Le dossier PetroCaribe, transmis à la justice, fait l’objet de controverses au Sénat de la République. L’élu du Nord-ouest dézingue Youri Latortue, tout en demandant un audit des firmes d’exécution.
Alors qu’il se trouvait la semaine dernière à la tête des manifestations de rue aux côtés des Nenel Cassy, Evalière Beauplan, Don Kato et Arnel Bélizaire pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse, le sénateur Youri Latortue vient tout juste de revêtir son costume de président de la Commission Éthique et anti-Corruption pour présenter en séance à l’Assemblée des Pères conscrits son rapport sanctionnant celui de la CSC/CA à travers un ensemble de recommandations sur la manière de traiter le dossier Petrocaribe.
Ce faisant, le sénateur de l’Artibonite dont les dénonciations concernant sa mainmise sur l’Office national d’Assurance Vieillesse (ONA) s’amplifient, continue d’user de son influence pour orienter dans son sillage le rapport de la CSC/CA en le transmettant précipitamment à la justice alors que les commissaires de la Cour des Comptes avaient noté que ledit rapport n’était qu’un document préliminaire.
Suite à son vote d’abstention au rapport de Youri Latortue sanctionnant celui de la CSC/CA, le sénateur du Nord-Ouest, Kédlaire Augustin, a expliqué, à travers une lettre ouverte, les principales raisons qui justifient une telle position. Regrettant que ces désaccords n’aient pas été pris en compte par le président du Sénat, Kédlaire Augustin a notamment rejeté la manière dont le dossier a été transmis à la justice haïtienne.
Les arguments présentés par le sénateur Augustin dans sa correspondance se présentent en effet comme suit :
«1) À mon avis, la Commission Éthique et Anti-corruption aurait dû se contenter de présenter le rapport à l’assemblée des sénateurs et lui recommander de voter pour ou contre celui-là avant d’être transmis aux autorités compétentes;
2) Le rapport de la Cour des comptes n’est que partiel, comment instruire sur un rapport qui est incomplet, alors que le juge d’instruction à des délais à respecter dans le cadre de son enquête? Or, il est clair que l’instruction d’un dossier aussi étoffé et aussi compliqué ne peut se faire selon les délais légaux en vigueur et selon les règles de procédure pénale traditionnelles;
3) Au nom du principe de la séparation des pouvoirs, le pouvoir législatif ne peut pas faire des recommandations au pouvoir judiciaire sur la manière de traiter un dossier en cours d’examen, à moins qu’elles dérivent d’une décision de l’assemblée des sénateurs suite à un rapport d’audit de la CSCCA sur la gestion financière d’un ministre ou d’un premier ministre;
4) La Justice est déjà saisie de ce dossier au moins deux fois: une fois par André Michel, par plainte avec constitution de partie civile et une autre fois par l’État haïtien, via la DGI, à l’initiative du Premier Ministre Céant. Ce dernier, après avoir reçu le dossier des mains du président Cantave, l’a transmis au Ministre de la justice qui, à son tour, l’a transmis au chef du Parquet. C’est donc une troisième fois qu’une autorité judiciaire est saisie de ce même dossier. C’est tout simplement de la pagaille, de la cacophonie judiciaire.»
En conclusion, le sénateur Kédlaire Augustin croit, comme plus d’un, que la lumière sur la gestion des fonds PetroCaribe ne peut être faite qu’à travers entre autres un audit et une évaluation objective de toutes les firmes qui exécutaient les projets financés à l’aide de ce fonds.
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