La violence des gangs en Haïti s’intensifie, avec des affrontements meurtriers à Kenscoff ayant conduit à la mort de trois soldats. Les attaques récentes et des évasions massives en prison alimentent la crise, forçant des familles à fuir. Le secrétaire général de l’ONU avertit d’un « effondrement imminent » de l’État à Port-au-Prince.
La spirale de violence gangrénant Haïti s’est illustrée une nouvelle fois de façon sanglante. La zone de Kenscoff, en périphérie de la capitale, est depuis plusieurs jours le théâtre d’intenses affrontements entre les forces de l’ordre haïtiennes et la coalition de gangs baptisée « Viv Ansanm »abcnews.go.com. Dimanche, au moins trois soldats des Forces armées d’Haïti ont été tués dans une embuscade tendue par des hommes lourdement armés, ont confirmé les autorités haïtiennesabcnews.go.com. D’après des médias locaux, un convoi militaire de renfort, circulant dans un véhicule non blindé, a été pris pour cible alors qu’il se rendait dans une zone de conflit à Kenscoffabcnews.go.com. Des images amateur partagées sur les réseaux sociaux montreraient des militaires en treillis extrayant des corps d’un transport de troupe, illustrant la violence de l’attaque. Ces pertes portent à huit le nombre de membres des forces de sécurité tués ce mois-ci dans la lutte contre les gangs, selon un haut gradé contacté sur place (chiffre non confirmé officiellement).
Cette flambée de violence intervient alors que le pays sort à peine d’un autre choc sécuritaire : il y a une semaine à Mirebalais (centre), des gangs armés ont mené un raid spectaculaire contre la ville. Lors de l’attaque, plus de 500 détenus de la prison locale ont été libérés de force, dans ce qui constitue la cinquième évasion de masse en moins d’un an en Haïti. Ce coup de force, revendiqué par le réseau criminel « Vivre Ensemble », s’inscrit dans une stratégie visant à élargir l’emprise territoriale des gangs, démanteler les institutions pénitentiaires et semer la terreur parmi la population, d’après les autorités. En représailles, la Police nationale d’Haïti (PNH) a annoncé avoir « neutralisé » une trentaine de bandits dans la zone, mais de nombreux membres du gang restent actifs et continuent de menacer les habitants, poussant des familles entières à fuir vers d’autres communes.
Plus globalement, la crise sécuritaire atteint des niveaux inédits. D’après un rapport que le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a remis au Conseil de sécurité, 2 660 personnes ont été tuées de décembre 2024 à février 2025 en Haïti (dont 323 femmes et 74 mineurs), soit près de 29 morts violentes par jour. Ces violences extrêmes dépassent largement les capacités de la PNH, dont l’effectif et les moyens sont épuisés. M. Guterres alerte même sur un « effondrement imminent » de la présence de l’État dans la capitale Port-au-Prince si rien n’est fait pour juguler les gangs. Les statistiques onusiennes font également état de 1 086 homicides supplémentaires sur les seuls mois de février et mars derniers, plus de 60 000 personnes déplacées de force sur cette même période, venant s’ajouter au million de déplacéscumulés fin 2024. La panique gagne ainsi la population civile, qui s’organise parfois en comités d’autodéfense informels pour protéger quartiers et familles face à des bandits lourdement armés. Dans les rues de la capitale, la frustration est palpable : ces derniers jours, plusieurs milliers de citoyens ont manifesté pour réclamer des mesures de sécurité plus efficaces. Certains politiciens tentent de capitaliser sur ce climat de peur pour contester le pouvoir en place, attisant encore davantage les tensions.
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