Que serais-je demain : un homme ou un monstre?

Que serais-je demain : un homme ou un monstre?

Je sais que ce jour viendra où mon masque finira par tomber. Cette allure hypocrite que tout roule comme sur des roulettes, ce visage au regard malvoyant, au sourire moqueur et avec la mine prétentieuse, tous ne peuvent se substituer éternellement à l’original. Demain, je sais que la façade sera vaincue. Je sais que le véritable moi sera enfin révélé. Mais je ne sais point s’il sera un homme ou un monstre.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

J’ai fini par comprendre que des fois, il suffit de s’accrocher à une chose pour plonger dans l’utopie que tout va bien, que son monde est merveilleux comme il est. On est en constante interraction avec des choses qui pourtant ne constituent pas notre réalité. Par faute de science ou de conscience, la cécité nous rend étranger à notre propre réalité. On se croit homme voire Dieu. L’irréel est perçu comme réel et l’anormal règne normalement.

Soudain, vanité des vanités tout n’est que vanité. Ce fil auquel on s’accroche se casse et plonge toute notre existence dans la lumière. On prend d’abord un temps pour comprendre qu’on est nu. On prend toujours un temps pour penser que c’est un cauchemar. Et des fois, on ne prend jamais assez de temps pour toucher le fond et rebondir. Dans ce cas, on reste ce que l’on était et la cécité perdure.

Cette éphémérité (le fil) peut être n’importe quoi, Un pouvoir, une sécurité (sociale, économique), un travail, des relations, etc. Elle est ces lunettes à travers lesquelles nous percevons les choses et oublions souvent de les enlever pour voir ce qui est vraiment réel. Elle est si influente qu’elle se fond à notre pensée et nous prive même des fois du droit de jouir de notre libre arbitre. Pourtant, manipulé, on se sent libre et intelligent. On peut facilement être confortable dans l’inconfortable.

Mon fil s’est cassé et je plonge. Je n’étais pas totalement possédé par l’illusion mais, j’avais assez de paix d’esprit pour prouver que j’étais confortable. Peut être parce que je savais que mon fil n’était pas assez résistant, souvent je me demandais ” Que serais-je s’il adviendrait qu’il se casse? “. Dans ma chute je réalise que des fois j’étais moi-même et des fois un autre. Je me demande si j’étais une fois celui que je devrais être?

Qu’est-ce que je serai demain? Serais-je conscient de mon état ou serais-je rongé par la dépression? Demain, quand j’aurai à rebondir, serais-je un homme ou un monstre? Peut être homme pour certains et monstre pour d’autres. Peut être que j’ai toujours été un monstre et que ma vraie nature va enfin faire surface. Je pense donc j’existe. Est-ce que je ne pensais pas avant? Est-ce que je n’existais pas avant? Est-ce parce que je suis libre maintenant?

Je me demande que serait la Première République Noire si l’esclave affranchi s’accrochait à cette éphémérité? Je me demande que serais-je, s’il n’avait pas choisi de vaincre l’inconfortable en sacrifiant le confort? Que serait-on s’il n’avait pas choisi d’être monstre pour certains, homme pour d’autres et par dessus tout humain pour tous? Je me demande et me demande pourquoi me demander, je ne faisais pas ça avant.

Demain, quand ton déguisement ne sera point, serais-tu un homme ou un monstre? Et si ton masque ne tombe jamais, saurais-tu si tu es un homme ou un monstre? Combien de façades doivent s’écrouler pour que l’on puisse commencer à penser si l’on pense réellement? ” Cogito ergo sum “. Est-ce que tu existes?

ARISTILDE Deslande

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