L’ex Premier ministre Laurent Salvador Lamothe a donné une entrevue autour de la conjoncture actuelle du pays à l’émission Mozayik présentée par Claude Mancuso sur Ayiti Tv. Dans un franc-parler au cours de cet entretien, en 50 minutes, l’ex Chef du Gouvernement haïtien a décrypté les causes et conséquences de la situation chaotique et dramatique
L’ex Premier ministre Laurent Salvador Lamothe a donné une entrevue autour de la conjoncture actuelle du pays à l’émission Mozayik présentée par Claude Mancuso sur Ayiti Tv.
Dans un franc-parler au cours de cet entretien, en 50 minutes, l’ex Chef du Gouvernement haïtien a décrypté les causes et conséquences de la situation chaotique et dramatique qui règne actuellement dans le pays.
Comparant la gestion de la chose publique haïtienne aujourd’hui à l’époque où il tenait les rênes de la Primature entre 2012 et 2014, et évaluant le taux de régression, Laurent Lamothe fait allusion à un bateau qui se plonge dans l’abîme.
Au regard de données macroéconomiques, il montre qu’entre ces deux périodes, la misère a doublé. Le taux du dollar américain qui était à 43 gourdes pour 1 dollar, lorsqu’il était en fonction, est passé à 86 gourdes aujourd’hui. Toutefois, il s’en plaint que les conjonctures ne lui ont pas facilité d’offrir une vie de luxe à chaque haïtien, mais du moins, le minimum était assuré car le peuple n’exige pas beaucoup.
C’est en ce sens qu’il a rappelé l’importance de la mise en place des nombreux projets sociaux de son Gouvernement qui visaient à apaiser les conditions misérables dans lesquelles vivotent les plus vulnérables de la population. Pourtant, comme on peut le constater, tous ces projets ont été interrompus suite à son départ.
Il soutient qu’à l’arrivée de Jovenel Moïse à la tête de la Magistrature Suprême du pays, bien des défis attendaient le Président, certes. De plus, a-t-il affirmé lors de cette émission :
Il n’y a rien de positif que vous voulez accomplir en Haïti qui soit facile. Il faut toujours se battre pour le réaliser, surtout lorsqu’il y a de gros intérêts en jeu.
À ces propos on a pu constater la déception de l’homme d’État qui a vécu ce qu’il exprime ! À titre d’exemple, il explique lorsqu’il était Premier ministre, il avait voulu fixer le prix du riz à 16 gourdes sur le marché et travaillait assidûment pour y parvenir. Pourtant n’y est pas arrivé parce que de grands intérêts étaient menacés.
Mais malgré tout, il soutient que de toutes les façons, il faut qu’on sorte le pays de ce niveau déplorable dans lequel il se trouve. Et pour y parvenir, il est nécessaire d’identifier les causes de cette dérive et d’agir en conséquence.
En ce qui a trait au rapport d’audit de la Cour Supérieure des Comptes sur la gestion du fonds PetroCaribe, Laurent Lamothe a précisé qu’il s’agit d’un 5e rapport d’audit positif sur sa gestion élaboré par cette Institution. Il a surtout attiré l’attention de tous sur le montant exact de la dette d’Haïti envers le Vénézuela qui s’élève réellement à environ 1,6 milliard de dollars.
Il a profité de l’occasion, encore une fois, pour dénoncer les manœuvres politiciennes perpétrées par ceux qu’il appelle les “abolotchos politiques” pour influencer un groupe de personnes qui se sont fait manipuler et ainsi dévier l’attention de la population vigilante sur la vraie teneur et les informations véridiques relatives au dossier PetroCaribe.
D’ailleurs, il affirme que contrairement à d’autres projets de développement, les projets qui ont été financés par le Programme PetroCaribe restent jusqu’à date très tangibles. Comme justificatif on peut considérer les rénovations effectuées au Champ-de-Mars et ses environs ; la reconstruction de plusieurs édifices publics détruits par le tremblement de terre ; la rénovation du Ciné Triomphe fermé il y avait plus de 25 ans et qui est aujourd’hui doté des uniques salles de cinéma à standard international dans tout le pays ; la réparation des routes dans toute l’aire Métropolitaine ; la construction de logements pour les victimes du séisme du 12 janvier 2010 ; la rénovation de plusieurs places publiques dans le pays ; la construction de plus d’une vingtaine de lycées et d’infrastructures sportives à travers tout le pays, sans compter les plusieurs centaines de kilomètres de routes construites, les marchés publics bâtis et les diverses villes de province rénovées, pour ne citer que ceux là.
Quand Claude Mancuso lui a demandé s’il était Premier ministre aujourd’hui, qu’est-ce qu’il ferait : Laurent Lamothe n’est pas allé plus loin pour lui avouer qu’après évaluation de la situation, avec sa conscience, s’il avait remarqué qu’il ne pourrait plus y remédier, il aurait donné sa démission purement et simplement.
On se rappelle bien en novembre 2014 de ce complot, encaissé par ceux qu’il croyait être ses collaborateurs, ayant accouché l’accord d’El Rancho exigeant sa démission. Et il n’avait pas attendu que le pays soit en feu et en cendre pour libérer la situation.
Il avoue que cette décision a été difficile pour lui, surtout de voir les choses se dégénérer et s’écrouler après son départ, alors qu’il a dépensé tant d’énergie en 31 mois de gouvernance, pour mettre le pays sous le pas du progrès, dans un contexte post-séisme très complexe, suivi de deux (2) cyclones dévastateurs.
Étant souvent la cible d’une campagne de dénigrement lancée par certains politiciens de mauvaise foi, jouant sur la précarité de la masse populaire pour l’induire en erreur, Laurent Lamothe se plaint qu’en Haïti on ne reconnaît que rarement les efforts positifs consentis par d’honnêtes citoyens pour le bien-être du pays.
Toutefois, en bon serviteur et bon patriote qui jusqu’à présent lutte à rehausser la fierté du pays au-delà des 27.750 km2, à travers les grands plaidoyers qu’il engage à l’échelle internationale et sur les réseaux sociaux, l’ex Premier ministre garde l’espoir d’un lendemain meilleur pour ce pays.
Peut-être un jour le peuple haïtien comprendra-t-il, sans se laisser manipuler, qui sont les gens qui veulent véritablement son bien-être !
En outre, autour de la crise qui détruit le pays en ce moment, Laurent Lamothe a fait remarquer qu’Haïti adopte le comportement d’un pays en faillite. Cette situation nécessite que les acteurs politiques mettent l’intérêt du pays avant tout. À ce titre, il invite le peuple haïtien à se poser cette question : À qui profite les situations de tension qui éclatent régulièrement dans le pays ?
En guise de dénouement, Laurent Lamothe lance un appel au calme, un appel à l’ordre pour entamer un dialogue constructif entre toutes les forces politiques et populaires. De plus, il invite le Président à faire preuve de leadership pour mettre en application ses promesses de campagne, non pas en s’érigeant comme l’Homme à tout faire qu’il montrait en début de mandat, mais comme le garant de la bonne marche des institutions de l’État comme il est prescrit dans la Constitution haïtienne.
Haïti 24
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