Une affiche électorale de l’élection anticipée en Republika Srpska (RS), l’entité serbe de Bosnie, pour le candidat Sinisa Karan, successeur du président destitué Milorad Dodik, à Banja Luka, le 11 novembre 2025. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE » Le candidat du leader des Serbes de Bosnie Milorad Dodik, interdit de candidature, a été déclaré,

Le candidat du leader des Serbes de Bosnie Milorad Dodik, interdit de candidature, a été déclaré, dimanche 23 novembre, vainqueur de l’élection présidentielle anticipée de l’entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska (RS).
Sinisa Karan a remporté 50,89 % des voix, contre 47,81 pour son principal rival, Branko Blanusa, selon ces résultats publiés dans la soirée par la Commission électorale centrale, basés sur le dépouillement de près de 93 % des bureaux de vote.
« Notre candidat Sinisa Karan a remporté l’élection d’aujourd’hui. Cela ne fait aucun doute », avait lancé avant même cette publication M. Dodik devant ses partisans rassemblés au siège de sa formation nationaliste à Banja Luka, chef-lieu de la Republika Srpska. Milorad Dodik a dirigé la RS pendant deux décennies avant d’être démis récemment de ses fonctions par la justice après une grave crise politique.
Six candidats étaient en lice. Sinisa Karan, 63 ans, ancien ministre de l’intérieur et homme de confiance de Milorad Dodik, faisait figure de favori face à Branko Blanusa, professeur universitaire d’électrotechnique de 56 ans, dont la candidature a été soutenue par plusieurs formations d’opposition.
La RS est, avec la Fédération croato-musulmane, l’une de deux entités autonomes qui forment la Bosnie d’après la guerre. Le président y désigne le premier ministre, promulgue les lois, mais, sans une majorité au Parlement, ses pouvoirs sont limités. Le nouveau président de cette entité qui couvre la moitié du territoire de la Bosnie et compte quelque 1,2 million d’électeurs, ne devrait rester au pouvoir qu’un an, avant des élections générales en octobre 2026.
Menaces sécessionnistes
Ce vote est censé mettre fin à une période de turbulences en Bosnie, qui a vu le duel entre Milorad Dodik, proche du Kremlin, et le haut représentant international, Christian Schmidt – chargé du respect de l’accord de paix de 1995 –, pousser le pays dans la plus grave crise politique depuis la fin de la guerre. Le haut représentant dispose de larges pouvoirs : il peut imposer ou modifier des lois, limoger des élus… Des prérogatives dénoncées sans cesse par Milorad Dodik, qui a multiplié les menaces sécessionnistes et les insultes envers Christian Schmidt, un ancien ministre allemand arrivé en 2021.
En conséquence, Milorad Dodik a été condamné en appel, en août, à un an de prison – une peine transformée en jours-amende – et à une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant six ans, pour non-respect des décisions de l’émissaire international. Après avoir défié le verdict, il a fini par accepter l’élection d’un successeur – juste avant que Washington lève les sanctions qui le visaient depuis près de dix ans à cause de sa politique séparatiste.
« Ces élections ont été organisées par les musulmans bosniaques et [Christian] Schmidt », a déclaré Milorad Dodik après avoir voté dans sa ville natale de Laktasi. « Ils voulaient nous vaincre en Republika Srpska, et maintenant le peuple a une chance de les vaincre », a-t-il dit aux journalistes en promettant « la République serbe avant tout ».
« Antipopulaires, égoïstes et irresponsables »
Durant la campagne, Milorad Dodik a affirmé qu’un vote pour Sinisa Karan était en fait un vote pour lui-même et sa politique, répétant que la Bosnie était « un pays impossible » et la RS, « un Etat » qui doit « attendre » sa reconnaissance internationale.
De son côté, Branko Blanusa a expliqué que la RS était surtout « menacée » par les politiques de son adversaire : « Il a humilié les institutions de la RS pour ses propres intérêts et sa richesse, et c’est pour cela qu’il est désormais sur la liste noire du peuple. »
Quel que soit le résultat du vote, pour l’historien et diplomate Slobodan Soja, il n’y a pas « la moindre différence idéologique entre les partis au pouvoir et ceux de l’opposition », qu’il qualifie, les uns comme les autres, d’« antipopulaires, égoïstes et irresponsables ». Quant à Milorad Dodik, « il a capitulé pour obtenir la levée des sanctions », mais il reste un acteur politique « incontournable ». « Ses ailes ont été un peu taillées, mais son pouvoir est resté intact et ne fera que croître avec le temps », explique Slobodan Soja.


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