« La puissance de l’UE est devenue une question de survie pour répondre aux tragédies géopolitique et climatique »

« La puissance de l’UE est devenue une question de survie pour répondre aux tragédies géopolitique et climatique »

Nous vivons un moment de bascule historique. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, l’Europe voit vaciller les fondements mêmes qui ont fait sa force : sa souveraineté, sa capacité d’action, sa sécurité, son modèle démocratique. Pendant sept décennies, l’Europe a été un succès considérable, elle accumule aujourd’hui reculs et impuissances. Le sort de

Nous vivons un moment de bascule historique. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, l’Europe voit vaciller les fondements mêmes qui ont fait sa force : sa souveraineté, sa capacité d’action, sa sécurité, son modèle démocratique. Pendant sept décennies, l’Europe a été un succès considérable, elle accumule aujourd’hui reculs et impuissances.

Le sort de l’Ukraine, nation souveraine et partenaire, est désormais discuté entre deux superpuissances militaires qui redessinent son avenir sans nous. Notre action climatique, pourtant vitale pour la planète, s’enlise sous le poids des égoïsmes nationaux. Notre souveraineté technologique se dissout dans la dépendance à des plateformes, satellites et infrastructures contrôlés ailleurs. Quant à notre culture démocratique – diverse, créative, ouverte –, elle est minée de l’intérieur et de l’extérieur par des logiques de standardisation, de captation, de manipulation et d’ingérences.

Conçues pour une mondialisation heureuse, nos institutions n’ont jamais eu comme mission prioritaire de faire de l’Europe une puissance géopolitique, technologique et culturelle assumée qui puisse défendre les intérêts européens face à des superpuissances rivales. Lorsque les Européens ont achevé la mise en place de l’euro en 2002, le moteur politique qui avait jusque-là permis des réussites extraordinaires a perdu en ambition. La guerre froide était derrière nous, et le monde – l’Europe tout particulièrement – vivait dans la dangereuse illusion que l’histoire s’était arrêtée.

Dans un monde qui plaçait en son cœur le multilatéralisme, le développement du commerce et le respect des règles communes, l’Europe pouvait se contenter de réglementer pour le confort des Européens. Le logiciel européen n’a pas été conçu pour un monde d’abord gouverné par le pur rapport de force et la surpuissance technologique directement liée à la puissance militaire.

La Chine et les Etats-Unis ont été les premiers à comprendre qu’ils étaient les mieux placés pour tirer parti de la révolution numérique au détriment du reste du monde, en particulier des Européens, et ils ont mis en œuvre une stratégie volontariste de leadership, mobilisant des moyens sans précédent pour renforcer leur puissance.

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