Dans un camp de réfugiés pour les personnes ayant fui El-Fasher pour Al-Dabba, dans le nord du Soudan, le 13 novembre 2025. AFP Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a ordonné, vendredi 14 novembre, à une mission d’établissement des faits d’enquêter d’urgence sur les violations présumées du droit international commises à El-Fasher, au Soudan. La

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a ordonné, vendredi 14 novembre, à une mission d’établissement des faits d’enquêter d’urgence sur les violations présumées du droit international commises à El-Fasher, au Soudan. La mission a été chargée d’« identifier, lorsque cela est possible », les auteurs présumés afin de garantir qu’ils « répondent de leurs actes » devant la justice.
En ouverture d’une session extraordinaire réclamée par le Royaume-Uni, conjointement avec l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas et la Norvège, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé l’inaction de la communauté internationale et prévenu les auteurs d’exactions qu’ils devraient rendre des comptes.
« Des traces de sang au sol à El-Fasher ont été photographiées depuis l’espace », a rappelé Volker Türk, estimant que « la tache sur le bilan de la communauté internationale était moins visible, mais non moins destructrice ». « Mes équipes rassemblent des preuves de violations qui pourraient être utilisées dans le cadre de poursuites judiciaires (…) La Cour pénale internationale a indiqué qu’elle suivait la situation de près », a poursuivi M. Türk, prévenant : « Tous ceux qui sont impliqués dans ce conflit doivent le savoir : nous vous surveillons et justice sera faite. »
Après dix-huit mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée régulière soudanaise depuis avril 2023, ont pris le contrôle le 26 octobre d’El-Fasher, ville située au Darfour, une région de l’ouest du Soudan déjà ensanglantée dans les années 2000. Depuis, des survivants décrivent massacres, violences à caractère ethnique, enlèvements, viols et agressions sexuelles. L’ONU, comme des organisations humanitaires, ont relayé ces accusations qui ont été rejetées comme des « calomnies » par un responsable des FSR sollicité par l’Agence France-Presse.
« Risque de génocide »
Le texte sur la mission d’enquête a été adopté par consensus, bien que plusieurs pays, dont le Soudan, se soient désolidarisés de paragraphes élargissant le champ de l’enquête. L’ONU estime que près de 100 000 personnes ont fui El-Fasher ces deux dernières semaines, beaucoup se réfugiant à Tawila, à une cinquantaine de kilomètres plus à l’ouest.
« Elles racontent des horreurs inimaginables vécues avant et pendant leur fuite », a rapporté le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vendredi, faisant état d’enlèvements contre rançon, de vols, de recrutements forcés et de sévices sexuels. « Des centaines de femmes et de filles ont été violées (…) le long des itinéraires de fuite, y compris en public, sans crainte de représailles ni de poursuites », a notamment raconté Mona Rishmawi, de la mission d’établissement des faits indépendante de l’ONU sur le Soudan, lors de la session de vendredi.
Adama Dieng, envoyé spécial de l’Union africaine et conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide, a averti que « le risque de génocide existe au Soudan, il est réel et s’accroît chaque jour ». L’ambassadeur du Soudan, Hassan Hamid Hassan, a condamné de son côté les Emirats arabes unis, que l’armée accuse de soutenir militairement et logistiquement les RSF.
Jamal Jama Al Musharakh, l’ambassadeur des Emirats − qui nient tout soutien aux RSF −, a critiqué vendredi les deux belligérants, accusant en particulier l’armée d’« attaques aveugles contre des marchés, des villages et des hôpitaux, en pleine famine, tout en ignorant les appels internationaux à un cessez-le-feu ».
Le projet de résolution examiné vendredi « condamne toute forme d’ingérence extérieure qui alimente le conflit ».
Le Soudan est ensanglanté depuis deux ans et demi par une lutte pour le pouvoir opposant l’armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane aux FSR de son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo. Les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l’ONU.


Taux de change






Leave a Comment
Your email address will not be published. Required fields are marked with *