Naf Naf à nouveau en redressement judiciaire moins d’un an après son rachat

Naf Naf à nouveau en redressement judiciaire moins d’un an après son rachat

Le logo de Naf Naf sur la vitrine d’un magasin fermé à Vincennes, le 18 mai 2020. CHARLES PLATIAU / REUTERS Les 600 employés de Naf Naf avaient raison de s’inquiéter : l’enseigne de prêt-à-porter féminin, à peine rachetée par le fabricant turc Migiboy Tekstil, a été de nouveau placée en redressement judiciaire, vendredi 30 mai, pour la troisième fois

Le logo de Naf Naf sur la vitrine d’un magasin fermé à Vincennes, le 18 mai 2020.

Les 600 employés de Naf Naf avaient raison de s’inquiéter : l’enseigne de prêt-à-porter féminin, à peine rachetée par le fabricant turc Migiboy Tekstil, a été de nouveau placée en redressement judiciaire, vendredi 30 mai, pour la troisième fois de son histoire.

Cette nouvelle procédure relève d’une décision du tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) dont l’Agence France-Presse a eu connaissance. « Si ce jugement écarte pour l’instant la liquidation immédiate de l’entreprise, il ouvre une grande période d’incertitude », s’est ému la Confédération française démocratique du travail (CFDT) dans un communiqué.

La direction de l’entreprise avait déjà annoncé aux représentants du personnel sa demande de placement en redressement judiciaire auprès du tribunal lors d’un comité social et économique (CSE) réuni mercredi 21 mai. La CFDT avait alors dénoncé le « discours mensonger de l’entreprise » qui aurait fait le choix de « maquiller la vérité plutôt que de prendre ses responsabilités ».

Rachetée en juin 2024, Naf Naf emploie en France 588 salariés – 650 dans les six derniers mois, note le tribunal. En cessation de paiement, la société « est confrontée à des difficultés de trésorerie qu’elle n’est pas en mesure de surmonter » et « est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible ». En effet, son passif s’élève à 44 millions d’euros quand son chiffre d’affaires en 2024 a atteint 47 millions d’euros.

« Des perspectives de redressement »

Sa direction turque a cependant déclaré vouloir « continuer à faire exister la marque et présenter un plan de redressement », selon la décision. De fait, la justice a estimé que « sur les déclarations du débiteur et la présentation de son prévisionnel d’activité ainsi que du montant de la trésorerie disponible, il existe des perspectives de redressement ». Naf Naf bénéficie donc d’une période d’observation de six mois et sa situation sera réexaminée lors d’une audience fixée au 23 juillet.

En juin 2024, le repreneur turc Migiboy Tekstil s’était engagé à sauver 90 % des emplois et conserver une centaine de boutiques en propre. A l’époque, la société avait offert plus de 1,5 million d’euros pour reprendre l’enseigne française. Ce faisant, l’entreprise turque avait effectivement sauvé 521 emplois sur 586 et une centaine de boutiques en France, et reprit les filiales en Espagne, en Italie et en Belgique.

« La direction et l’actionnaire devront prouver que Naf Naf peut continuer à fonctionner au moins temporairement, ce qui suppose d’approvisionner les magasins (…) et de trouver une nouvelle organisation logistique, le tout avec des marges de manœuvre financière très contraintes », s’est inquiétée la CFDT. A ce sujet, la direction a argumenté devant le tribunal que les magasins « vont être approvisionnés car il y a 800 000 articles en stock et la société écoule 140 000 articles par mois ».

Crise de l’habillement

Mais même si ce plan de redressement aboutit, « une réorganisation drastique avec des fermetures de magasins et une nouvelle réduction du siège sont très probables », a jugé la CFDT. Sans compter le scénario catastrophe : « A l’inverse, si ces conditions ne sont pas remplies se profilera une liquidation avec vente au plus offrant des magasins, des stocks et de la marque, avec un impact social désastreux. »

La marque iconique des années 1990 enchaîne les déboires depuis plusieurs années. Lancée en 1973 par deux frères, Gérard et Patrick Pariente, Naf Naf – en hommage au « petit cochon le plus fort et le plus malin des trois » – acquiert une certaine notoriété dans les années 1980, avant de lancer des campagnes publicitaires très remarquées dans les années 1990, avec pour slogan « Le Grand Méchant Look ».

Mais en mai 2020, en pleine épidémie de Covid, la marque est placée en redressement judiciaire pour la première fois, avant d’être reprise par le groupe franco-turc SY International, qui emploie plus de 1 000 personnes dans le monde. Puis Naf Naf est de nouveau placée en redressement judiciaire en septembre 2023, du fait de son endettement et de loyers impayés pendant la pandémie, avant d’être rachetée par Migiboy Tekstil. Cette nouvelle étape survient dans un contexte de crise de l’habillement touchant de nombreuses enseignes de prêt-à-porter, telles que Camaïeu, Kookaï ou encore Jennyfer. La décision du tribunal sur la potentielle liquidation judiciaire, attendue mercredi 28 mai, a été reportée au 12 juin.

Le Monde avec AFP

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