Maroc : des manifestations autorisées pour la première fois dans plusieurs villes, certaines émaillées de violences

Maroc : des manifestations autorisées pour la première fois dans plusieurs villes, certaines émaillées de violences

Une banque incendiée et pillée lors des manifestations pour réclamer des réformes dans les domaines de la santé et de l’éducation, à Salé (Maroc), le 1ᵉʳ octobre 2025. MOSA’AB ELSHAMY/AP Des manifestations, autorisées pour la première fois, ont eu lieu, mercredi 1er octobre au soir, dans plusieurs villes du Maroc tandis que d’autres ont connu des violences au

Une banque incendiée et pillée lors des manifestations pour réclamer des réformes dans les domaines de la santé et de l’éducation, à Salé (Maroc), le 1ᵉʳ octobre 2025.

Des manifestations, autorisées pour la première fois, ont eu lieu, mercredi 1er octobre au soir, dans plusieurs villes du Maroc tandis que d’autres ont connu des violences au cinquième jour de protestations pour de meilleurs systèmes d’éducation et de santé, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) et des médias locaux.

A Casablanca, Tanger ou Tétouan, des centaines de manifestants se sont mobilisés à l’appel du collectif GenZ 212, apparu récemment sur la plateforme Discord et dont les initiateurs sont inconnus, d’après des lives de médias locaux sur Facebook. C’est la première fois que les autorités marocaines autorisaient des rassemblements de ce collectif depuis le début des protestations, samedi.

Les slogans « Le peuple veut la chute de la corruption » et « Liberté, dignité et justice sociale » ont dominé l’ensemble des rassemblements. Les protestataires à Casablanca ont également demandé le « départ » du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

Deux personnes sont mortes, mercredi soir, alors qu’elles tentaient avec d’autres « de prendre d’assaut » un poste de gendarmerie dans le Sud, ont annoncé les autorités locales citées par l’agence MAP. Des gendarmes de Lqliaâ, près d’Agadir, « ont été contraints de faire usage de leurs armes de service, dans le cadre de la légitime défense, pour repousser une attaque et une prise d’assaut menées par des groupes d’individus, contre les locaux de cette brigade territoriale, dans une tentative de s’emparer de munitions, de matériels et d’armes de service », ont fait savoir les autorités locales.

A Salé, ville voisine de la capitale, Rabat, des personnes cagoulées ont incendié deux voitures de police et une agence bancaire sans scander de slogans, a constaté un journaliste de l’AFP. Dans la commune rurale de Sidi Bibi, près d’Agadir, des bureaux au siège de la municipalité ont aussi été consumés par le feu, d’après des médias locaux. Des actes de vandalisme ont également été commis dans des petites villes comme Kelâat M’Gouna (Sud), qui ne faisait pourtant pas partie des localités désignées par le collectif GenZ 212 pour ses manifestations, selon les mêmes sources.

Mardi soir, des manifestations non autorisées ont donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre dans des villes comme Oujda (Est) et Inzegane, en banlieue d’Agadir (Sud).

Plus de 400 interpellations

A la suite des violences, plus de 400 personnes ont été interpellées et près de 300 blessées, en majorité dans les rangs des forces de l’ordre, a indiqué Rachid El Khalfi, porte-parole du ministère de l’intérieur. M. El Khalfi a précisé que plus de 140 véhicules de la police et 20 voitures de particuliers ont été incendiés. « Les manifestants ont également pris d’assaut des administrations, des agences bancaires et des commerces, qu’ils ont pillés et saccagés » notamment à Inzegane et à Oujda, selon le ministre.

A Rabat, le parquet a décidé, mercredi, que 97 personnes, dont trois ont été placées en détention, allaient être jugées, a déclaré à l’AFP leur avocate, Souad Brahma, précisant que la date de leur procès n’a pas encore été fixée. Elle ajoute que 26 autres personnes ont été libérées sans charges. Mardi, 37 personnes, dont trois placées en détention, ont été poursuivies, à Rabat également. Leur procès débutera le 7 octobre, selon Me Brahma.

Le groupement GenZ 212, qui a exprimé son « regret » face aux violences de mardi, se décrit comme un « espace de discussion » sur « des questions qui concernent tous les citoyens, comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption ».

Au Maroc, les inégalités sociales restent un problème majeur avec de fortes disparités régionales et un fossé entre les secteurs public et privé.

Le Monde avec AFP

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