« Les entreprises parlent d’IA mais l’adoptent bien moins rapidement que leurs employés »

« Les entreprises parlent d’IA mais l’adoptent bien moins rapidement que leurs employés »

Nous vivons un paradoxe. Dans les entreprises, l’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Pourtant, dans beaucoup d’entre elles, les tableaux de bord sur l’IA restent maigres, alors que les employés utilisent discrètement ChatGPT et autres modèles conversationnels pour se documenter, traduire, écrire, programmer. Si, du PC au smartphone, l’IA est omniprésente, elle n’est pas

Nous vivons un paradoxe. Dans les entreprises, l’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Pourtant, dans beaucoup d’entre elles, les tableaux de bord sur l’IA restent maigres, alors que les employés utilisent discrètement ChatGPT et autres modèles conversationnels pour se documenter, traduire, écrire, programmer. Si, du PC au smartphone, l’IA est omniprésente, elle n’est pas profondément intégrée dans le fonctionnement des entreprises, qui l’adoptent bien moins rapidement que leurs employés.

Un rapport controversé du Massachusetts Institute of Technology avance que 95 % des projets pilotes d’IA générative aux Etats-Unis échouent. Ironie : alors que les dirigeants y accusent leurs collaborateurs de résister aux modèles poussés par l’entreprise, près de 90 % de ces derniers utilisent activement des outils personnels d’IA ! Mais leur usage n’est ni connu ni maîtrisé en interne. Il s’agit de l’IA fantôme, qu’on a surnommé le BYOAI (pour « Bring Your Own AI ») : chacun amène son IA préférée au travail.

Le Financial Times souligne un autre paradoxe : 374 des 500 entreprises de l’indice S&P 500 ont mentionné l’IA positivement lors de conférences investisseuses, alors que leurs documents réglementaires détaillent surtout les risques, rendant cet optimisme suspect.

Dans le même temps, de nombreux médias (et même Etats) s’inquiètent de la flambée des investissements dans les centres de données d’IA, jugés démesurés au regard des revenus encore très modestes générés par ces technologies, surtout issues de modèles freemium (partiellement gratuits) et hérités du Web 2.0. Idem pour les revenus que tirent de l’IA les entreprises qui l’utilisent : les gains de productivité induits restent flous.

Les entreprises rêvent de gains de productivité immédiats et de baisses de coûts. Elles redoutent également de rater le prochain train technologique, sans toujours percevoir la direction réelle de ce mouvement. Or l’histoire montre que les révolutions technologiques ne naissent pas de l’amélioration de l’existant, mais de l’apparition de nouveaux outils qui rendent possible ce que l’ancien monde n’aurait jamais imaginé.

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Georges Nahon
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