En Haïti, un Nouvel An sous le signe de l’indépendance et de la soupe joumou

En Haïti, un Nouvel An sous le signe de l’indépendance et de la soupe joumou

Haïti célèbre ce mercredi les 221 ans de son indépendance. Symbole de cette libération du peuple : la soupe joumou, traditionnellement dégustée chaque 1ᵉʳ janvier – et entrée au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2021. Lila Olkinuora s’est rendue en banlieue parisienne à la rencontre de la traiteur Wismonde Saintville, qui, après avoir quitté Haïti pour la région parisienne il y a une vingtaine d’années, fait vivre la tradition de la soupe joumou – plus précisément la recette de sa grand-mère. Cette soupe, c’est une transmission culinaire, mais aussi une transmission de l’histoire d’Haïti : « Les esclaves n’avaient pas le droit d’en manger », raconte Wismonde Saintville, « il n’avait pas le droit de toucher au giraumon (la courge utilisée dans la recette), même lorsque c’est eux qui l’avaient cultivé. Et après notre indépendance, notre victoire sur l’armée de Bonaparte, tout le monde se met à manger cette soupe. Quand on mange cette soupe, on sent vraiment qu’on est libre… »La soupe Joumou, c’est donc le symbole de l’indépendance d’Haïti, en 1804, une indépendance sur laquelle la presse haïtienne revient ce mercredi 1ᵉʳ janvier 2025. Dans Alter Presse, Watson Denis, docteur en histoire, écrit : « Le leitmotiv de la Révolution haïtienne s’est fait autour du principe idéologique : ‘l’Union fait la force’. Quand on s’est départi de cette voie émancipatrice, on s’est dévoyé jusqu’à perdre le nord ». Et l’auteur d’appeler à « recoudre le tissu social au lieu de continuer à le déchiqueter », pour « recommencer la route de l’émancipation véritable du peuple haïtien ». Mais la route est longue, semble répondre Le National : « L’année 2024 restera gravée dans les mémoires comme une période où la crise politique a atteint son paroxysme », entre démission du Premier ministre Ariel Henry sous la pression des gangs, transition politique difficile – avec un scandale de corruption qui secoue le Conseil présidentiel de transition… En 2025, le défi est de taille pour la classe politique, écrit le quotidien : « Rétablir l’ordre et la sécurité tout en redonnant confiance aux citoyens et en construisant un avenir politique durable ».Porto Rico privé d’électricité pour le Nouvel anContraste frappant entre les Unes de journaux présentant des villes aux gratte-ciels illuminés, avec des ciels où explosent les feux d’artifice (le New York Times, le quotidien mexicain Excelsior), et le sort de Porto Rico, cette île des Caraïbes associée aux États-Unis et aujourd’hui privée d’électricité. « Mardi soir », écrit USA Today, « plus de 82% des clients de la compagnie Luma Energy, qui fournit le territoire, passaient le réveillon du Nouvel an sans électricité » – sachant que l’île est une destination populaire pour les vacances de fin d’années. Selon Luma Energy, le blackout pourrait venir d’une défaillance sur une ligne souterraine. L’île a souvent des problèmes d’alimentation électrique, à cause, écrit Politico, de la fragilité de son réseau, « en grande partie dû à de la négligence et au manque d’investissement de l’entreprise publique ». Jenniffer Gonzalez-Colon, la nouvelle gouverneure de Porto Rico, affirme sur X que stabiliser ce système sera sa priorité quand elle prendra ses fonctions.Les aidants au ChiliAu Chili, 6 % de la population, soit plus d’un million de personnes, sont des aidants – des personnes qui s’occupent de leur proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie. Plus de 8 fois sur 10, ce sont des femmes qui tiennent ce rôle. Souvent précaires, seules, elles souffrent physiquement et moralement de ce travail non rémunéré et invisibilisé par la société. Le gouvernement de Gabriel Boric essaye de renforcer les programmes publics mis en place pour leur venir en aide et alléger leur quotidien.La correspondante de RFI à Santiago, Naïla Derroisné a ainsi rencontré Lydia, qui s’occupe seule de son fils en fauteuil roulant – et de ses deux autres enfants. Lydia qui n’a pas d’emploi, car elle n’a pas le temps… Depuis environ un an, elle voit gratuitement une psychologue, grâce au programme mis en place par le gouvernement.Par ailleurs, une grande partie des femmes aidantes n’ont jamais cotisé pour leur retraite. Elles sont inquiètes pour leur vieillesse, mais craignent surtout de ne plus pouvoir prendre soin de ceux qui dépendent entièrement d’elles.Des vagues destructricesAu Pérou, d’énormes vagues frappent les côtes du nord du pays. Un phénomène rare où les conditions atmosphériques se combinent aux courants marins qui se croisent dans cette région. Martin Chabal s’est rendu dans la station balnéaire de Mancora, dont une grande partie du littoral a été détruite : les vagues n’ont laissé que des morceaux de béton sur la plage de sable blanc. « Ça a dépassé le haut du quai. Ça a emporté des bateaux qui ont été réduits en poussière », explique, accablé, Juan, un pêcheur de 71 ans. Un peu plus loin, le long de la plage, Carlos nettoie les restes de son hôtel : « Là, tu avais des cabanes de deux étages… Tout est parti à la mer ». Les sacs de sable de plus d’une tonne n’ont pas permis de stopper le raz de marée.Donald Trump, le Groenland et le canal de PanamaPanama a célébré ce mardi ses 25 années de souveraineté sur le célèbre canal. « Souveraineté », un mot sur lequel le président Mulino a insisté ce mardi – c’est à lire dans La Estrella de Panama : « Il est important que nos jeunes aient à l’esprit le prix énorme de la lutte et du sang qui a été engagé pour hisser notre drapeau en ce lieu, comme signe indubitable de souveraineté ». Une référence très claire aux menaces du président américain élu Donald Trump de reprendre le contrôle du canal.À lire à ce sujet dans le New York Times, un article liant au changement climatique les déclarations de Donald Trump sur une éventuelle prise de contrôle par les États-Unis du canal de Panama, mais aussi du Groenland. Explication : au Groenland, la fonte des glaces ouvre des perspectives de forage pétroliers et gaziers, et d’extractions de minéraux. Ces dix dernières années, elle a aussi permis d’ouvrir de nouvelles routes commerciales, alors que le canal de Panama a connu en 2023 une sécheresse qui a très sérieusement handicapé ses opérations. Interrogé par le quotidien, un spécialiste de l’Université de Stanford estime que cet intérêt de Donald Trump pour le canal du Panama et le Groenland sont « une sorte de reconnaissance indirecte » de la réalité du changement climatique (dont il continue de nier l’existence), et du fait qu’il engendre des défis mondiaux.Le journal de la PremièreLe problème de la vie chère concerne la Martinique, mais aussi la Guadeloupe.

Haïti célèbre ce mercredi les 221 ans de son indépendance. Symbole de cette libération du peuple : la soupe joumou, traditionnellement dégustée chaque 1ᵉʳ janvier – et entrée au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2021.

Lila Olkinuora s’est rendue en banlieue parisienne à la rencontre de la traiteur Wismonde Saintville, qui, après avoir quitté Haïti pour la région parisienne il y a une vingtaine d’années, fait vivre la tradition de la soupe joumou – plus précisément la recette de sa grand-mère. Cette soupe, c’est une transmission culinaire, mais aussi une transmission de l’histoire d’Haïti : « Les esclaves n’avaient pas le droit d’en manger », raconte Wismonde Saintville, « il n’avait pas le droit de toucher au giraumon (la courge utilisée dans la recette), même lorsque c’est eux qui l’avaient cultivé. Et après notre indépendance, notre victoire sur l’armée de Bonaparte, tout le monde se met à manger cette soupe. Quand on mange cette soupe, on sent vraiment qu’on est libre… »

La soupe Joumou, c’est donc le symbole de l’indépendance d’Haïti, en 1804, une indépendance sur laquelle la presse haïtienne revient ce mercredi 1ᵉʳ janvier 2025. Dans Alter Presse, Watson Denis, docteur en histoire, écrit : « Le leitmotiv de la Révolution haïtienne s’est fait autour du principe idéologique : ‘l’Union fait la force’. Quand on s’est départi de cette voie émancipatrice, on s’est dévoyé jusqu’à perdre le nord ». Et l’auteur d’appeler à « recoudre le tissu social au lieu de continuer à le déchiqueter », pour « recommencer la route de l’émancipation véritable du peuple haïtien ». Mais la route est longue, semble répondre Le National : « L’année 2024 restera gravée dans les mémoires comme une période où la crise politique a atteint son paroxysme », entre démission du Premier ministre Ariel Henry sous la pression des gangs, transition politique difficile – avec un scandale de corruption qui secoue le Conseil présidentiel de transition… En 2025, le défi est de taille pour la classe politique, écrit le quotidien : « Rétablir l’ordre et la sécurité tout en redonnant confiance aux citoyens et en construisant un avenir politique durable ».

Porto Rico privé d’électricité pour le Nouvel an

Contraste frappant entre les Unes de journaux présentant des villes aux gratte-ciels illuminés, avec des ciels où explosent les feux d’artifice (le New York Times, le quotidien mexicain Excelsior), et le sort de Porto Rico, cette île des Caraïbes associée aux États-Unis et aujourd’hui privée d’électricité. « Mardi soir », écrit USA Today, « plus de 82% des clients de la compagnie Luma Energy, qui fournit le territoire, passaient le réveillon du Nouvel an sans électricité » – sachant que l’île est une destination populaire pour les vacances de fin d’années. Selon Luma Energy, le blackout pourrait venir d’une défaillance sur une ligne souterraine. L’île a souvent des problèmes d’alimentation électrique, à cause, écrit Politico, de la fragilité de son réseau, « en grande partie dû à de la négligence et au manque d’investissement de l’entreprise publique ». Jenniffer Gonzalez-Colon, la nouvelle gouverneure de Porto Rico, affirme sur X que stabiliser ce système sera sa priorité quand elle prendra ses fonctions.

Les aidants au Chili

Au Chili, 6 % de la population, soit plus d’un million de personnes, sont des aidants – des personnes qui s’occupent de leur proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie. Plus de 8 fois sur 10, ce sont des femmes qui tiennent ce rôle. Souvent précaires, seules, elles souffrent physiquement et moralement de ce travail non rémunéré et invisibilisé par la société. Le gouvernement de Gabriel Boric essaye de renforcer les programmes publics mis en place pour leur venir en aide et alléger leur quotidien.

La correspondante de RFI à Santiago, Naïla Derroisné a ainsi rencontré Lydia, qui s’occupe seule de son fils en fauteuil roulant – et de ses deux autres enfants. Lydia qui n’a pas d’emploi, car elle n’a pas le temps… Depuis environ un an, elle voit gratuitement une psychologue, grâce au programme mis en place par le gouvernement.

Par ailleurs, une grande partie des femmes aidantes n’ont jamais cotisé pour leur retraite. Elles sont inquiètes pour leur vieillesse, mais craignent surtout de ne plus pouvoir prendre soin de ceux qui dépendent entièrement d’elles.

Des vagues destructrices

Au Pérou, d’énormes vagues frappent les côtes du nord du pays. Un phénomène rare où les conditions atmosphériques se combinent aux courants marins qui se croisent dans cette région. Martin Chabal s’est rendu dans la station balnéaire de Mancora, dont une grande partie du littoral a été détruite : les vagues n’ont laissé que des morceaux de béton sur la plage de sable blanc. « Ça a dépassé le haut du quai. Ça a emporté des bateaux qui ont été réduits en poussière », explique, accablé, Juan, un pêcheur de 71 ans. Un peu plus loin, le long de la plage, Carlos nettoie les restes de son hôtel : « Là, tu avais des cabanes de deux étages… Tout est parti à la mer ». Les sacs de sable de plus d’une tonne n’ont pas permis de stopper le raz de marée.

Donald Trump, le Groenland et le canal de Panama

Panama a célébré ce mardi ses 25 années de souveraineté sur le célèbre canal. « Souveraineté », un mot sur lequel le président Mulino a insisté ce mardi – c’est à lire dans La Estrella de Panama : « Il est important que nos jeunes aient à l’esprit le prix énorme de la lutte et du sang qui a été engagé pour hisser notre drapeau en ce lieu, comme signe indubitable de souveraineté ». Une référence très claire aux menaces du président américain élu Donald Trump de reprendre le contrôle du canal.

À lire à ce sujet dans le New York Times, un article liant au changement climatique les déclarations de Donald Trump sur une éventuelle prise de contrôle par les États-Unis du canal de Panama, mais aussi du Groenland. Explication : au Groenland, la fonte des glaces ouvre des perspectives de forage pétroliers et gaziers, et d’extractions de minéraux. Ces dix dernières années, elle a aussi permis d’ouvrir de nouvelles routes commerciales, alors que le canal de Panama a connu en 2023 une sécheresse qui a très sérieusement handicapé ses opérations. Interrogé par le quotidien, un spécialiste de l’Université de Stanford estime que cet intérêt de Donald Trump pour le canal du Panama et le Groenland sont « une sorte de reconnaissance indirecte » de la réalité du changement climatique (dont il continue de nier l’existence), et du fait qu’il engendre des défis mondiaux.

Le journal de la Première

Le problème de la vie chère concerne la Martinique, mais aussi la Guadeloupe.

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