 million de membres, a appelé à une « grève générale illimitée » jusqu’à la démission de M. Yoon, estimant qu’il avait « signé sa propre fin au pouvoir ».
La levée de la loi martiale en Corée du Sud montre « l’engagement » du pays envers l’Etat de droit, a affirmé mardi le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte. « Je pense que l’annonce de la fin de la loi martiale indique l’engagement continu de la Corée du Sud envers l’Etat de droit », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Le président Yoon Suk Yeol avait instauré la loi martiale tard mardi, avant d’abroger cette mesure à peine six heures plus tard sous la pression des députés et de la rue.
Laisser un commentaire
Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *