Haïti : l’éducation relative à l’environnement, une nécessité pour les gouvernants…

Haïti : l’éducation relative à l’environnement, une nécessité pour les gouvernants…

Pour la première fois, Haïti a tenu les 26 et 27 octobre 2007, à l’hôtel Montana (Pétion-Ville) son premier forum sur l’Éducation relative à l’environnement (ERE) en milieu scolaire. Une activité qui visait à rassembler les principaux acteurs de l’ERE dans le pays pour permettre d’échanger autour de la problématique liée à la protection de l’environnement. Ce dialogue s’est déroulé en présence de représentants du milieu scolaire puisque le fil conducteur des discussions était le défi de l’insertion de l’ERE dans les pratiques d’enseignement. On est en droit de se poser la question, 11 ans après, où en sommes-nous avec cette initiative ? Coup d’œil sur ce forum…

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

La conception et la mise œuvre du forum ont été assurées par le Groupe d’action francophone pour l’environnement (GAFE), de concert avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), du ministère de l’Environnement (MDE) et l’Unicef. Durant deux jours, plus d’une centaine de représentants et de représentantes de la société civile, du monde associatif, des groupes environnementaux, des organismes de coopération internationale, des ministères et du monde scolaire, ont réfléchi sur les enjeux et les moyens de la promotion de l’ERE en milieu scolaire. Les échanges collectifs de la première journée ont été soutenus par la présentation d’expériences haïtiennes réussies en matière d’éducation citoyenne. Quant à la deuxième journée, elle fut principalement consacrée à des travaux en ateliers qui ont permis aux participants de s’exprimer sur divers aspects de la thématique du forum. La synthèse de ces discussions aurait permis de dégager des pistes de travail dont un comité a été chargé d’assurer le suivi.

Constat. Le suivi peine à être visible. Et, après plus d’une décennie de la réalisation de forum, les avancées sont mi-figue, mi raisin. Rien de concret n’est toujours fait par les gouvernants pour faire la promotion de l’ERE en milieu scolaire. L’on peut, cependant, reconnaître la lutte incessante de certains organismes œuvrant dans le domaine environnemental pour l’effectivité de l’ERE dans les écoles. Ce n’est que le Président Jovenel Moïse dès son arrivée à la magistrature suprême de l’État qui passe instruction aux responsables du MENFP d’intégrer un cours de « Reboisement », différent de l’ERE bien sûr, dans le cursus des élèves. Peut-on, en effet, attendre d’ici le mois de septembre 2018 l’opérationnalisation de cette décision ? Une question qui doit être répondue par les responsables de l’État.

À cet effet, le MENFP, MDE, d’autres instances de l’État et également des organismes de la société civile doivent bosser dur sur la mise en branle de cette mesure annoncée par le président de la République. L’on doit faire remarquer au passage que cela est fonction des véritables politiques publiques en matière environnementale. Ainsi, toute décision à prendre doit inclure les indubitablement les collectivités territoriales (mairie, Casec, lAsec et délégués de ville), et même les Organisations communautaires de base (OCB).

Pour ce qui est de l’ERE, un auteur connu sous le nom de Janse van Rensburg (1994) a mis en avant quatre orientations de l’éducation relative à l’environnement. Il s’agit des orientations positiviste, interprétative, critique et réflexive.

L’orientation positiviste est caractérisée par la transmission de connaissances au sujet de l’environnement qui sont diffusées par des experts que l’on ne peut contester (Boutet, 2000). L’objectif est ici d’arriver à résoudre des problèmes environnementaux en changeant les comportements : « On croit qu’un changement social peut être géré de façon ordonnée et que le changement global de comportement qui tente de résoudre la crise environnementale va rétablir un ordre inné présumé dans la société et la nature. » (Janse van Rensburg, 1994, p. 8)

L’orientation interprétative, quant à elle, considère l’apprenant comme ayant un rôle actif à jouer; il est mis en relation avec le milieu dans le but de développer une compréhension des enjeux environnementaux. L’accent est mis sur la résolution de problèmes pratiques soulevés suite à l’expérience des intervenants du milieu (Boutet, 2000).

L’orientation critique prône l’action pour l’environnement et l’émancipation sociale. Les apprenants questionnent et reconstruisent leurs savoirs au sujet des questions environnementales (Boutet, 2000). L’exercice de la pensée critique des apprenants est nécessaire pour clarifier leurs propres positionnements et ceux des autres à l’égard des réalités socio environnementales (Ouellet, 1994).

L’orientation réflexive voit l’apprentissage comme un processus non linéaire et non individuel. L’apprentissage doit être stimulé par les interactions et le dialogue pour mener vers une réflexion. L’ERE suppose une recherche de solutions aux problèmes environnementaux dans une perspective collaborative et réflexive (Janse van Rensburg, 1994).

Haïti doit passer de la parole aux actes. Cesser d’organiser des colloques dans les hôtels sans finalité aucune, mais de concrétiser toute action entreprise. Ce, pour le bien-être de la population haïtienne…

Therno N. A. Senelus

Haiti 24
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