« Viens avec moi » ! Dans cette chanson empreinte d’amour encestral, mettant en relation une sublime Camerounaise et un haïtien, notre Jean Jean Roosevelt nous fait revivre les similitudes sociohistoriques existant entre la terre d’Ayiti et celles d’Afrique, dite « Mama Africa ». Si besoin il en est, cette vidéo dépouillée nous convie à comprendre, subtilement, que, en plus de la misère, partout, l’innocence et la joie d’être des enfants sont pareillement envoûtantes.
Ce duo de trois minutes douze (3 minutes 12) relate un coup de foudre entre un Haïtien et une savoureuse Camerounaise. Cette métaphore voluptueuse entend nous rappeler les liens indéfectibles reliant le destin d’Ayiti à celui des terres d’Afrique. Pour cela, le chantre haïtien demande à son élue de refaire la route ensemble. Façon poétique pour évoquer la traite négrière, l’arrachement de douze millions d’hommes et de femmes à l’amour et à la chaleur corporelle de leurs bien-aimés, leurs familles et/ou parents.
En effet, la beauté camerounaise avoue qu’elle est tentée par cette aventure. Que cette invitation à refaire la route ensemble dégage l’odeur d’une histoire déjà vécue par le passé. Mais, affirme-t-elle, les choses ont bien changé depuis. Ceci, pour préciser que suivre son soupirant outre-atlantique ne saurait être aussi simple qu’un arrachement, comme par le passé. Il y a donc une dot à verser, pour ce faire. Toujours pour prendre le contre-pied de la déportation esclavagiste, de la « traversée forcée », cette femme d’Afrique exige qu’elle soit épousée, protégée, et; que son homme la fasse incessamment danser.
Quant à l’Haïtien, pour signifier la force de sa flamme, la profondeur de son amour, l’intensité de sa passion, jure-t-il sur les têtes de Toussaint Louverture, Jean Jacques Dessalines et de Mackandal (le premier des marrons, premier des combattants de la liberté à Saint-Domingue), de faire le bonheur de sa dulcinée si cette dernière accepte de le suivre jusqu’à Ayïti. A genoux, Jean Jean monte d’un ton et s’écrie « Je t’emmène ». Et la douce voix d’Afrique, Kareyce Fotso, de rappliquer, jurant à son tour sur les têtes de Mandela et de « Maman Africa », entre autres.
En guise de métaphore filée, ce bel « amour ancestral » se veut, par-delà le temps et l’espace, un magnifique aller-retour du passé au présent. Une revisitation de l’histoire. Une siblimation de « la traversée forcée ». Une redécouverte de la terre africaine à travers l’une de ses plus sublimes filles, Kareyce Fotso.
La complicité de Jean Jean Roosevelt et de Kareyce Fotso, a la vieille vieille et fraîche, sur cette chanson se veut d’etre dépositaire d’un jeu de voix, de répliques inspirées se dupliquant, comme une image dans un jeu de miroirs.
Donc, cette rencontre entre Ayiti et l’Afrique ressemble à la splendeur d’un après-midi où le ciel et la terre semblent se rencontrer, à l’heure où le soleil se couche sur l’horizon pour enfanter la nuit, interminable instant d’union des corps, des âmes, des souffles ! Bref, époustouflant moment d’epousailles du temps et de l’éternité. Car, comme dit très justement Christian Bobin dans sa fulgurante nouvelle La part manquante « Le temps passé en amour […], c’est de la lumière ».
Bravo, Jean Jean Roosevelt…
Antoine-Hubert Louis
antoinhubert@hotmail.com