C’était un dimanche, le 14 décembre 2014, que le Premier ministre, Laurent Lamothe avait annoncé à la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) sa démission, après avoir passé deux (2) ans et sept mois à ce poste.
Sous la pression d’un nombre non moins significatif de personnes, guidées par des politiciens traditionnels avides de pouvoir et experts en chambardement, et qui multipliaient les manifestations de rues, le président d’alors, Michel Joseph Martelly, a dû lâcher du lest, en mettant sur pied, sous l’influence de l’homme d’affaires, Réginald Boulos, une commission consultative présidentielle chargée de lui faire une proposition de sortie de crise.
En mettant tout son poids dans la balance, M. Boulos est parvenu a imposé ses quatre volontés au sein de cette commission de onze (11) membres, en proposant le renvoi de Laurent Lamothe et son remplacement par l’homme politique, Evans Paul.
En un tournemain, la proposition de l’entrepreneur-politique passe. Et pour cause : le chef du Gouvernement annonce son départ de la Primature avec ‘’le sentiment du devoir accompli’’.
Laurent Lamothe, un Premier ministre dont le dynamisme, le pragmatisme et la volonté ne s’étaient jamais démentis durant les trente-et-un (31) mois passés aux commandes du Gouvernement, avait jeté l’éponge pour éviter au pays le ‘’chaos’’. Donc, sa démission était la solution à la crise, c’est du moins ce que les protagonistes du chaos voulaient faire croire.
En décembre 2018, soit quatre (4) ans après que Laurent Lamothe eut posé un tel acte politique, où en sommes-nous ? A-t-on mis fin définitivement à la crise sociopolitique ? Qu’est-ce qui a changé pour le mieux en Haïti ? A-t-on fait mieux ?
En décembre 2014, il y a de cela quatre (4) ans, quand M. Lamothe quittait la Primature, le taux de change était de 42 gourdes pour un dollar. Entre 2012 et 2014, Haïti sortait peu à peu de ‘’l’autarcie’’ en devenant, grâce aux titanesques efforts de la jeune ministre Stéphanie Balmir Villedrouin, une destination touristique. Le pays était en chantier. L’accueil par Haïti de grands forums internationaux était un signe visible que le pays cherchait, à pas mesurés, sa place dans le concert des nations.
Un vent de renouveau soufflait sur le bout d’île, ce qui, à l’évidence, énervait les opposants politiques obscurantistes qui pendant des années passées au pouvoir ne pouvaient pas faire la moitié.
Deux (2) ans seulement après le départ de Laurent Lamothe, soit le 27 décembre 2016, le dollar américain s’achetait déjà à environ 67,20 gourdes. Soit une augmentation de 52%. Aujourd’hui, en 2018, la chute de la monnaie locale est on ne peut plus vertigineuse. Pour que l’Haïtien se procure un billet vert, il lui faut 78 gourdes.
Sous le Gouvernement Lamothe, le kidnapping avait connu une baisse considérablement, proche de l’éradication. Les gens des quartiers défavorisés poussaient un ouf de soulagement grâce à l’implémentation de nombreux programmes sociaux.
Aujourd’hui, en 2018, les foyers de gangs se constituent un peu partout à travers le pays. Les zones de non-droit s’étendent. L’insécurité bat son plein dans la zone métropolitaine notamment. La crise politique que l’on prétendait résoudre par la démission du chef du Gouvernement en 2014 demeure intacte, voire plus grande quatre (4) ans après.
Avec une situation sociopolitique tendue, une économie en berne, un environnement dégradant, Haïti a vraiment connu le changement quatre (4) années après la démission de Laurent Lamothe. Oui, le pays a changé pour devenir pire qu’il n’était en 2014.
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