L’insécurité, dossier-clé de la campagne présidentielle en Uruguay

L’insécurité, dossier-clé de la campagne présidentielle en Uruguay

Yamandu Orsi, le candidat de la gauche uruguayenne, rêve de réussir l’alternance après avoir dominé le premier tour de scrutin. À quelques jours du deuxième tour, prévu dimanche (24 novembre 2024), il pourrait surfer sur l’incapacité de ses adversaires à faire baisser la criminalité. D’après les instituts de sondage, l’insécurité reste la principale préoccupation des électeurs uruguayens. Peut-être, indique notre correspondant régional Théo Conscience dans son dossier Amériques, parce que l’économie se porte bien : la pauvreté et les inégalités sociales se maintiennent à des niveaux inférieurs aux autres pays de la zone.En revanche, avec 11,2 homicides pour 100 000 habitants, l’Uruguay présente un taux d’homicide deux fois supérieur à la moyenne mondiale. L’Organisation mondiale de la santé parle d’un seuil « épidémique », de plus en plus difficile à contrôler, où la violence engendre la violence.La situation n’est pas nouvelle, elle a d’ailleurs déjà été déterminante lors de la dernière élection présidentielle. « La gauche a perdu la dernière élection principalement à cause de l’insécurité, rappelle le sociologue Emiliano Rojido, spécialiste de la criminalité et des politiques publiques. La droite elle-même est arrivée au pouvoir avec un discours de fermeté, de tolérance zéro vis-à-vis de la criminalité : les problèmes d’insécurité du pays allaient se résoudre avec de la volonté, de la détermination, et avec un soutien inconditionnel à la police ».Cette politique répressive annoncée par l’actuel gouvernement n’a donné que des résultats mitigés. Les agressions et les vols ont diminué de manière significative, mais le nombre d’homicides, notamment ceux liés au trafic de drogue et au crime organisé, est resté stable. Le gouvernement a pourtant tenu ses promesses : les peines de prison ont été durcies, le nombre de personnes incarcérées est passé de 11 000 à 16 0 00 en cinq ans, mais le taux de récidive, à hauteur de 70%, pose la question de l’efficacité de ce modèle, souligne Emiliano Rojido. « Le système pénitencier uruguayen est irrationnel. Nous avons l’un des taux d’emprisonnement les plus élevés du monde. En termes de quantité de détenus par rapport à la population, nous sommes dans le top 10. C’est une situation intenable qui génère des opportunités criminelles à l’intérieur de la prison, car avec autant de personnes privées de liberté, la réhabilitation est impossible. Et cette situation peut profiter aux organisations criminelles, comme cela a a été le cas dans plusieurs pays de la région. À Rosario (Argentine) ou en Équateur, la situation a dégénéré dans les prisons. Aujourd’hui, les prisons sont un facteur de risque et non de protection pour l’Uruguay en matière de sécurité publique »Pour beaucoup d’observateurs, il est probable que l’incapacité du gouvernement à faire baisser le nombre d’homicides profite à l’opposition de gauche incarnée par Yamandu Orsi. Et coûte l’élection au candidat de la coalition au pouvoir, Alvaro Delgado. Le sociologue Emiliana Rojido regrette que, d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique, le poids de l’insécurité dans la campagne n’ait pas permis de faire émerger de propositions novatrices. « Quand on écoute les propositions des partis politiques, il y a des divergences, mais elles sont minimes. L’accent est mis sur l’augmentation des effectifs, sur les moyens technologiques de la police et sur les peines de prison, c’est le dénominateur commun. Le budget alloué à la sécurité publique a été multiplié par quatre au cours des vingt dernières années et il y a une forme de désillusion de la part de la population, qui voit que les budgets augmentent et que les partis changent. Mais que les problèmes restent les mêmes. »  Le retrait de Matt Gaetz, premier camouflet pour Donald TrumpD’après le New York Times, c’est « un revers majeur » pour le président élu. Matt Gaetz, propulsé par Donald Trump au futur ministère de la Justice, a dû jeter l’éponge, visé par une enquête du comité d’éthique de la Chambre des représentants. Présumé innocent, mais soupçonné de relations sexuelles avec une jeune fille mineure, 17 ans à l’époque des faits, d’usage de drogues et de cadeaux douteux à ses proches, il n’aurait jamais passé le test du Sénat. La Chambre haute du Congrès américain a pour prérogative d’auditionner l’ensemble des membres du cabinet afin de valider leur prise de fonction.Handicapé par ses frasques putatives et incapable, avant même son audition, de convaincre un nombre suffisant de sénateurs républicains, Matt Gaetz s’est retiré de la course. Il laisse la place à Pam Bondi, une magistrate conservatrice de Floride, très vite désignée par Donald Trump pour le remplacer. « Ce que l’on doit entendre à Washington », nous dit le quotidien populaire USA Today, c’est un immense soupir de soulagement. Il est évident, y écrit Nicole Russell, même pour nous qui avons voté pour lui, que Trump a besoin de garde-fous, aussi bien dans son intérêt que dans celui de la Nation toute entière ».« C’était un test critique pour les institutions, ajoute le Washington Post dans une tribune au vitriol signée Ruth Marcus. Pour l’instant, le système a gagné. Gaetz, le provocateur professionnel, sous-qualifié et d’un tempérament inapte aux plus hautes fonctions judiciaires, n’aurait servi qu’à punir les ennemis de Donald Trump ». Mais attention, prévient Ruth Marcus, Pam Bondi, « c’est toujours mieux que Matt Gaetz, à condition que les Sénateurs soient très clairs avec elle : elle doit travailler pour les États-Unis, pas pour pour Donald Trump ».Matt Gaetz peut-il survivre à cette gifle ? Le journal politique de Washington D. C., The Hill, explore cinq de ses options. 1 : un autre rôle au sein de l’administration, à la Maison Blanche ou ailleurs, à un poste qui n’aurait pas pas besoin d’être validé par le Sénat. 2 : faire campagne pour devenir gouverneur de Floride. Le mandat du gouverneur actuel Ron DeSantis, prend fin en 2026, et l’on a déjà entendu dans le passé que Gaetz pourrait se mettre sur les rangs. Mais ce rapport explosif à propos de ses dérapages sexuels va le poursuivre pendant longtemps. 3. Pourquoi pas un retour à la Chambre des représentants ? Matt Gaetz en a démissionné, il pourrait tenter de se faire réélire lors d’une élection partielle, même si cela reviendrait pour lui à se glisser dans la gueule du loup. 4. Une carrière dans les médias et 5. Un siège au Sénat, pas impossible, mais très difficile, « parce qu’il est devenu toxique », résume un donateur du Parti républicain. Face à Donald Trump, la ville de Los Angeles se veut à l’avant-garde de la défense des immigrésPlus de dix millions de sans-papiers résideraient clandestinement sur le sol américain et le candidat Trump a fait de l’expulsion de ces immigrés illégaux l’un des thèmes-phare de sa campagne. La célèbre mégalopole démocrate de Californie prend le contrepied du président-élu et vient de voter une mesure visant à protéger les migrants, quitte à désobéir à la future administration. Reportage de Loïc Pialat, notre correspondant dans l’ouest des États-Unis, à écouter dans son intégralité dans l’édition du jour.  Après la sortie polémique d’Emmanuel Macron, la mise au point des autorités haïtiennesFilmé en marge du G20 à Rio, le président français s’est hasardé à déclarer que les membres du Conseil présidentiel de transition étaient « complètement cons » d’avoir révoqué le Premier ministre Garry Conille. Réaction immédiate à Port-au-Prince hier, (21 novembre 2024) avec la convocation de l’ambassadeur de France en Haïti. Dans leur communiqué, les autorités haïtiennes parlent de « propos inacceptables, d’un geste inamical, inapproprié et qui mérite d’être rectifié ».Sommé de s’expliquer au ministère des Affaires étrangères, Antoine Michon, le représentant français, a reconnu que les propos d’Emmanuel Macron étaient « malheureux » et il a promis que « la France resterait toujours aux côtés d’Haïti pour faire avancer la transition ».À Port-au-Prince, l’art malgré le chaos La capitale haïtienne, déjà asphyxiée par les groupes armés, connaît une détérioration criante de sa situation sécuritaire depuis une quinzaine de jours. Des artistes tentent pourtant de résister et de poursuivre leur travail, à l’image des créateurs qui animent le Centre d’art de Port-au-Prince, l’un des lieux-phare de la culture haïtienne, à la fois galerie et école d’art. Dans notre édition du jour, Olivier Rogez s’entretient avec son directeur, Allenby Augustin. L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1èreEn Martinique, un nouveau centre de soins vient d’ouvrir, centré sur les pathologies professionnelles et environnementales.

Yamandu Orsi, le candidat de la gauche uruguayenne, rêve de réussir l’alternance après avoir dominé le premier tour de scrutin. À quelques jours du deuxième tour, prévu dimanche (24 novembre 2024), il pourrait surfer sur l’incapacité de ses adversaires à faire baisser la criminalité.

D’après les instituts de sondage, l’insécurité reste la principale préoccupation des électeurs uruguayens. Peut-être, indique notre correspondant régional Théo Conscience dans son dossier Amériques, parce que l’économie se porte bien : la pauvreté et les inégalités sociales se maintiennent à des niveaux inférieurs aux autres pays de la zone.

En revanche, avec 11,2 homicides pour 100 000 habitants, l’Uruguay présente un taux d’homicide deux fois supérieur à la moyenne mondiale. L’Organisation mondiale de la santé parle d’un seuil « épidémique », de plus en plus difficile à contrôler, où la violence engendre la violence.

La situation n’est pas nouvelle, elle a d’ailleurs déjà été déterminante lors de la dernière élection présidentielle. « La gauche a perdu la dernière élection principalement à cause de l’insécurité, rappelle le sociologue Emiliano Rojido, spécialiste de la criminalité et des politiques publiques. La droite elle-même est arrivée au pouvoir avec un discours de fermeté, de tolérance zéro vis-à-vis de la criminalité : les problèmes d’insécurité du pays allaient se résoudre avec de la volonté, de la détermination, et avec un soutien inconditionnel à la police ».

Cette politique répressive annoncée par l’actuel gouvernement n’a donné que des résultats mitigés. Les agressions et les vols ont diminué de manière significative, mais le nombre d’homicides, notamment ceux liés au trafic de drogue et au crime organisé, est resté stable. Le gouvernement a pourtant tenu ses promesses : les peines de prison ont été durcies, le nombre de personnes incarcérées est passé de 11 000 à 16 0 00 en cinq ans, mais le taux de récidive, à hauteur de 70%, pose la question de l’efficacité de ce modèle, souligne Emiliano Rojido.

 « Le système pénitencier uruguayen est irrationnel. Nous avons l’un des taux d’emprisonnement les plus élevés du monde. En termes de quantité de détenus par rapport à la population, nous sommes dans le top 10. C’est une situation intenable qui génère des opportunités criminelles à l’intérieur de la prison, car avec autant de personnes privées de liberté, la réhabilitation est impossible. Et cette situation peut profiter aux organisations criminelles, comme cela a a été le cas dans plusieurs pays de la région. À Rosario (Argentine) ou en Équateur, la situation a dégénéré dans les prisons. Aujourd’hui, les prisons sont un facteur de risque et non de protection pour l’Uruguay en matière de sécurité publique »

Pour beaucoup d’observateurs, il est probable que l’incapacité du gouvernement à faire baisser le nombre d’homicides profite à l’opposition de gauche incarnée par Yamandu Orsi. Et coûte l’élection au candidat de la coalition au pouvoir, Alvaro Delgado. Le sociologue Emiliana Rojido regrette que, d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique, le poids de l’insécurité dans la campagne n’ait pas permis de faire émerger de propositions novatrices.

 « Quand on écoute les propositions des partis politiques, il y a des divergences, mais elles sont minimes. L’accent est mis sur l’augmentation des effectifs, sur les moyens technologiques de la police et sur les peines de prison, c’est le dénominateur commun. Le budget alloué à la sécurité publique a été multiplié par quatre au cours des vingt dernières années et il y a une forme de désillusion de la part de la population, qui voit que les budgets augmentent et que les partis changent. Mais que les problèmes restent les mêmes. »

 

 

Le retrait de Matt Gaetz, premier camouflet pour Donald Trump

D’après le New York Times, c’est « un revers majeur » pour le président élu. Matt Gaetz, propulsé par Donald Trump au futur ministère de la Justice, a dû jeter l’éponge, visé par une enquête du comité d’éthique de la Chambre des représentants. Présumé innocent, mais soupçonné de relations sexuelles avec une jeune fille mineure, 17 ans à l’époque des faits, d’usage de drogues et de cadeaux douteux à ses proches, il n’aurait jamais passé le test du Sénat. La Chambre haute du Congrès américain a pour prérogative d’auditionner l’ensemble des membres du cabinet afin de valider leur prise de fonction.

Handicapé par ses frasques putatives et incapable, avant même son audition, de convaincre un nombre suffisant de sénateurs républicains, Matt Gaetz s’est retiré de la course. Il laisse la place à Pam Bondi, une magistrate conservatrice de Floride, très vite désignée par Donald Trump pour le remplacer. « Ce que l’on doit entendre à Washington », nous dit le quotidien populaire USA Today, c’est un immense soupir de soulagement. Il est évident, y écrit Nicole Russell, même pour nous qui avons voté pour lui, que Trump a besoin de garde-fous, aussi bien dans son intérêt que dans celui de la Nation toute entière ».

« C’était un test critique pour les institutions, ajoute le Washington Post dans une tribune au vitriol signée Ruth Marcus. Pour l’instant, le système a gagné. Gaetz, le provocateur professionnel, sous-qualifié et d’un tempérament inapte aux plus hautes fonctions judiciaires, n’aurait servi qu’à punir les ennemis de Donald Trump ». Mais attention, prévient Ruth Marcus, Pam Bondi, « c’est toujours mieux que Matt Gaetz, à condition que les Sénateurs soient très clairs avec elle : elle doit travailler pour les États-Unis, pas pour pour Donald Trump ».

Matt Gaetz peut-il survivre à cette gifle ? Le journal politique de Washington D. C., The Hill, explore cinq de ses options. 1 : un autre rôle au sein de l’administration, à la Maison Blanche ou ailleurs, à un poste qui n’aurait pas pas besoin d’être validé par le Sénat. 2 : faire campagne pour devenir gouverneur de Floride. Le mandat du gouverneur actuel Ron DeSantis, prend fin en 2026, et l’on a déjà entendu dans le passé que Gaetz pourrait se mettre sur les rangs. Mais ce rapport explosif à propos de ses dérapages sexuels va le poursuivre pendant longtemps. 3. Pourquoi pas un retour à la Chambre des représentants ? Matt Gaetz en a démissionné, il pourrait tenter de se faire réélire lors d’une élection partielle, même si cela reviendrait pour lui à se glisser dans la gueule du loup. 4. Une carrière dans les médias et 5. Un siège au Sénat, pas impossible, mais très difficile, « parce qu’il est devenu toxique », résume un donateur du Parti républicain. 

Face à Donald Trump, la ville de Los Angeles se veut à l’avant-garde de la défense des immigrés

Plus de dix millions de sans-papiers résideraient clandestinement sur le sol américain et le candidat Trump a fait de l’expulsion de ces immigrés illégaux l’un des thèmes-phare de sa campagne. La célèbre mégalopole démocrate de Californie prend le contrepied du président-élu et vient de voter une mesure visant à protéger les migrants, quitte à désobéir à la future administration. Reportage de Loïc Pialat, notre correspondant dans l’ouest des États-Unis, à écouter dans son intégralité dans l’édition du jour. 

 

Après la sortie polémique d’Emmanuel Macron, la mise au point des autorités haïtiennes

Filmé en marge du G20 à Rio, le président français s’est hasardé à déclarer que les membres du Conseil présidentiel de transition étaient « complètement cons » d’avoir révoqué le Premier ministre Garry Conille. Réaction immédiate à Port-au-Prince hier, (21 novembre 2024) avec la convocation de l’ambassadeur de France en Haïti. Dans leur communiqué, les autorités haïtiennes parlent de « propos inacceptables, d’un geste inamical, inapproprié et qui mérite d’être rectifié ».Sommé de s’expliquer au ministère des Affaires étrangères, Antoine Michon, le représentant français, a reconnu que les propos d’Emmanuel Macron étaient « malheureux » et il a promis que « la France resterait toujours aux côtés d’Haïti pour faire avancer la transition ».

À Port-au-Prince, l’art malgré le chaos 

La capitale haïtienne, déjà asphyxiée par les groupes armés, connaît une détérioration criante de sa situation sécuritaire depuis une quinzaine de jours. Des artistes tentent pourtant de résister et de poursuivre leur travail, à l’image des créateurs qui animent le Centre d’art de Port-au-Prince, l’un des lieux-phare de la culture haïtienne, à la fois galerie et école d’art. Dans notre édition du jour, Olivier Rogez s’entretient avec son directeur, Allenby Augustin.

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

En Martinique, un nouveau centre de soins vient d’ouvrir, centré sur les pathologies professionnelles et environnementales.

RFI
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