Dans la capitale haïtienne, l’insécurité force des milliers de familles à fuir leur quartier, mais la tension immobilière empêche la majorité des déplacés de se reloger et les pratiques frauduleuses explosent. « C’est un problème sérieux, relate un jeune homme croisé à Pétion-Ville par notre correspondant en Haïti, Peterson Luxama. La question du logement est devenue presque insoluble, extrêmement difficile. Une chambre que l’on pouvait louer autrefois pour 50 000 gourdes (environ 400 dollars américains), peut maintenant être proposée à 125 000 ou même 150 000 gourdes (entre 1 000 et 1 200 dollars). Et malgré ces prix exorbitants, il est souvent impossible d’en trouver une. »Certains habitants de Port-au-Prince sont à la recherche d’une maison depuis plusieurs semaines, impossible à trouver en raison de la forte demande qui provoque une flambée des loyers.« Nombreux sont ceux qui quittent une zone pour s’installer dans une autre, raconte un passant. Cela provoque une concentration dans les quartiers où ils arrivent, qui n’étaient pas aménagés pour accueillir autant de personnes. Les propriétaires en profitent pour doubler, voire tripler, les prix des maisons. »L’argent, un casse-tête aussi pour Jeantel Lainé et sa famille, qui habitaient Nazon, un quartier pris d’assaut par les bandits armés. Aujourd’hui séparés, ils souhaitent se réinstaller, mais la hausse des prix du logement les freine.« À dire vrai, je n’ai même pas cherché de logement, car nous n’avons pas suffisamment de fonds. Ces logements coûtent 2 000, voire 3 000 dollars américains. C’est impossible si vous n’avez pas quelqu’un pour vous aider. Avant, ma famille et moi vivions ensemble, mais maintenant, chacun est obligé de se débrouiller de son côté. »Trouver un logement à Port-au-Prince est devenu un véritable parcours du combattant, en raison de la montée en puissance des gangs armés. Des communes comme Pétion-Ville et Delmas servent de refuge pour certains déplacés internes. Mais même ceux qui réunissent la somme demandée par les propriétaires se heurtent parfois à des refus. Les propriétaires hésitent à louer à des personnes venant de quartiers jugés dangereux, comme le souligne Wedson : « Parfois, le propriétaire hésite à louer sa maison, car il ne sait pas à qui il a affaire. Si vous êtes un jeune homme, c’est encore pire. Si vous êtes une jeune femme avec des tatouages, ils hésitent encore plus à louer. Et même si vous arrivez à louer la maison, cela reste dangereux, car vous pourriez être victime de violences à tout moment. On vous surveille constamment pour savoir de quelle zone vous venez, ou si vous êtes en fuite. »Mais la crise du logement ne se limite pas seulement aux réticences des propriétaires à louer à des personnes inconnues. Carlin, journaliste photographe, décrit un autre phénomène inquiétant : « Il y a beaucoup de gens qui se font passer pour des courtiers et recherchent des maisons à louer sans que les propriétaires soient au courant. Ces courtiers identifient des maisons à louer et les publient sur internet. Par exemple, un propriétaire peut décider de louer sa maison à 2 000 dollars, mais le courtier, lui, en demande 2 500. Ensuite, pour qu’il vous fasse visiter la maison, vous devez payer des frais supplémentaires. À cela s’ajoute un pourcentage que le courtier exige si vous réussissez à louer la maison. »Une situation qui reflète l’ampleur de la crise humanitaire à Port-au-Prince. Et pour beaucoup, la question n’est plus seulement de trouver un toit, mais de savoir s’ils pourront un jour retrouver une vie normale.Du renfort pour la MMASLa Mission multinationale d’assistance à la sécurité, censée soutenir la police haïtienne dans sa lutte contre les groupes armés, accueille 77 officiers guatémaltèques, qui sont arrivés il y a deux jours à Port-au-Prince à bord d’un avion américain, relate Le Nouvelliste. Ils viennent s’ajouter aux 75 soldats du Guatemala qui avaient atterri la veille en Haïti en compagnie de huit militaires du Salvador. La MMAS totalise à ce jour environ 700 personnes, un contingent encore loin des 2 500 membres qui devaient la composer à l’origine.Un exemple parmi tant d’autres de l’insécurité qui demeure : la mort hier d’un jeune entrepreneur de 37 ans, Robenson Rendel, tué dans la cour de l’église Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le quartier de Delmas 75 à Port-au-Prince. Il a été abattu, rapporte Gazette Haïti, par des hommes à moto, un assassinat condamné par l’archevêque de Port-au-Prince qui fustige « un acte barbare qui ne témoigne d’aucun respect pour la vie humaine ni pour les lieux sacrés ».À lire aussiUn nouveau contingent de 83 soldats étrangers vient renforcer la mission internationale d’appui à HaïtiQuatre ans après l’attaque du CapitoleIl y a quatre ans jour pour jour, le 6 janvier 2021, le Congrès américain était pris d’assaut par les partisans de Donald Trump, lors d’une journée particulièrement violente, qui restera dans l’histoire politique américaine. Quatre ans plus tard, en ce 6 janvier 2025 qui verra l’élection de Donald Trump certifiée sans incident, Joe Biden en personne a tenu à y revenir dans une tribune publiée par le Washington Post. « Après ce que nous avons vécu ce jour-là, en 2021, on sait qu’il ne faut plus rien prendre pour acquis, écrit le président sortant. Nous devons être fiers de notre démocratie qui a survécu à cet assaut, mais nous ne devons pas l’oublier, malgré le mouvement permanent qui cherche à réécrire, voire à effacer, l’histoire de cette journée. » Joe Biden rappelle à ses lecteurs que des milliers d’insurgés ont grimpé les murs du Capitole, brisé les fenêtres et abattu les portes. Il évoque aussi les policiers frappés, traînés au sol, assommés ou piétinés. « Il faut, conclut l’encore locataire de la Maison Blanche, s’engager à se rappeler du 6 janvier 2021. Se rappeler d’un jour où notre démocratie a été mise à l’épreuve. Et se rappeler que cette démocratie, même en Amérique, n’est pas garantie. »À découvrir sur le site de POLITICO, l’histoire d’Howie Liebengood, un agent de police qui s’est suicidé après l’assaut du Capitole. En tout, quatre membres des forces de l’ordre qui ont fait face à la foule du 6 janvier se sont ôtés la vie dans les jours, les semaines ou les mois qui ont suivi. POLITICO nous raconte à quel point l’attaque du Capitole a servi de détonateur, révélé l’ampleur de la détresse psychique des forces de sécurité, leur niveau de stress post-traumatique 25 fois plus élevé que la normale et débouché sur un texte de loi sur-mesure. Ces dispositions ont permis de requalifier le suicide d’Howie Liebengood et de ses collègues policiers qui sont considérés depuis 2022 comme morts en service. Et leurs familles habilitées à recevoir les garanties financières et juridiques prévues par l’État américain dans ce genre de circonstances.À lire aussiÉtats-Unis: quatre ans après l’assaut du Capitole, des plaies toujours béantesL’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1èreÀ un peu plus de deux semaines du procès de son leader Rodrigue Petitot, le RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens) reste mobilisé contre la vie chère en Martinique.
Dans la capitale haïtienne, l’insécurité force des milliers de familles à fuir leur quartier, mais la tension immobilière empêche la majorité des déplacés de se reloger et les pratiques frauduleuses explosent.
« C’est un problème sérieux, relate un jeune homme croisé à Pétion-Ville par notre correspondant en Haïti, Peterson Luxama. La question du logement est devenue presque insoluble, extrêmement difficile. Une chambre que l’on pouvait louer autrefois pour 50 000 gourdes (environ 400 dollars américains), peut maintenant être proposée à 125 000 ou même 150 000 gourdes (entre 1 000 et 1 200 dollars). Et malgré ces prix exorbitants, il est souvent impossible d’en trouver une. »
Certains habitants de Port-au-Prince sont à la recherche d’une maison depuis plusieurs semaines, impossible à trouver en raison de la forte demande qui provoque une flambée des loyers.
« Nombreux sont ceux qui quittent une zone pour s’installer dans une autre, raconte un passant. Cela provoque une concentration dans les quartiers où ils arrivent, qui n’étaient pas aménagés pour accueillir autant de personnes. Les propriétaires en profitent pour doubler, voire tripler, les prix des maisons. »
L’argent, un casse-tête aussi pour Jeantel Lainé et sa famille, qui habitaient Nazon, un quartier pris d’assaut par les bandits armés. Aujourd’hui séparés, ils souhaitent se réinstaller, mais la hausse des prix du logement les freine.
« À dire vrai, je n’ai même pas cherché de logement, car nous n’avons pas suffisamment de fonds. Ces logements coûtent 2 000, voire 3 000 dollars américains. C’est impossible si vous n’avez pas quelqu’un pour vous aider. Avant, ma famille et moi vivions ensemble, mais maintenant, chacun est obligé de se débrouiller de son côté. »
Trouver un logement à Port-au-Prince est devenu un véritable parcours du combattant, en raison de la montée en puissance des gangs armés. Des communes comme Pétion-Ville et Delmas servent de refuge pour certains déplacés internes. Mais même ceux qui réunissent la somme demandée par les propriétaires se heurtent parfois à des refus. Les propriétaires hésitent à louer à des personnes venant de quartiers jugés dangereux, comme le souligne Wedson : « Parfois, le propriétaire hésite à louer sa maison, car il ne sait pas à qui il a affaire. Si vous êtes un jeune homme, c’est encore pire. Si vous êtes une jeune femme avec des tatouages, ils hésitent encore plus à louer. Et même si vous arrivez à louer la maison, cela reste dangereux, car vous pourriez être victime de violences à tout moment. On vous surveille constamment pour savoir de quelle zone vous venez, ou si vous êtes en fuite. »
Mais la crise du logement ne se limite pas seulement aux réticences des propriétaires à louer à des personnes inconnues. Carlin, journaliste photographe, décrit un autre phénomène inquiétant : « Il y a beaucoup de gens qui se font passer pour des courtiers et recherchent des maisons à louer sans que les propriétaires soient au courant. Ces courtiers identifient des maisons à louer et les publient sur internet. Par exemple, un propriétaire peut décider de louer sa maison à 2 000 dollars, mais le courtier, lui, en demande 2 500. Ensuite, pour qu’il vous fasse visiter la maison, vous devez payer des frais supplémentaires. À cela s’ajoute un pourcentage que le courtier exige si vous réussissez à louer la maison. »
Une situation qui reflète l’ampleur de la crise humanitaire à Port-au-Prince. Et pour beaucoup, la question n’est plus seulement de trouver un toit, mais de savoir s’ils pourront un jour retrouver une vie normale.
Du renfort pour la MMAS
La Mission multinationale d’assistance à la sécurité, censée soutenir la police haïtienne dans sa lutte contre les groupes armés, accueille 77 officiers guatémaltèques, qui sont arrivés il y a deux jours à Port-au-Prince à bord d’un avion américain, relate Le Nouvelliste. Ils viennent s’ajouter aux 75 soldats du Guatemala qui avaient atterri la veille en Haïti en compagnie de huit militaires du Salvador. La MMAS totalise à ce jour environ 700 personnes, un contingent encore loin des 2 500 membres qui devaient la composer à l’origine.
Un exemple parmi tant d’autres de l’insécurité qui demeure : la mort hier d’un jeune entrepreneur de 37 ans, Robenson Rendel, tué dans la cour de l’église Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le quartier de Delmas 75 à Port-au-Prince. Il a été abattu, rapporte Gazette Haïti, par des hommes à moto, un assassinat condamné par l’archevêque de Port-au-Prince qui fustige « un acte barbare qui ne témoigne d’aucun respect pour la vie humaine ni pour les lieux sacrés ».
À lire aussiUn nouveau contingent de 83 soldats étrangers vient renforcer la mission internationale d’appui à Haïti
Quatre ans après l’attaque du Capitole
Il y a quatre ans jour pour jour, le 6 janvier 2021, le Congrès américain était pris d’assaut par les partisans de Donald Trump, lors d’une journée particulièrement violente, qui restera dans l’histoire politique américaine. Quatre ans plus tard, en ce 6 janvier 2025 qui verra l’élection de Donald Trump certifiée sans incident, Joe Biden en personne a tenu à y revenir dans une tribune publiée par le Washington Post. « Après ce que nous avons vécu ce jour-là, en 2021, on sait qu’il ne faut plus rien prendre pour acquis, écrit le président sortant. Nous devons être fiers de notre démocratie qui a survécu à cet assaut, mais nous ne devons pas l’oublier, malgré le mouvement permanent qui cherche à réécrire, voire à effacer, l’histoire de cette journée. » Joe Biden rappelle à ses lecteurs que des milliers d’insurgés ont grimpé les murs du Capitole, brisé les fenêtres et abattu les portes. Il évoque aussi les policiers frappés, traînés au sol, assommés ou piétinés. « Il faut, conclut l’encore locataire de la Maison Blanche, s’engager à se rappeler du 6 janvier 2021. Se rappeler d’un jour où notre démocratie a été mise à l’épreuve. Et se rappeler que cette démocratie, même en Amérique, n’est pas garantie. »
À découvrir sur le site de POLITICO, l’histoire d’Howie Liebengood, un agent de police qui s’est suicidé après l’assaut du Capitole. En tout, quatre membres des forces de l’ordre qui ont fait face à la foule du 6 janvier se sont ôtés la vie dans les jours, les semaines ou les mois qui ont suivi. POLITICO nous raconte à quel point l’attaque du Capitole a servi de détonateur, révélé l’ampleur de la détresse psychique des forces de sécurité, leur niveau de stress post-traumatique 25 fois plus élevé que la normale et débouché sur un texte de loi sur-mesure. Ces dispositions ont permis de requalifier le suicide d’Howie Liebengood et de ses collègues policiers qui sont considérés depuis 2022 comme morts en service. Et leurs familles habilitées à recevoir les garanties financières et juridiques prévues par l’État américain dans ce genre de circonstances.
À lire aussiÉtats-Unis: quatre ans après l’assaut du Capitole, des plaies toujours béantes
L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère
À un peu plus de deux semaines du procès de son leader Rodrigue Petitot, le RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens) reste mobilisé contre la vie chère en Martinique.
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