Le 28 juillet 1915, les bottes américaines foulent le sol haïtien. Sous le prétexte d’un rétablissement de l’ordre, Washington impose sa présence, marquant le début d’une occupation qui s’étirera jusqu’en 1934. Cent dix ans plus tard, les traces de cette intrusion étrangère imprègnent encore le quotidien d’un peuple qui peine à se relever.
Pour l’historien Fadoul Destiné, l’occupation n’a pas seulement bousculé la politique haïtienne, elle a gelé l’évolution du pays pour des décennies. Derrière le discours officiel de stabilisation, un objectif clair, contrôler les ports, les finances et, par ricochet, l’âme même de la République noire. L’assassinat du président Vilbrun Guillaume Sam, souvent présenté comme le déclencheur, n’a été qu’un prétexte pour mettre à genoux un État qui, jusque-là, résistait aux pressions commerciales américaines.
Les conséquences furent profondes. La souveraineté nationale s’effaça au profit d’une administration dirigée et façonnée par des officiers américains , impôts, douanes, armée, tout passa sous influence étrangère. Cette mainmise transforma durablement les élites locales, plus enclines à répondre aux intérêts de Washington qu’à ceux de leurs concitoyens.
Aujourd’hui encore, Haïti porte ce legs comme un fardeau. Les infrastructures fragilisées, la dépendance économique et la méfiance envers ses propres institutions témoignent de cette fracture historique. Pourtant, professeur Destiné voit dans cette mémoire douloureuse un appel à l’unité et au sursaut. Former des citoyens conscients, réécrire l’histoire avec vérité et bâtir une gouvernance intègre voilà, selon lui, les premiers pas pour rompre la spirale de dépendance.
Haïti, dit-il, peut renaître. Mais seulement si ses enfants acceptent de regarder leur passé en face pour mieux inventer leur avenir, loin des tutelles imposées.
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