La mésaventure de Moïse Jean-Charles aux USA et le silence de la classe politique

La mésaventure de Moïse Jean-Charles aux USA et le silence de la classe politique

Qu’est-ce qui explique le silence de la classe politique face à la mésaventure de Moïse Jean-Charles à l’Aéroport International de Miami? Moïse Jean-Charles, ancien sénateur de la République, ancien candidat à la présidence, est l’une des figures de proue de la classe politique haïtienne. Opposant de premier ordre au régime PHTK, celui qui n’a jamais raté une occasion pour mettre au grand jour la complicité de la communauté internationale, notamment les États-Unis dans nos malheurs quotidiens. Et il a payé le prix fort pour avoir été en territoire ennemi.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, Moïse Jean-Charles, au retour de sa longue tournée sur le continent africain dans le cadre de la promotion de sa politique internationale et surtout d’une coopération économique SUD-SUD, a transité vers les Etats-Unis, sauf qu’il n’aurait pas dû. À l’aéroport international de Miami, le leader Moïse, s’est vu enlever, séquestrer puis expulser des États-Unis après un simulacre d’interrogatoire. Qui pis est, son visa régulier est révoqué!

Humilié, Moïse se retrouve aujourd’hui presque seul à déplorer son infortune. Ses partenaires de combat dans la classe politique haïtienne n’ont fait aucune déclaration officielle pour le supporter. Car, certainement, l’opposition ne digère pas l’indifférence de Moïse. Aucune manifestation de solidarité, aucun message de soutien, même pas un Tweet!
Qu’est-ce qui explique ce comportement? Est-ce du mépris à l’égard de Moïse Jean-Charles? Est-ce la crainte d’être en désaccord avec le faiseur de Roi?

L’assassinat du président Jovenel Moïse a provoqué une vacance présidentielle forcée. Le 7 février prochain va encore empirer la situation puisqu’après cette date l’exécutif n’aura aucune qualité, ni légitimité sur le plan juridique.
Le département d’Etat veut nous faire croire le contraire. Bon, on connait la chanson, Haïti est le pays où les lois sont considérées comme du simple papier, la seule autorité, c’est le Blanc, tout ce qu’il dit le ciel l’approuve. Cependant, même le commun des mortels sait très bien que le Dr Ariel Henry trouvait sa légitimité quoique de facto dans l’article 149 de la constitution de 1987 amendée. Si la mort de Jovenel Moïse avait provoqué un vide présidentiel, le 7 février prochain, la date marquant la fin de son quinquennat, marquera la mort de l’exécutif tout simplement. C’est l’une des raisons qui expliquent la vitesse exponentielle à laquelle les accords politiques s’élaborent et se signent ces jours-ci.

Tous les prétendants veulent prendre la place du chef décapit. Peu importe ce qui lui est arrivé réellement, peu importe le sort que va subir le prochain élu, peu importe la constitution et la Nation, une seule chose compte : l’accès au trône. Pour y arriver, il faut caresser le maître dans le sens du poil, se comporter en bon enfant.

Le mauvais traitement subi par l’esclave rebelle Moïse Jean-Charles semble être le dernier des soucis de nos politiciens. C’est le règne du « chak koukouy klere pou je w » ou on pourrait dire aussi « zafè kabrit pa zafè mouton ».

Il se peut que ce soient les raisons qui expliquent ce silence de cimetière observé par la classe politique à l’égard de celui qui se réclame d’être le fils de Dessalines.

On pourrait aussi questionner le comportement de nos principales institutions de droits humains, celles qui sont toujours au premier rang, quand c’est la République Dominicaine qui humilie un Haïtien à l’un des postes frontaliers. Elles sont toujours promptes à rappeler le voisin à l’ordre. Pourquoi n’ont-elles rien dit aux autorités américaines ? En tout cas, on peut toujours espérer une déclaration, car il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais pour être sincère, le contraire surprendra plus d’un.

Qui aurait cru qu’un coup pareil allait venir des États-Unis d’Amérique à l’endroit de Moïse Jean-Charles? États Unis, pays ami de confiance d’Haïti. D’après le proverbe haïtien « Lè w byen ak yon moun ou byen ak chen … lakay li ». Le leader du parti Pitit Dessalines ne peut pas passer inaperçu, le pays de l’oncle Sam ne saurait ignorer son amitié avec Maduro, le fils de Milot n’a jamais caché son engagement dans la coopération SUS-SUD. Si la coopération NORD-SUD allait apporter quelque chose à Haïti elle l’aurait déjà fait. Cependant, si l’interpellation de Moy pourrait être considérée comme un check de routine ou un malentendu tout bonnement, la révocation de son visa confirme que c’est une décision d’État. C’est du jamais-vu ! Les États-Unis, le pays qui réclame la paternité de la démocratie moderne, le tuteur de nos démocrates haïtiens, arrivent à un niveau aussi bas? En vérité, ça craint.

Il semble que les fils du bon Dieu ont renoncé à la constitution de leur père (la sainte Bible). Parce que le libre-arbitre n’est plus une garantie. De même que le libre choix et la liberté d’expression… Suivez mon regard, aurait dit l’autre.

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